Flogging Molly ✖︎ Maroquinerie ✖︎ Paris

Et voilà, encore une fois j’arrive à la bourre à un concert à cause de mon taf. Qui aurait dit que monter une secte à la gloire de ma modeste personne était aussi accaparant? Ce soir, ce sera mon premier concert de Flogging Molly. Le groupe a une solide réputation scénique, et même si ce que je connais de leur musique (le dernier album en date, « Float« , plus une poignée de chanson) est plutôt sympathique, je ne compte pas me départir du légendaire esprit critique qui est l’apanage des illustres membres de VisualMusic. D’ailleurs, avant de venir, je me suis relu quelques chroniques de theghostchild pour bien avoir en tête les fondamentaux de l’objectivité journalistique.

Bref, me voici à l’entrée de la Maroquinerie. Je tente de me frayer un chemin entre les rudeboys à rouflaquettes et les celtic punk avec rangers aux pieds et chemise à carreau. L’un d’entre eux, visiblement désemparé tente vainement d’acheter un billet à l’accueil, qui annonce que le concert est complet. Je récupère mon sésame obtenu à la dernière minute (merci Anne-Claire!), me commande une bière, ce qui me prend un bon quart d’heure (étonnant, cette irrépressible attirance des punks pour la bière…), et direction la salle. J’assiste aux 3 derniers morceaux du set de Pepper, trio hawaïen énergique qui fait la première partie de Flogging Molly ce soir. De ce que j’entends, c’est de la fusion à la Red Hot avec de grosses influences reggae. Pourquoi pas.

Les lumières s’allument, et je remarque que le public présent a l’air plus habitué aux concerts festifs qu’aux concerts de punk. En tous cas, ils font vachement moins fun que les gars que j’ai croisés en haut et au bar. La régie met du son ska/reggae puis folk festif à la texane pour faire patienter. La salle se remplit, faisant progressivement monter la tension. Un roady teste un a un les instruments. La foule scande « Flogging Molly » en tapant des mains de plus en plus fort. Les lumières se tamisent progressivement, pendant que le son des enceintes augmente petit à petit, sur « Hey Ho Let’s Go » des Ramones puis Baba O’Reilly des Who. Une fois la pénombre installée, les Irlandais arrivent, accompagnés d’une lumière bleu. Ils se présentent à 6 sur le devant de la scène arborant fièrement violon, accordéon, banjo et autre mandoline électrique, avec le batteur derrière.

On commence par « Paddy’s Lament« , qui déclenche immédiatement le premier des innombrables slams qui auront lieu durant le set des Flogging Molly, qui enchainent avec des chansons très rythmées n’hésitant pas à faire sonner des riffs bien électriques, comme sur « Requiem for a dying song« . Le groupe affiche clairement ses intentions en ce début de concert: mettre le feu à la salle. Le bassiste pointe les personnes du public éloignées de la scène pour les inviter à se rapprocher. Entre 2 morceaux, le chanteur entame sa première Guiness en affirmant que c’est son petit-déjeuner, en français dans le texte. Globalement, l’ambiance est à la bonne humeur, fait des vannes, et affirme être heureux de voir des roux dans le public. Perso, ça m’a plutôt effrayé de voir autant de représentants de cette engeance maudite…

Il fait une chaleur insoutenable dans la Maroquinerie. Du coup, après avoir fait pogoter le public pendant une bonne demi-heure, les Flogging Molly prônent le retour au calme avec la balade folk « Whisle in the wind« . Le chanteur tient a faire passer un discours de paix entre catholiques et protestants irlandais, très applaudi, avec que résonne une intro au banjo reconnue par tous: « Drunken Lullabies » ! Des drapeau irlandais fleurissent un peu partout dans le public. Il y a de gros mouvements de vagues, et c’est un joyeux bordel dans la fosse. Aucun répit n’est consenti après ce moment de folie, le groupe enchaines des titres très rapides comme « Selfish man » ou « Tobbaco island » et son excellent solo de violon. Le chanteur continue sa binouze bien qu’elle soit « warm and horrible like an englishman« .

Allez, on reprend avec la chanson Float pour souffler un peu, bien que celle-ci soit légèrement plus dynamique que sur l’album. La violoniste troque son violon pour flute à bec le temps de trois titres endiablés, avant de reprendre son instrument de prédilection pour un Lightning storm dedicacé à G.W. Bush, « this weird guy with funny ears, but not like prince Charles« . Déjà une heure et demi de concert, je suis crevé. Ces Irlandais sont infatigables. Le chanteur prend le temps de remercier le public présent d’être venu en si grand nombre, et il nous dédicace « If I ever leave this world alive » (Eh oui Jye, tes prédictions furent exactes!).

C’est vrai qu’à bien y réfléchir je n’ai jamais vu autant de monde à la Maroquinerie. Et clairement, je n’ai jamais vécu une ambiance pareille. C’est bon esprit, ça bouge beaucoup, et c’est du friendly pogo. Il y a une vrai émulation entre le groupe et son public, qui connait toutes les chansons. Comme si les albums ne servait finalement qu’à profiter au maximum des concerts du groupe. Bizarrement, en tant que néophyte, on se sent comme mis à l’écart, mais terriblement désireux de participer à cette communion irlandaise.

Ah, bah pendant que je pense à tout ça, le groupe s’en va et le chanteur revient seul pour le rappel. Il interprète « Black friday rule » seul avec sa guitare, avant que ses camarades reviennent pour une fin de chanson explosive. Quelques chansons à cent à l’heure et le concert se termine sous les hourras de la foule.

Faudrait que je fasse plus de concerts comme ça. Sérieux, j’ai dû perdre au moins 5 kilos à ce concert, un peu plus et je perds mes abdos Kro!