Interview ☭ Cataract

Avec « With Triumph Comes Loss« , les petits Suisses de Cataract constituent la bonne surprise métal de cette rentrée 2004. Avec leur métalcore rappelant tantôt Slayer, tantôt Hatebreed, ils sont en train de se faire un nom sur la scène internationale, 6 ans après leurs débuts. Ricky, le batteur du groupe, a accepté de répondre à nos nombreuses questions…

Bonjour Ricky ! Tout d’abord, peux-tu présenter Cataract aux lecteurs de VisualMusic ?
Salut Bud, je suis Ricky, le batteur du groupe, et à mes côtés, il y a Greg et Simon aux guitares, Michael à la basse et Fedi au chant. Cataract a été créé en 1998 et jusqu’ici nous avons fait plusieurs démos, deux singles 7″, un MCD et trois albums (dont deux qui sortiront prochainement en vinyle). Notre dernier disque, « With Triumph Comes Loss« , est sorti le 6 septembre 2004, et nous en sommes très fiers, car c’est de loin notre meilleur album !

Votre line-up est resté très stable depuis des années, sauf en ce qui concerne le chant. Comment ça se passe avec Fedi depuis son arrivée ?
Fedi s’est très bien intégré au groupe, et son chant a apporté beaucoup d’énergie et de nouveauté au son du groupe. Sur notre dernier album, il chante à la perfection, d’ailleurs tout le monde nous le dit dans les diverses interviews que nous réalisons. Nombreux sont ceux à penser que c’est sa meilleure performance à ce jour.

Vous avez changé de label en mai 2004, en passant de Lifeforce Records à Metal Blade Records. Quelles sont concrètement les différences entre ces deux labels ?
Je pense c’est plutôt évident : tout comme Lifeforce, Metal Blade est un label indépendant, mais ils sont dans ce business depuis près de 25 ans. Ils ont modifié la face du métal au fur et à mesure des années. Metal Blade possède carrément plus de moyens, et en plus, ils nous supportent comme des malades ! Je crois qu’on a fait quelque chose comme 200 interviews pour cet album… On va faire 2 tournées européennes, et si les ventes aux USA et au Japon sont bonnes, ils nous enverront aussi en tournée là-bas. La bonne chose pour nous, c’est que nous ne devons pas payer pour tout ça, contrairement à l’époque où nous étions chez Lifeforce ou Ferret.

Votre nouveau CD, « With Triumph Comes Loss« , est sorti début septembre en Europe. Pourquoi avoir choisi un tel titre ?
Il colle bien avec les autres albums, et surtout, ça sonne super bien ! Qui plus est, il y a beaucoup de vérités derrière ce titre… “Golem”, notre premier album au son très brut, sonnait comme une révolte, dans une veine très hardcore/métal. Le deuxième album, « Great Days Of Vengeance » était en quelque sorte notre vengeance : avec des sons très expérimentaux pour nous, il y avait de grosses différences d’un titre à l’autre, ainsi que pas mal d’invités. Aujourd’hui, avec ce troisième album, nous faisons le bilan de ce que nous avons accompli jusqu’ici et nous en tirons des conclusions pour ce que nous voulons faire dans le futur. Attention, je ne dis pas que tous nos futurs albums sonneront exactement comme ce troisième album : ça serait ennuyeux, et ça réduirait notre créativité. Mais simplement, il ne faudra pas s’attendre à d’énormes changements, comme lors de la transition « Golem« / « Great Days Of Vengeance« .

Quels sont les grandes différences par rapport à « Great Days Of Vengeance » ?
Comme je l’ai laissé entendre dans la question précédente, la musique et la production sont de bien meilleure qualité sur le nouvel album. A l’époque de « Great Days Of Vengeance« , nous cherchions toujours à savoir vers quelle direction musicale nous orienter. Après des débuts très hardcore, le deuxième album était plus typé métal. J’ai changé ma manière de jouer de la batterie, et Greg et Simon ont fait de même à la guitare. Et ça a payé ! Aujourd’hui, pour ce troisième album, nous avons encore changé quelques détails, surtout en ce qui concerne le chant. Peu de gens le savent, mais nous avons effectué une séance de pré-enregistrement, si bien que nous savions dès le départ comment sonnerait l’album… A partir de ces enregistrements, on a modifié des choses, notamment le chant de Fedi. En entrant en studio, nous savions donc exactement comment l’album devait sonner. Nous n’avons pas invité d’autres musiciens cette fois-ci, à la seule exception de Jacob (Hatesphere) qui est venu pousser quelques cris. Cet apport donne une touche live à cet album, si bien que les morceaux ne paraîtront pas dénaturés sur scène.

Comment cet album a-t-il été composé ?
En gros, ça se passe de la manière suivante : Simon et Greg écrivent les chansons, soit tous seuls dans leur coin, soit ensemble au cours de jams. Par la suite, j’arrive et je les harcèle constamment à propos de leurs nouvelles compositions ! Suite à ces discussions, il arrive parfois que nous changions complètement une chanson ou même qu’on la jette. Tiens, par exemple, « Saving Shelter » est en fait une très vieille chanson que nous avons enregistrée pendant les sessions de « Great Days Of Vengeance« . Nous ne l’avions pas sélectionnée pour l’album car nous ne la jugions pas assez bonne. Pendant la période de composition de « With Triumph Comes Loss« , nous l’avons ressortie de nos tiroirs et l’avons passablement modifiée au niveau des riffs. Et maintenant, elle sonne super bien !

Le son de votre album est assez impressionnant… Tue Madsen a-t-il eu une grosse influence sur votre musique pendant les sessions d’enregistrement ?
Il a eu une très grosse influence sur le son du disque, et c’est ce que nous attendions de lui ! Il nous a fait jouer certaines chansons maintes et maintes fois, jusqu’à ce que ça sonne suffisamment bien pour porter son nom (rires) ! Plus sérieusement, il était l’homme idéal pour produire cet album. Il est exactement comme nous en fait : il veut que tout sonne à la perfection, et quand il pense que nous pouvons mieux jouer une chanson, il n’hésite pas à nous le dire ! Il n’attend pas de toi que tu crées la huitième merveille du monde, mais il insiste pour que tu donnes le meilleur de toi-même.

Avez-vous déjà testé de nouvelles chansons lors de vos récents concerts ?
Oui. Après avoir fini l’enregistrement du disque, nous avons ajouté une ou deux nouvelles chansons à notre setlist, histoire de voir ce que le public en pensait. Nous testions toujours des chansons différentes, et au final, nous avons été ravis de l’accueil du public. Bien sûr, les gens ne savaient pas toujours comment réagir vu qu’ils ne connaissaient pas ces chansons, mais certaines d’entre elles ont eu un impact énorme (par exemple “Saving Shelter” et “Vanished In The Dark”). Comme je te l’ai dit, nous avons toujours obtenu de bonnes critiques après les concerts, tout particulièrement de la part des fans qui avaient déjà nos deux premiers albums.

Peux-tu nous parler de la scène métal en Suisse ? Vous ne vous sentez pas un peu seuls là-bas ?
En fait non, il y a pas mal de groupes à découvrir. Le problème, c’est juste qu’ils sont inconnus en dehors de leurs frontières. Par exemple, il y a Disparaged, Requiem, Despise, Dark Day Dungeon, Shora, The Cranium et encore pas mal d’autres qui existent depuis des années. Certains d’entre eux essaient de se faire connaître à l’étranger, comme par exemple Disparaged qui a reçu de bonnes critiques dans des magazines à gros tirage.

Tu connais des groupes français ? Y’en a ‘il que tu apprécies ?
Haha, oui, bien sûr, je connais des groupes français comme Kickback, Absone, Right 4 Life, Stormcore, Do or Die. J’aime également beaucoup les groupes comme Mutilation. La compilation « In This Other Land » était un de mes disques favoris quand il est sorti. La France avait une des meilleures scènes au monde à cette époque-là. autour de ce temps. C’est vraiment dommage que les gens ne vivant pas en France n’accordent pas plus d’importance à ces groupes…

Avez-vous l’intention de jouer en France prochainement ?
Nous sommes en train de réserver des dates en ce moment avec Maroon, pour la tournée “Triumph of Hate”. Celle-ci nous mènera vers la France bien évidemment. En plus de cela, nous donnons toujours des concerts le week-end, donc si quelqu’un veut nous booker, contactez-nous à cette adresse : Cataract.com. C’est pas dur de traiter avec nous… Donc si vous vous occupez de concerts, envoyez-nous un petit message et on s’arrangera.

Quels sont tes meilleurs souvenirs de scène à ce jour ?
On en a plein. L’un des derniers en date remonte à notre concert au festival allemand Summer Breeze : nous avons joué devant une foule constituée à 99.99% de métalleux… On s’est demandé comment ça allait se passer pour nous ! En effet, on est des novices face à ce genre de public… Pour accroître la tension, il y avait à peu près 25 photographes devant la scène et deux équipes professionnelles qui filmaient le show en intégralité ! Finalement, on a fait un concert quasi-parfait, et le son était génial. Le public nous a super bien accueillis, et je peux te dire que ça nous a fait sacrément chaud au cœur !

La scène Métalcore est très active depuis quelque temps, tout particulièrement aux USA avec des groupes comme Killswitch Engage, Unearth, Chimaira, Lamb of God et Hatebreed. Sont-ils une inspiration pour Cataract ? Ou essayez-vous d’obtenir un son plus « européen » ?
Je ne dirais pas que nous avons essayé intentionnellement de créer un son « européen« . Nous avons probablement une approche différente du métalcore de celle existant aux USA, mais c’est une bonne chose après tout. De tous les groupes que tu as cités, je pense qu’Hatebreed est le plus proche de nous. Tout comme nous, leur musique est toujours largement influencée par le hardcore. Unearth, par exemple, jouent du métal pur et dur. On apprécie la plupart de ces groupes américains : Killswitch Engage, Unearth et Lamb of God font ainsi partie de nos groupes favoris.
En ce qui concerne l’inspiration, toute la musique que nous écoutons nous inspire, mais ça ne se reflète pas forcément dans notre musique. Nous jouons un type de musique bien particulier, sur une niche bien délimitée. Nous continuerons à jouer ce type de musique aussi longtemps que nous le pourrons, en y apportant bien évidemment quelques modifications au fur et à mesure de notre évolution. Finalement les influences sont plus spirituelles qu’autre chose : par exemple, quand tu vois un bon concert, tu te dis que toi aussi tu veux jouer aussi bien, et c’est ça qui te motive et qui t’incite à persévérer.

Quels sont vos projets pour l’avenir ? Avez-vous un plan de carrière ?
Parler d’une carrière est peut-être un peu présomptueux… Nous avons des objectifs que nous essayons d’atteindre, et dès que ce sera fait, nous nous fixerons de nouveaux challenges. Le contrat avec Metal Blade était l’un de ces objectifs, ainsi que la réalisation de notre troisième album bien sûr ! Maintenant, nous espérons qu’il sera bien reçu par les communautés hardcore ét métal. Ensuite, on va partir en tournée. Notre prochain gros objectif est de faire une tournée aux USA et au Japon, on verra si ça marche pour nous là-bas…

Avec qui rêveriez-vous de jouer en concert ?
Slayer bien sûr !

Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Jetez une oreille à notre nouvel album, ça va vous mettre sur le cul ! Et venez nous voir en concert sur la tournée « Triumph of Hate » !!! En tout cas, merci à toi bud pour cette interview !

Y’a pas de quoi Ricky, tout le plaisir était pour moi !
Amis lecteurs, si vous aimez le métalcore, ne passez pas à coté de ce groupe, vous risqueriez de le regretter !
Remerciements : Andreas (Metal Blade) et Cataract