Interview ☭ As We Draw

En à peine deux EP et un album signé chez les petits malins de Throatruiner Records, As We Draw s’est constitué une solide fan base. Tout ceux qui ont pu les voir en concert sont restés bouche bée devant la puissance du trio, et l’attente entourant chacune des sorties du groupe se fait de plus en plus pressante. Nous les avons rencontrés à l’occasion de leur chouette concert avec Narrows au Point FMR. Interview en espace confiné à bord d’une C4 Picasso – eh ouais, on est comme ça chez VisualMusic.

Salut ! Pour commencer, une petite présentation chacun votre tour ?
Amaury (batterie) : Salut, je m’appelle Amaury Sauvé, je fais de la batterie depuis 1998 avec mon frère Quentin, on a joué dans plusieurs groupes dont notamment As we Draw (anciennement Hard Off hearing), The Brutal Deceiver avec lequel on a fait une tournée en avril, et au sein d’Hourvari, un projet commun avec les Bird In Row et Puzzle. Je suis ingénieur du son, j’ai mon propre studio à Laval – le studio la Senelle – c’est mon travail à plein temps et j’espère gagner ma vie un petit moment avec ça.

Quentin (chant/guitare) : Je suis Quentin, le frère d’Amaury. Je suis donc de Laval, je joue dans As We Draw, The Brutal Deceiver, Hourvari avec lui; j’ai également un projet avec notamment Matthias de Throatruiner Records qui s’appelle Calvaiire et j’ai également un projet folk solo qui s’appelle Throw Me Off The Bridge. A côté de ça, je fais les lights pour des groupes, pour me faire un peu de sous.

Pierre (basse) : Je m’appelle Pierre, je suis clerc de notaire et accessoirement je suis bassiste de As We Draw et j’ai d’autres projets musicaux à coté, dont un groupe acoustique avec un pote. Je dépanne en ce moment The Brutal Deceiver à la gratte, l’ancien guitariste s’est barré et donc je le remplace pour la promotion de l’album et plus si affinités.

Vous avez sorti un premier album en 2010, Lines Breaking Circle, qui a reçu un bon paquet de critiques élogieuses (dont celle de VisualMusic). Avez-vous senti ce retour positif ?
Amaury: Oui, on a eu pas mal de chroniques grâce à Matthias qui faisait la promo à fond, et c’est vrai que c’était vraiment positif.

Pierre: On n’a pas eu de critique négative, en fait.

Amaury: Pour le split (avec Hexis & Euglena, ndr) on a eu des retours plus mitigés mais c’était surtout l’homogénéité du disque qui était pointée. Les chroniques négatives utilisaient les mêmes arguments pour nous détruire que les critiques positives pour les éloges pour décrire notre musique, c’était assez marrant à lire.

Quentin: En concert on sent beaucoup plus les retours.

Amaury: Là où on est impressionné, c’est qu’on ne fait pas grand-chose avec As We draw. On sort des disques, on répète régulièrement mais pas si souvent, on fait peu de concerts… mais on a beaucoup de gens qui nous suivent ! On a vraiment la sensation que les gens accrochent à notre groupe comme si on avait fait bien plus que ce que l’on fait réellement. On poste jamais rien de neuf sur notre page Facebook et pourtant tous les deux trois jours il y a de nouvelles personnes qui nous suivent.

Quentin: On a eu de l’actu récemment parce qu’on a repressé le premier album. Mais c’est tout. On ne s’est pas laissé le temps pour faire de nouvelles choses, on essaye en ce moment, on s’y remettre à fond pour le second album

Amaury: Récemment on a mis une photo de répète pour annoncer qu’on se mettait à composer et tout de suite, il y a eu plein d’attente alors qu’on est encore loin de la phase «Enregistrement». On a même pas la moitié des chansons de composées, on ne sait pas encore de quoi ça va parler, mais c’est très agréable et ça motive beaucoup.

Entre vos projets solo chacun de votre côté, comment arrivez-vous à vous organiser, notamment pour garder de l’inspiration ?
Quentin: On n’a pas de solution miracle, on programme les répètes quand on peut, au cas par cas.

Amaury: On se rend compte que si on fait une seule répète comme ça, c’est super dur de relancer la machine niveau créativité. Il faut avoir au moins deux répètes consécutives dans la même semaine pour se remettre dans le bain.

Pierre: Ça pourrait être pire. Là on est trois: Quand on se met à composer, on a chacun nos instrus, nos idées, c’est plus simple niveau création que lorsqu’on était cinq (ndr, dans Hard Off Hearing). C’est assez particulier pour moi, j’ai un rythme différent de celui de Quentin et Amaury: j’ai un taf 5 jours sur 7, des horaires bien fixes. Quand les gars me font sentir qu’ils sont dispo pour As We Draw, je m’y mets à fond et je laisse un peu de côté mes autres projets.

Amaury: En plus on essaye de composer en répète, d’amener moins de choses de l’extérieur pour construire les morceaux vraiment à trois. Ça donne des morceaux plus longs et plus progressif; et aussi d’autres plus courtes et instinctives. Ce soir, on va jouer deux-trois morceaux de l’album en version instrumentale, il y en a un qui en tout fait 14 minutes et un autre de 2 minutes 30. C’est assez hétérogène. On essaye de pousser les extrêmes plus loin que ce que l’on a fait jusque-là, que ce soit en termes de dynamique, de violence, d’émotion et en termes de structure.

Ces morceaux longs se rapprochent de ce que vous avez pu faire avec Hourvari ?
Amaury: Pas du tout. Hourvari c’est hypnotique dans le sens où c’est monolithique, droit, sans complexité particulière, tout le fil suit de lui-même. Dans As We Draw, on essaye de se mettre des bâtons dans les roues rythmiquement et harmoniquement. C’est beaucoup plus basé sur l’improvisation et sur un côté intellectuel de la musique même si après on essaye de faire en sorte que ce soit accessible. En tant que musicien on prend plus de plaisir à jouer des choses un peu complexes.

Essayer de créer du déséquilibre pour interpeler, c’est ce qu’on peut retrouver chez The Dillinger Escape Plan

Amaury: Oui, ou dans The Mars Volta, Meshuggah ou Breach. On écoute de plus en plus de choses différentes tous les trois. Perso, tous les groupes que j’enregistre au studio m’amènent des choses auxquelles je ne me serais jamais confronté sinon, et ça me donne envie d’essayer plein de nouvelles choses. On essaye d’aborder les choses de manières globale et pas juste chacun sur son instrument. Il y aura un gros travail au niveau du chant, pour qu’on chante tous les trois et surtout pour que Quentin de soit pas le seul à se taper tout le boulot avec son sampling; Pour qu’il y ait 3 voix et pas un lead et 2 choeurs.

Il y a quelque temps, j’ai vu Bart de Bird In row qui m’avait semblé regretter de pas pouvoir se caler avec vous pour reprendre Hourvari.
Quentin: C’est vrai que pour Hourvari c’est la grosse galère pour se choper. On a un concert de prévu à Laval qui va permettre de relancer un peu le truc. En plus ça tombe en même temps que la sortie en vinyl du deux titres qu’on avait fait il y a presque 2 ans.

C’est quoi le truc qui fait de Laval la ville qui sort des groupes de oufs ces temps-ci ?
Quentin: A Laval, il y a une école qui s’appelait Créa’Zik, une école de musique sans solfège ou il y avait des cours de groupes. Le mec qui gérait la structure, David Tessier, était là pour aider à construire les morceaux avec nous. Ce gars-là a appris la vie de groupe de musique à toutes les personnes que tu retrouves dans les différents groupes que tu cites. Du fait de répéter au même endroit, ça a créé un petit réseau. Même si les groupes ne sont plus les mêmes, on est tous resté à jouer, et ça a donné aussi bien Bird In Row qui tourne aux États-Unis que Archimède qui remplit bien les salles partout en France.

Amaury: David Tessier et Christophe Chaval ont créé un lieu qui a aimanté la passion de la musique. Toutes les personnes que je connais qui sont passé par cet endroit sont encore liées à la musique. C’est grâce à cet endroit que j’ai maintenant mon propre studio, que Quentin a désormais 5 groupes et fait des lights, qu’on essaye de sortir des disques, faire des tournées et pas juste répéter dans notre garage. Laval a un passé et un présent très rock’n roll, il y a eu une exposition, tout un festival et même un livre retraçant ce lien. C’est vrai qu’on a du mal à imaginer ça d’une petite ville qui ne ressemble à rien avec ses 50 000 habitants et des illuminations de Noel… Mais on se serre les coudes comme on peut entre pourrisseurs du milieu musical Lavallois ! D’ailleurs, s’il y a un groupe à surveiller de près, c’est We are in the country: ils ont la vingtaine, ils partent déjà en tournée dans les pays de l’Est, ils sortent des disques en DIY en prix libres. Bien hargneux, influencés par Loma Prieta et compagnie… A suivre de très près.

Merci à As We Draw de m’avoir laissé le siège passager de leur limousine de luxe !