Yelle ✖︎ Les Passagers du Zinc ✖︎ Avignon

C’est toujours insolite de savoir que l’une des icônes d’un mouvement hype est de passage dans le Vaucluse. Et pourtant, la sautillante et colorée Yelle faisait escale aux Passagers du Zinc d’Avignon le 17 Novembre 2007. Une surprise qui en cachait une autre, la bretonne partageait l’affiche ce soir-là avec le mythique Dj Zebra, pour l’une de ses dernières représentations en tant que DJ.

Ce soir c’est Yelle qui attaque la première. Premier constat: le public est jeune, et les accoutrements sont un peu plus colorés qu’à l’habitude dans cette salle. Les vauclusiens se sont déplacés ce soir, même si les Passagers du Zinc n’affichent pas complet. Les lumières s’éteignent, et la demoiselle déboule sur scène accompagnée de GrandMarnier à la batterie (producteur, et accessoirement compagnon de Yelle) et de Tepr aux machines (qui s’avère être un très bon artiste solo). Et là, soulagement: c’est bel et bien live, pas de playback, avec des morceaux adaptés à la scène. De retour d’un périple européen en première partie de la superstar Mika, la formation live couleur fluo exécute rapidement le hit qui a fait connaître la belle, le bien connu « Je veux te voir« , perçu par beaucoup comme la réponse féminime au « Girlfriend » de TTC. Les paroles sont scandées, quelques âmes pures de 14 ans ne doivent pas comprendre la moitié des paroles crues et bourrées de sous-entendus, mais qu’importe, ce soir ça danse, ça saute, bref, l’ambiance est bonne. Les titres de « Pop-Up » (« Ce jeu« , « Mal poli« …), l’unique album de Yelle, s’enchaînent, jusqu’à la fameuse reprise d' »A Cause des Garçons » (illustré dans une version alternative par une vidéo de danseurs « tecktonik »), où la frontwoman demande « s’il y a bien un danseur de tecktonik dans la salle« … Seulement un valeureux ose lever la main, la poignée d’autres n’assumant pas leur délire devant un public pas tout à fait adepte, et c’est bien là qu’on remarque le gouffre entre les grandes agglomérations et les plus petites villes en matière de hype. Bien leur a pris, car le courageux en question commence à être la cible de pogo pendant la chanson (véridique, et tellement hilarant), pogos qui ne s’arrêteront pas avec la retraite de ce pauvre danseur, ce qui provoque la colère de la plupart des « gamines » – d’un autre côté, pogoter sur du Yelle, faudra m’expliquer les gars. A la chanteuse de rajouter entre deux titres : « sur ma musique on saute verticalement, pas sur les autres, vous avez fait mal à la nénette devant« … Petite nature, va ! Le rappel arrive déjà, et on a droit à une version rock (!) de « Je veux te voir« . Pourquoi pas. Quarante minutes montre en main, une bonne prestation, risible par moment, mais trop courte.

A mon grand étonnement, un public plus âgé surgit sur ce dancefloor atypique pour l’entrée de Dj Zebra, affublé d’un masque à l’éffigie de Dark Vador, qui lance un énorme remix du titre « J’arrive » de JoeyStarr confronté à la marche impériale de Star Wars, avec grand renfort de basse et beat du « Da Funk » de Daft Punk. Pas de doute, ce gars-là va faire bouger les plus frileux ! Et les hits vont être nombreux : de Noir Désir à Blur, en passant par les Rolling Stones et Justice, l’ex-bassiste de Billy Ze Kick (vous vous souvenez de « Mangez-moi dans les 90’s ? C’est eux !) arrive à motiver un auditoire plus enthousiaste à chaque morceau. Notamment avec les Rita Mitsouko et le titre « Andy« , prouvant que la musique de Fred Chichin n’est pas prête de passer aux oubliettes. L’auteur des sessions Zebramix taquine le public et n’hésite pas à empoigner sa Fender et pousser la chansonnette pendant que le disque tourne (« When I feel heavy metal, wouhou !« ), et achève en une heure et demi les plus excités, avec des confrontations Dionysos/Mickael Jackson et Katerine/Boney M./Nirvana/Blur. Imparable ! Je pourrais dire « je l’ai vu« , en espérant que son prochain projet sera tout aussi réussi.

En conclusion, une soirée agréable, prestation sympathique du phénomène Yelle, balançant son electro-pop avec fraîcheur et bonne humeur, et énorme show du mythique Dj Zebra, intenable et très enthousisaste. Quant à la salle des Passagers du Zinc, même en dehors des fameux remparts de la Cité des Papes, elle semble être protégée d’immonde mouvement (cf. la tecktounique).