Interview ☭ Maniacx

Avec la triste défection des fabuleux Svinkels, les amateurs de hip hop fun lorgnant vers un esprit rock se retrouvent orphelins. Heureusement, il reste quelques groupes candidats au trône, s’affairant aussi bien dans les salles de concerts que dans studios d’enregistrement. Maniacx, au même titre que le Klub des 7 (dont l’album a fait trémousser notre [team]Marku[/team] au poil luisant), fait partie des ces prétendants et reprend le flambeau de belle manière, déboulant avec leur monde peuplé d’aliens et de personnages de jeu vidéos. Rencontre avec ces 3 doux dingues sudistes sur une terrasse d’un café parisien.

Bien, on va commencer par une question bateau: Qu’est ce qui vous a amené à faire du hip hop ?
Nawak: On a toujours eu un kiff pour cette musique-là, le coté beatmaker, le flow aussi
Flik Flak: Dès qu’on a entendu ça, ça nous a plu. Au début, c’étaient des boucles qui tournaient avec un flow dessus, c’était assez nouveau pour moi, qui écoutait surtout du métal à l’époque.

Avec quels groupes avez-vous découvert le hip-hop ?
Nawak: Moi, c’était avec Ice Cube et Public Enemy.
Flik Flak: Public Enemy aussi.
Duff: Onyx et Cypress Hill !

Dans quel état d’esprit vous travaillez pour élaborer votre musique ?
Duff: La démarche de Maniacx en premier, c’est de faire de la musique fun. Après, on essaie de bien le faire.
Nawak: On essaie de faire les choses de façon carrée.
Duff: On est assez maniaques sur le son ! (rires) Par exemple, le premier album, c’est un disque qu’on a fait assez rapidement sur le vif. On a composé pendant 6 mois, 3 semaines de studios, et c’était réglé.
Nawak: Ça s’est fait super vite.

Vous avez beaucoup d’influences des années 80-90. Qu’est-ce qui vous attire dans cette époque là ?
Nawak: La texture des sons…
Flik Flak: L’état d’esprit, les looks, le coté cheap…
Nawak: Ils avaient une manière de faire le son où tu sentais qu’ils ne se prenaient pas la tête
Duff: On revient au coté fun du truc.
Nawak: Après, je ne dis pas qu’on compose mal aujourd’hui, mais à cette époque là, ils composaient super bien, il y avait des mises en places de malade. J’ai l’impression qu’aujourd’hui ils se font un peu moins chier.
Flik Flak: C’est un ressenti qu’on a maintenant, c’est sur qu’il y a le coté nostalgique… On réécoute des trucs des années 80-90 et on tape des bonnes barres dessus. On fait « Putain, ça c’était énorme ! »
(Les autres acquiescent)
Duff: Faut dire qu’on est des vieux. Moyenne d’âge du groupe: 52 ans !

On vous a souvent reproché d’être trop éclectique pour arriver à construire votre propre identité musicale. Comment vous vous situez par rapport à vos influences directes, comme Svinkels ou Puppetmastaz ?
Flik Flak: Pour certains médias, on est pas assez rock, et pour d’autres on est pas assez rap, ou pas assez electro.
Nawak: On est au milieu de tout.
Flik Flak: C’est quelque chose qu’on cultive. On écoute pleins de musiques différentes, et du coup ça se retrouve dans les beats. Du coup, le mec de Rap Mag qui nous a chroniqué, ils nous a dit que c’était super bien produit, mais que c’était trop éclectique pour leur public.
Nawak: Quelque part, on a pas fait exprès de tous mélanger. On aime beaucoup les grattes, on aime beaucoup les bonnes basses electro, on adore les cuivres. Flik Flak nous a sorti le son de « Super Sharp Shooter« , qui est très electro et qui envoie du lourd, et de l’autre coté on entend un « Flik’s fan club » super festif. A chaque, on y est allé à fond sans se poser de question.
Duff: On ne veut pas faire tout le temps la même chose. Tout un album sur le même son, ça nous fait chier.
Nawak: On aime bien mélanger. C’est en faisant cela qu’on trouvera notre propre identité.

Du coup, le trip de carrière à la AC/DC, ça ne vous convient pas ?
Flik Flak: Des groupes comme Motorhead, AC/DC, tu prends leur premier album et leurs 2 albums suivants, ça n’a jamais bougé. Ils ont leurs fans, et ça leur convient. Si nous on sort un album un peu différent, les fans du début ne vont pas forcement s’y retrouver. Au final, il faut faire quoi ? Toujours le même truc, ou se faire plaisir en se renouvelant ?
Nawak: Nous ce qu’on voit dans les lives, c’est que les gens, s’ils ont envie, ils s’adaptent.
Flik Flak: Il n’y a pas que des puristes qui écoutent de la musique.
Duff: En même temps, s’ils viennent à un concert de Maniacx, ils savent à quoi s’attendre.

Votre second album, « Crazy Sounds with the Aliens« , semble comporter plus de résonnances rock. D’ailleurs votre début de parcours est marqué par cette influence. Qu’est ce qu’il vous plait dans le rock pour l’intégrer à votre musique ?
Nawak: L’énergie, surtout.
Duff: C’est génial au niveau de la scène aussi.
Flik Flak: On a plus une énergie rock sur scène. On vient un peu de ça, donc on y vient naturellement.

Vous avez fait pas mal de collaboration avec d’autres groupes, notamment avec Puppetmastaz. Qu’est ce que ça vous a apporté ?
Flik Flak: On écoutait Puppetmastaz avant de créer Maniacx. On a pas cherché à faire la même chose qu’eux, mais rapidement on nous a classé comme tels. C’est vrai que c’est un peu le même trip, le même son…
Duff: Avant même l’existence de Puppetmastaz, on écoutait Gonzales, le gars qui fait leurs beats. C’est ce style de son qui nous a influencés.

Vous avez fait un spectacle avec eux…
Nawak: On a créé ce spectacle à l’occasion du festival Garorock. On nous a proposé de faire une collaboration avec eux, parce qu’on était dans le même état d’esprit. On créé ce spectacle, « Center of the Earth« , qui est une sorte de théâtre / comédie musicale mélangé avec du hip hop. C’était tout nouveau pour nous, et pour eux aussi, même s’ils axent leurs shows sur la mise en scène. Là ça leur donnait l’occasion de transcrire leur musique par des humains et non des marionnettes. On essayé de retracer notre « histoire » à travers ce spectacle. Ça a été une super expérience qui nous a beaucoup aidé pour le show qu’on présente aujourd’hui.
Flik Flak: Il y a eu une partie travail en studio, puis l’interprétation des morceaux en live… ça a été une vraie collaboration.
Duff: Ca a été chaud de le jouer en festival ! (rires)
Nawak: Pour notre première fois, c’était au Garorock… alala, on n’était pas sereins !
Duff: On a joué tard, les gens étaient fous furieux, et non on avait du texte, des dialogues… « Vas y, envoie le son ! »
Flik Flak: Le lendemain on a joué à Nice dans un théâtre, et au final ça s’est super bien passé.
Duff: On a croisé des gens qui avaient bien compris l’histoire, ça nous a fait plaisir.
Flik Flak: Certains sont venus pour nous dire « Attendez PuppetMastaz + Maniacx, on s’attendait à un truc de tarés ! C’est quoi ce trip chelou ? » et d’autre à qui ça a bien plu.
Duff: On a du avoir autant l’un que l’autre.
Flik Flak: Ce qu’on voulait faire, c’est quelque chose d’assez nouveau, d’interactif. On a fait un truc assez risqué, et on est super fiers de l’avoir fait.

D’autres collaborations en perspective ?
Flik Flak: On avait déjà bossé sur le 1er album avec Bomb Factory, qui est un groupe de punk japonais, sur le titre qui en bonus caché.
Nawak: Pour le prochain on a 2-3 trucs en vue, mais rien de concret.

Vous avez sorti un titre utilisant le riff de « Ride The Lightning » de Metallica (ndr: Il s’écoute par ici), avec un trip étonnant sur les mullets. Vous pouvez nous en dire plus ?
Flik Flak: On en revient à ce qu’on disait tout à l’heure, l’ambiance des années 90, les coupes mullets… c’est un clin d’oeil à ça. Après c’est parti d’un sample de Metallica
Nawak: Quand il nous a lâché le son, on a fait « Oh putain » !
Flik Flak: Il fallait qu’on parte sur ce trip là de l’époque, mais avec le style d’aujourd’hui, le beat un peu crunk. Pourtant, on parle de mullet !
Nawak: Le trip, c’est « Je veux la même coupe que toi » !
Flik Flak: Après pour la sortir, ya une question de droits.
Nawak: On a cherché à le sortir normalement, on a contacté les gens qui s’occupent de leur droit, mais il aurait fallu attendre un an pour avoir une réponse. Au final, on l’a sorti en téléchargement gratuit. C’est bien, ça fait venir les gens vers nous. En plus c’est un son très particulier qui ouvre la porte vers l’avenir de Maniacx. C’est un titre qu’on aime beaucoup et qu’on joue en live.
Flik Flak: Et puis les mullets, c’est les nuques longues: c’est moche !
Nawak: C’est la coupe qui n’a jamais été réellement à la mode ! (Rires)

Votre style hip hop ou même rock est très influencé par la musique américaine. Est-ce que vous vous sentez malgré tout rattachés à une certaine scène française, ou l’observez vous de loin ?
Duff: On est un peu à part.
Flik Flak: Ce n’est pas qu’on le voit à l’américaine, mais les américains le font un peu à la démesure, et c’est vrai qu’on a coté là.
Nawak: On ne fait pas vraiment exprès. On est tous les 3 en studio, y a des idées qui fusent, et des fois on se dit qu’on va trop loin. Mais quand on a fait « I want a mullet« , 2 semaines après on achetait les déguisements, les perruques…
Flik Flak: On a en une mise en avant Myspace, mais une semaine avant, on s’est posé la question: est-ce que les gens vont capter le délire ?
Nawak: Finalement ça l’a bien fait !

J’avais aussi une question qui me démange: avez-vous un partenariat avec Nintendo ou est un rejet complet de Sega et Sonic ?
Flik Flak: Quand on était gosse, t’étais soit Nintendo, soit Sega. Nous on était Nintendo !
Nawak: Les sons de Nintendo sont mille fois plus mélodieux que ceux de Sega !
Flik Flak: En plus les manettes sont bien plus solides, surtout au bout de 20 ans ! (Rires)

Pour finir, en tant que chroniqueur musicaux réputés, notre leitmotiv sont les putes et la coke. Personnellement, vous préférez quoi ?
Nawak: Il y a quelques temps de ça, j’aurais préféré la coke, mais maintenant je préférerais les putes. J’ai arrêté de fumer et aussi de faire des conneries, parce qu’avec le groupe on prend assez cher niveau physique, et puis il faut garder un certain standing (sourire). Alors qu’une bonne partie de sexe, c’est cool, alors que la drogue, ça détruit, vous entendez les jeunes, ça détruit !

Alors que nous avons souhaité à Duff et Flik Flak un bon retour dans leur PACA natal, Nawak tenait à revenir pour nous confier ces quelques mots :

Nawak: Voilà, c’est moi qui fais tout dans Maniacx, Flik Flak et Duff ne foutent rien. Je fais les claviers, les chants, la prog… tout ! Big dédicaces à mes 2 compères, ça fait 5 ans et ça le fait ! Et pour tous ceux qui veulent découvrir Maniacx, venez aux concerts et bougez vos fesses !

Merci aux Maniacx, à fl0 pour l’organisation et à Marine pour m’avoir mâché le boulot.