Bilan 2011 : Une année de mauvaises érections.

Ami du zine tout rouge, te voilà en fin de parcours annuel, et tu restes planté devant ce 2012 dressé tel un sexe turgescent en te demandant : qu’ai-je bien pu branler en douze mois ? Tu nous épargneras sans aucun doute tes confessions habituelles de maladies honteuses attrapées en vacances de Toussaint à la Baule avec ta cousine de quinze ans (qu’en fait maintenant, tu regardes d’un autre œil, la petite cochonne). Il se peut même que tu ne pipes mot des vannes d’avril que tu as fait subir à ton entourage professionnel, qui a réagi au bon vieux truc de la biffle insistante sur le combiné des trente-six téléphones de ton service par un confinement immédiat et à durée indéterminée dans le même bureau que Francis, l’habitué du Big Bear Club qui, depuis sa rupture avec TGC, se frotte à la jambe de tout ce qui passe à sa portée.

Mais non, tu vas rester sage et rester dans une perspective musicale. Et on t’en remercie. On te remercie tellement qu’on a décidé de te griffonner, à la hâte, comme ça, sur un coin de table, notre bilan de l’année, qui est comme toujours ton guide absolu pour jeter un regard en arrière (oui oui, au même moment où tu sens une présence pressante dans ton dos. Tout arrive à point à qui se fait surprendre).

Déjà, on s’est tous mis sur le fait que 2011 n’avait guère suscité l’érection (peu importe le sexe) d’un point de vue discographique. Pas d’hyper-révélation ou de coup de cœur à s’en faire trancher en rondelles, c’est plutôt en live qu’on s’est marrés, et c’est un peu le reflet des conditions financières dans la musique en général.

Dans le besoin de tourner comme des dingues pour pallier à l’effondrement du skeud, les artistes mettent un paquet salvateur et pas chiqué pour faire de leurs concerts des moments trippants. Il y a eu ce salaud de Dave, bien sûr, qui a fait son Duracell à Rock En Seine, le no-limit staïle de Odd Future, le Hellfest, The Inspector Cluzot, Marvin, Duchess Says, les festoches en relative bonne santé (RIP Furia quand même, merde), et la scène underground française de plus en plus originale. Attendons-nous à ce que ça monte un cran plus haut en 2012, de toute faut niquer avant la fin du monde.

En bon mecs originaux, on s’est quand même dits qu’on pomperait bien les Gérards pour qualifier nos coups de cœur 2011. Voilà donc nos catégories et leurs ravissants vainqueurs, qui ont marqué l’année d’une encre virtuelle et rouge indélébile.

LE MEILLEUR ALBUM A ECOUTER AVEC UN RAIL DANS LE NEZ
Visual, c’est une affaire de drogue, de putes, de drotes et de pugues. Bref, l’accouplement zique-sniffette, c’est pour nous et on a trié sur le volet nos winners : le bien-nommé Allez Tous Vous Faire Foutre de Babylon Pression en guise de hors-d’oeuvre, les incontournables And So I Watch You From Afar et leur Gangs, Father Son Holy Ghost des mecs de Girls (originaux, ceux-là), le Mosaïc de Siriusmo, et pourquoi pas aussi (et surtout) In A Fung Day T ! de Duchess Says ou le dernier The Horrors (Skying). Ne cherchez pas Nox, il tourne le dos d’un air boudeur en écoutant les Black Keys dans son coin (El Camino).

LE GROUPE LE PLUS RABACHE DANS LES NEWS
Oui, les news, on aime ça, ça se voit ? Poussés par le patron à une sur-productivité qu’avec mes talents de lâche j’ai réussi à esquiver, au prix de quelques fists oraux douloureux, nous sommes tous, chez Visual, tenus de tenir un quota de 400 news / jour, en évitant les doublons et sachant qu’une news sur Dave Grohl en annule 5. Ca y est, t’as compris : on est des vils obsédés. Dans cette catégorie, Nine Inch Nails affiche trois bons tours d’avance sur les de plus en plus incompréhensibles Smashing Pumpkins et les de plus en plus rigolos frères Gallagher. Virginie et Hilikkus menacent de suicider collectivement la team si on ne fait rien contre le Grand Méchant Trent ces prochaines semaines. Lolons ensemble en 2012.

LE MEILLEUR ALBUM NON-CHRONIQUE SUR VISUAL
Ya des fois, t’as envie, pis t’as pas le temps. Pis ya des fois, t’as le temps, pis t’as pas envie. Derrière ce dicton rural se planquent les excuses les plus minables de ne pas avoir chroniqué un skeud méritant cette année. Le panel est large : Turtleneck & Chain de The Lonely Island, Crisis Work de Young Legionnaire, D de White Denim, le gentil Kurt Vile et son Smoke Ring For My Halo, les résurect… résuractio… résurrecta… rescapés de Beastie Boys et leur Hote Sauce Comitty 2, tout ça pendant qu’Architects Of Yesterday, de Radius System, résonne dans les couloirs. D’autres ont préféré Karkwa (Le Chemin de Verre), alors que je persiste à penser que Nevermind est un putain d’album 2011. Mais j’ai pas allumé ma radio depuis vingt ans, en même temps.

L’ALBUM AYANT ENTRAINE LE PLUS DE REACTIONS DE FANS OUTRES
Ou plus communément « le temple du lol ». Parce que c’est là qu’on s’empoigne, qu’on s’invective, qu’on s’engueule, qu’on passe son Doctorat en Mauvaise Foi (mention « Sauf Une Fois Au Chalet »), et donc qu’on rigole bien. Evidemment, on a froissé certains adeptes du guilty pleasure Empyr (Unicorn), et on s’est poilés sur Lulu, progéniture douteuse du vieux corbeau Reed et des décevants Metallica. Mais surtout on a pété le high score avec Wasting Light des Foo Fighters. Laissons la parole à Boris_Neo, spécialiste en commentobranlologie, de l’Université Assigny IV : « La chronique avait le mérite de soulever des théories intéressantes mais insistait (lourdement ?) sur les points négatifs. Les fans hardcore ont foncé tête baissée mais il y a aussi eu de jolies discussions ». Voilà, j’aime mon travail.

Il (OU ELLE) EST MORT(E) EN 2011, TANT MIEUX ! (NECROPHILOLOGIE)
Bien fait pour sa gueule ! Bêtes et méchants, voilà comment on est. On souhaite donc un joyeux trépas à Mouammar Kadhafi (victoire par trois deux et cinq balles), Steve Jobs, et Ben Laden (« il fallait qu’il paye tôtou tard pour « Manhattan-Kaboul » dixit TGC).
Mais comme on n’est pas entièrement salauds, voilà ceux qu’on regrette amèrement : déjà le split pas glop de Parts & Labor (je me sens seul, si seul…) et surtout Patrick Roy. Pensées à ce grand mec qui savait faire rentrer Rammstein et Mass Hysteria dans l’Hémicycle poussiéreux. On regrettera moins Linkin Park et René La Taupe, par contre. On me charge de vous dire que s’ils pouvaient faire une overdose en 2012, ça serait frais et si mignon, mignon, mignon…

REVELATIONS 2011
Allez, on aime la vie aussi. Des petits jeunes au sang neuf, on en a trouvé. Ou bien des poids lourds qui tracent la route depuis longtemps mais qui n’émergent qu’aujourd’hui. Comptons parmi eux les Smith Westerns, le duo Civil Civic, Crosses, Rebecca Black, et cette quadragénaire bien sympathique, là, PJ Harvey.

GROUPE FOIREUX 2011
Bon allez, on repasse en mode salopard. On est bien payés pour dézinguer non ? Sinon vous viendriez jamais lire le zine tout rouge, et on tient à notre audimat haineux. Nox a détesté Fanfarlo et c’est triste. TGC crache sur Radiohead et c’est normal. Rouliane a pensé très fort à James Blake et j’ai jamais écouté. Pour ma part, je peux pas dire, je suis sous contrat et je veux pas avoir des emmerdes avec Thom Yorke.

Bref, 2011 : une année de mauvaises érections, comme dirait Dominique. Et sans vouloir à tout prix faire rimer « 2012 » avec une activité collective que vous connaissez bien, on vous la souhaite bonne et plus longue !