Interview ☭ Monsieur Roux

Quoi ? De la chanson sur VisualMusic ? Remboursez ! Faites fi de vos préjugés, et approchez vous. Monsieur Roux est un gars pas banal, bavard et cynique, ni engagé, ni bien pensant, volontairement rebrousse poil et n’hésitant pas à ruer dans les brancards. Aux chiottes Benabar. Si Didier Super et Lofofora ont leur place sur ce site, alors on peut en faire une pour Monsieur Roux, au moins le temps d’une interview. Rencontre avec l’énergumène qui vient de sortir son second album, « Un été caniculaire« .

VisualMusic est un webzine rock qui ne traite habituellement pas de chanson française. En quoi ta musique peut intéresser un public orienté rock ?
Monsieur Roux : Eh ben je n’en sais rien, tu vas peut-être me le dire ! (Rires) C’est peut être parce qu’on fait de la variété « punk à chien », de la variété pour les gens qui sentent un peu mauvais des pieds, et donc ca peut intéresser les rockers par conséquent. Sinon, le coté un peu rentre-dedans des paroles peut-être… en même temps le rock, ça n’est pas très rebelle, non ? Elvis Presley a quand même été inventé pour que les blanches du Middle West ne s’excitent pas trop sur des noirs qui font du blues… Je le répète assez souvent, et bizarrement ça fait chier les rockeurs !

Au niveau des paroles, des titres comme « Le cowboy bling bling« , « C’était mieux avant » ou « Fais moi peur » montrent clairement tes positions tranchées sur les mœurs ou autres sujets de société. N’as tu pas peur qu’on t’accuse de jouer les donneurs de leçon ou d’enfoncer des portes ouvertes ?
Monsieur Roux : J’espère que ça ne fait pas donneur de leçon, parce que ça me ferait chier. Après, au vu des réactions sur le 1er album (ndr : « Ah si j’étais grand et riche« , sorti en 2006), les gens se posent plus de questions qu’ils n’ont de réponses, ils prennent les choses totalement différemment d’une personne à l’autre ; ce qui me fait dire que le message n’est pas si limpide que ça, c’est intéressant. Sur cet album, certains textes sont surement plus radicaux. En vieillissant, on est amené à faire des choix, et les utopies qu’on a eues plus jeune, il faut décider ce qu’on en fait. Ça oblige à prendre des positions radicales, ou alors à rentrer dans le rang. Si tu ne veux pas rentrer dans ce formalisme, quelque part tu restes dans une certaine marginalité.

On te sent plus acide et désabusé que sur ton premier album… besoin d’un câlin ?
Monsieur Roux : Non, ça va en fait ! (Rires) Je pense qu’au final quand tu fais de l’humour, t’es pas forcément rigolo. J’ai l’impression que les humoristes sont des gens très tristes. Alors que quand tu rencontres des gens qui font du rock de dépressif, ce sont souvent des gens qui sont très drôles. Quand tu es dans un processus créatif, ce qui va ressortir ne correspond pas forcement à ton état du moment, mais plus à un ressenti, même passager. Du coup il y a un coté désabusé, cynique, mais c’est une réaction au monde qui nous entoure. Des fois, tu vas prendre les choses avec beaucoup de légèreté, des fois ça va te foutre la gerbe et amener des sentiments extrêmes. C’est aussi avec ça qu’on fait des chansons.

En parlant d’extrême, d’où vient l’humour malsain de la chanson « Marie-Chantal » ? (ndr : où un homme follement amoureux finit par manger sa compagne)
Monsieur Roux : Le coté anthropophage existe dans la relation amoureuse, même s’il est plus symbolique que dans cette chanson. La fusion avec l’autre, c’est aussi manger l’autre. C’est lié aussi à une chanson de Nicolas Jules, un chansonnier qui est mon maître à penser. Ça fait « je t’aime… je t’ai mangé tout cru ». Je pense que je l’ai lamentablement pompé. (Sourire)

Puisque tu parles de pompage, « Fais moi peur » ressemble beaucoup à la chanson « La France a peur » du clown triste Mickey 3D, du moins pour le texte…
Monsieur Roux : Ah oui ? Bah peut être, mais je connais mal Mickey 3D. Après, on peut forcement être inspiré par des chansons d’autres personnes. Il y a pleins de groupes et de chanteurs que j’aime bien qui peuvent m’inspirer. C’est comme ce que je t’ai dit avec « Marie Chantal« , j’ai dû écouter ça un jour et ça m’a fait marrer. Par contre, la chanson « Les voyages« , j’ai pompé la fin sur un texte de Théodore Monod, qui s’appelle « Conseils pour un méhariste débutant« . Il raconte son voyage dans le désert où il en a chié. Il avait les pieds en sang, il a bouffé 3 pauvres dattes avec un bout de chèvre carbonisé, il a choppé des puces, dormi sur des cailloux… Et à la fin, il dit que lorsqu’il sera dans la douceur de ses draps, il n’aura qu’une seule envie : y retourner. (A voix basse) Et donc ça aussi c’est complètement pompé… (Sourire)

Enfin, la question rituelle : tu préfères la coke ou les putes ?
Monsieur Roux : La coke, je n’en ai jamais pris, mais vu l’air niais des gens qui en prennent et la façon dont ils se prennent pour des killers, j’aurais toujours tendance à préférer l’alcool, parce qu’à un moment donné l’alcool ça trompe pas, tu finis tout le temps comme ça (ndr: Il s’imite en version poivrot). Tu ne peux pas faire mine que tu es le roi du pétrole, même si dans ta tête tu penses être super balèze. Donc la coke, j’éliminerais. Les putes, je n’ai jamais gouté non plus, ça me ferait un peu chier d’y goûter, mais pourquoi pas… J’ai une certaine tendresse pour les prostituées en général. J’ai voyagé à Madagascar pendant quelques mois, et souvent quand je rentrais à ma chambre d’hôtel ou dans ma case, il y avait une pute qui me raccompagnait pour essayer de négocier leur corps pour un prix dérisoire, et j’ai toujours essayé de retourner la situation, que ça soit elle qui paye. Il n’y en a jamais eu une qui voulu payer pour coucher avec moi, et ça je trouve ça inadmissible ! Donc, je choisis les putes, pour que ce soit elles qui payent !

Ce sera le mot la fin ! Merci à toi.

Merci à Patricia et Julie de Aoura pour avoir organisé cette interview.

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