Interview ☭ Black Bomb A

Ayant découvert Black Bomb A sans Djag, l’un des deux chanteurs originels du groupe, mais pour avoir kiffé comme un gros malade Le Noyau Dur fondé par ce même Djag après son départ de BBA, je ne pouvais être que positivement intrigué par le retour de ce dernier dans son groupe initial. Les 3 grosses claques que je me suis mangé lors des passages nordistes en support de Lofofora l’année dernière ont vite fait de me convaincre de me plonger dans les 1ers skeuds du combo. Après l’arrivée de l’excellentissime « From Chaos« , venant encore plus étayer mes convictions, la proposition de l’ami Hilikkus d’interviewer Djag m’a immédiatement mis en orbite et c’est avec une joie non dissimulée que j’ai inauguré ma 1ère interview par mail avec le gaillard.

Vous avez effectué une petite tournée de chauffe avant l’enregistrement de cet excellent « From Chaos« , marquant ta réintégration dans le groupe, comment ça s’est passé ?
Djag : Ça s’est très bien passé, on a pu voir que l’on s’entendait très bien, que tout fonctionnait agréablement au sein de cette formation. Sur un plan plus personnel, j’ai pu constater que je trouvais du sens et du plaisir à retrouver le BBA d’aujourd’hui et ce sans tomber dans une parodie de ce que l’on était hier. C’était tout ce dont on avait besoin avant de s’engager plus avant.

Il me semble que le projet LND s’était mis malgré toi au ralenti (un accident assez grave à ton guitariste si ma mémoire est exacte) donc quel à été le point de départ de ton retour chez BBA et comment cela a-t-il évolué jusqu’à l’enregistrement de « From Chaos » ?
Je suis revenu au sein de BBA tout en continuant LND, on a sorti le 2ème album « Resistance » 6 mois après mon retour au sein de Black Bomb, les 2 groupes fonctionnaient indépendamment l’un de l’autre. Avec LND, on souhaitait pouvoir tourner pour porter le deuxième album, malheureusement un accident à mis hors course notre batteur pour un bon moment et je n’ai pas souhaité lui trouver un remplaçant, alors qu’on venait de faire ça pour notre bassiste suite à un premier accident… Je me suis donc consacré entièrement à la compo et l’enregistrement du « From Chaos« .

Quelles étaient pour toi et/ou pour le reste du groupe votre état d’esprit, votre motivation, vos espérances, vos appréhensions ?
Je pense qu’on était très heureux de se retrouver sous cette formation, on était donc à bloc pour faire un nouvel album bien cash. On a pris beaucoup de plaisir à le faire, en sachant respecter les envies de chacun tout en gardant cette ligne directrice commune d’un truc assez instinctif, d’un retour aux fondamentaux de BBA. Sur cette base on a incorporé la vision de chacun et de nouvelles choses qui font que ce disque a vraiment une identité forte.
Nos appréhensions étaient de ne pas trouver cette osmose mais on a vite vu que ça se passait très bien et notre motivation était énorme, puisque le plus important est le plaisir de faire et on en a pris beaucoup !

Comment se sont passées les séances d’enregistrement de « From Chaos » ? Il me semble qu’une partie du groupe est basée à Lille ?
Oui la majeure partie du groupe est basée à Lille et donc c’est là bas que l’on travaille, que l’on répète et que l’on compose. Par contre les enregistrements à part la batterie ont été fait à Paris au Donkey Shot Studio. Les mixs ont eu lieu aussi sur Paris au Studios de la Reine.

Aviez-vous déjà une idée de la direction que vous vouliez prendre ?
On avait tous envie de faire un album assez direct et instinctif, un peu plus punk hardcore que le précédent.

Les automatismes et l’alchimie sont-ils revenus facilement ?
Très facilement, ça nous a surpris nous même de voir à quel point on retrouvait vite nos marques. Au niveau du chant ça s’est fait direct, en même temps Poun et moi nous connaissons très très bien et donc c’est parfois presque télépathique. 😉

Comment avez-vous appréhendé le fait de revenir à un line-up à 5 après le départ de Scalp (quand a-t-il quitté le groupe d’ailleurs ?) ?
Scalp est parti quand on a commencé à vouloir bosser sur le nouveau disque. Du coup on s’est serré les coudes et on a bossé de manière très « united ». L’avantage est que nous étions tous à fond à donner au max de la même manière sans devoir trainer quelqu’un qui n’a plus la foi, c’est mieux ainsi.

Ça a peut-être facilité les choses d’avoir une personne en moins pour prendre les décisions ?
Exactement, ça rend les décisions plus faciles, une seule guitare permettait aussi d’aller plus facilement dans la direction plus cash que l’on souhaitait. On se retrouvait à 5 comme aux débuts du groupe époque « Straight in the Vein« , on trouvait là une certaine fraicheur et beaucoup d’envie, tout ça utilisé avec simplicité et dans une ambiance très agréable où tout le monde se soutient et va dans le même sens.

En tout cas, le résultat est, en ce qui me concerne, une franche réussite : il y a un excellent feeling live sur la plupart des chansons et on sent bien en même temps que tout ça est bien maîtrisé/sous contrôle, le travail en studio a dû être intense, quelle a été l’ambiance de travail ?
L’ambiance de travail pendant la compo était très united comme je le disais, on a beaucoup bossé mais sans se mettre de pression et dans de bonnes vibes, et on a pris beaucoup de plaisir et quelques bonnes barres de rire !
Pour les enregistrements on a fait ça séparément histoire de se retrouver un peu face à soi même, concentrés sur nos objectifs respectifs et en symbiose avec notre producteur Stef Buriez qui nous connaît très bien et qui sait nous amener à sortir le meilleur de nous.
On s’est retrouvés tous ensemble pour valider les écoutes à la fin des prises et pour faire les chœurs. On était aussi tous là pour les mixs.

C’est la 1ère fois il me semble que vous incorporez des chœurs, comment est-ce arrivé ? Vous vouliez revenir à un truc plus old school ?
Oui c’est une première. C’est arrivé parce que tout le monde en avait envie sur les morceaux concernés, on trouvait ça plus efficace et effectivement ça donne une teinte un peu old school qui nous plait. Et puis voilà c’était cool de trouver des trucs que nous n’avions pas encore exploité.

Pour le chant, ça fait vraiment plaisir de vous réentendre ensemble avec Poun, vous avez chacun un registre vocal vraiment particulier et différent mais qui le fait bien et encore plus à 2.
En ce qui te concerne, j’ai trouvé une évolution vraiment jubilatoire, il y a des moments je te trouve des petits trucs à la Roger Miret d’Agnostic Front mais y a aussi des parties qui m’ont carrément fait penser à Keith Caputo de Life Of Agony… je me plante ou ces gars-là font partie de tes sources d’inspiration (sinon quelles sont-elles ?)?

Merci beaucoup. Il y a beaucoup de chanteurs qui comptent beaucoup pour moi et qui m’ont plus ou moins influencés dans la manière dont j’ai cherché ma voix. Le chanteur d’Agnostic Front en fait partie, même si je me sens plus fan de celui de Sick Of It All et surtout de Don Foose le chanteur des Spudmonsters. Quant à Keith Caputo, tu as parfaitement raison, mes parties qui t’y font penser sont clairement un clin d’œil à Life of Agony [Ndr : Yessssssss].

Cette plus grande liberté vocale ne viendrait-elle pas aussi de tes
expérimentations avec LND ? Qu’est-ce que t’a apporté ce projet maintenant que tu es de retour au sein de BBA ?

Effectivement, LND m’a permis d’expérimenter plus de choses au niveau de ma voix, notamment sur un plan plus mélodique, chose que je n’aurais peut-être pas fait autant dans BBA avant puisque c’était Poun qui se chargeait de ces parties. LND m’a donc donné confiance sur ce plan et m’a permis de me trouver un peu plus dans ma voix. Cela m’a aussi permis de mieux savoir ce que je voulais artistiquement. Sinon cela reste une grande expérience humaine et musicale, ainsi qu’une charnière importante de ma vie d’artiste. Je commence à peine à comprendre tout ce que cela m’a apporté.

Vous avez également enregistré un titre avec Wattie Buchan de The Exploited, j’ai lu que vous repreniez ce groupe quand vous avez commencé à faire des concerts, c’est ça ?
Oui c’est vrai, The Exploited est un des groupes que nous aimons tous au sein de BBA et quand nous avons commencé et nous n’avions pas encore assez de morceaux à nous pour nos premiers concerts on reprenait 2 titres de The Exploited. Ca représente donc beaucoup de choses pour nous d’avoir pu faire un titre avec Wattie.

Comment avez-vous eu ce désir d’enregistrer avec lui ou bien s’agissait-il d’une opportunité qui s’est offerte à vous ?
En fait BBA a déjà partagé la scène avec The Exploited et il se trouve que ces derniers apprécient beaucoup BBA. Le batteur notamment à tous les skeuds, porte les T-shirts etc… C’est ouf ! 😉
Et suite à ces concerts Snake est resté en contact avec Wullie le batteur qui est aussi le frère de Wattie. Ils sont devenus très potes. Du coup quand Snake a sorti le riff du couplet de « Burning Road » et qu’on a tous pensé à The Exploited, on s’est dit pourquoi pas tenter de demander à Wattie s’il ne veut pas faire un guest, on ne sait jamais…
Et par l’intermédiaire de Wullie et Snake on a contacté Wattie qui a accepté et les deux frangins Buchan sont venus à Panam pour faire des chœurs sur « Uncivilisation » et pour que Wattie pose sur « Burning Road« .

Quels ont été les échanges avec lui ? Ça s’est bien passé ?
C’était mortel ! Un kiff de gamin qui se réalise ! Enorme ! Wattie est juste hallucinant, un vrai roi du Punk ! Il a déchiré l’affaire tout en étant super cool, c’était le régal de le voir s’impliquer sur le morceau, et puis voilà quelle voix !! On le reconnaît direct entre milles. Après on est parti faire la fête tous ensemble, et le lendemain ça a été dur de bosser ! 😉

Qualifierais-tu ce mec d’exemple à suivre au vu de sa longévité et du
message qu’il délivre toujours ?

Je ne qualifie personne d’exemple à suivre. Chacun est différent et chacun doit faire son chemin à sa manière. Toutefois j’ai effectivement beaucoup, beaucoup de respect pour Wattie et pour son œuvre. Encore plus maintenant d’ailleurs vu sa simplicité et sa jovialité.

Comment percevez-vous votre engagement musical en France ?
Parce que rester sur des labels indépendants, ça devient presque un acte militant dans l’hexagone ? Quel est votre but, le message qui vous tient à cœur et que vous aimeriez que les gens qui vous écoutent retiennent ?

Notre engagement est celui de la sueur, du cœur, de la sincérité et de la personnalité. On est sorti de nulle part, on a rien fait comme tout le monde et pourtant on a réussi à force de se battre, de vouloir, à faire des trucs dont on est heureux. Tous ça a été très chaotique et notre énergie est celle-ci, issue du chaos, un ensemble de personnalités qui se construisent et se dressent pour ramer dans le même sens et construire un truc qui les rassemble et les dépasse. C’est ça Black Bomb A et ce qu’il en transpire. En tout cas à mon sens. N’importe qui peut toucher du doigt certains de ses rêves, même en partant de nulle part, même et sans doute surtout en préférant les chemins de traverses aux autoroutes des masses, ça vaut aussi pour la pensée et l’émotion. C’est souvent difficile mais on n’apprend rien de la facilité. Le message de Black Bomb A est presque plus viscéral qu’intellectuel, mais on peut trouver parfois bien plus de sens dans la chair que dans les mots.

La scène métal (au sens large) française commence à être de plus en plus reconnue internationalement, vous avez des projets de vous exporter à l’étranger (sûrement le faîtes vous déjà) ? En plus vous chantez en anglais !
Tout à fait on essaye toujours de s’exporter. Et effectivement on le fait déjà, on peut trouver des disques de BBA en Allemagne, au Japon, en UK. On est en train de voir pour L’Espagne ou nous devons aller jouer en automne.

Quel est le futur immédiat pour BBA ? Un single, un clip ? De la tournée bien évidemment, elle va vous emmener jusque où et jusque quand ?
Avez-vous l’intention de réintégrer un autre guitariste ? Comment allez-vous vous démerder pour les anciens morceaux sur scène avec un gratteux en moins ?

Le futur c’est surtout des concerts ! Peut-être un clip, on va voir.
Jusqu’où va nous emmener la tournée, je ne sais pas, le plus loin possible ?! 😉 Et quelle dure aussi très longtemps ! 😉
En ce qui concerne le guitariste, non, on a décidé de rester à 5, on est bien comme ça, on s’entend bien et on a pas eu trop de soucis pour adapter les morceaux à une seule guitare. De plus les nouveaux sont construits comme ça donc pas de problèmes !

Ultime question : je sais qu’en ce moment tu dois être focalisé à 100% sur BBA mais où en est LND ? Tu comptes un jour reprendre ce projet ?
Non LND ne reprendra pas. Mais c’est un projet qui a compté beaucoup pour moi et des albums qui resteront dans mon cœur, merci en tout cas pour ton intérêt pour ce groupe. [Ndr : Bouhouhou !!!]

Tout à fait impatient de tester les morceaux de « From Chaos » en live dans le pit, un grand merci à Djag pour sa disponibilté, au label et mon Hilikkus chéri pour les bons plans !