Interview ☭ Justin(e)

C’est par un dimanche après-midi ensoleillé que j’ai revu Justin(e) aux abords d’un festival estival près de St-Nazaire. Elle est jeune, talentueuse, bavarde… arborant tantôt une chevelure blonde aux mèches rebelles (et non lissées) tantôt une crête multicolore fière… Elle ne manque pas de culot, et surtout semble ouverte aux pratiques licencieuses ! J’ai voulu la connaître mieux, et prenant mon courage à deux mains, je l’ai abordée.

Bonjour Justin(e)… parlez-moi de vous.
Fabien (basse) : On est Justin(e), et on est là pour le festival Couvrefeu à Corsept, et on est le groupe payé le moins cher du festival…
Alex (Chant) : Il y a des chances, oui !
Fabien : On fait du punk rock en français. A la base on vient tous de Treillières, près de Nantes, et il y’en a 2 du groupe qui sont partis faire leur carrière professionnelle à Paris.

Vous qui venez du coin, vous savez ce qu’il y a à foutre ici ? Parce qu’à part un village de pêcheurs morts et des champs, je n’ai pas vu grand-chose…
Alex : Tu peux rompre avec ta copine sur le port de St-Nazaire si tu veux.
Olivier : Tu peux aller voir les paquebots… Tu peux aussi aller au camping des Pierres Couchées à St Brévin, ils ont une super piscine avec des toboggans
Fabien : On y a joué la semaine dernière.
Alex : Sinon, faut pousser vers la Bretagne, ou alors vers Noirmoutier pour voir des paysages sympas.
Olivier : Ya pas une cité médiévale à Guérande ?
Alex : Je ne sais pas… En tout cas ici, ça ne vaut pas l’Argentine.

Vous vivez de votre musique ?
Fabien : Moi oui, mais avec Ultra Vomit. Avec Justin(e), je dépense tout !
Alex : Fabien a acquis le statut d’intermittent depuis une semaine. Tous les autres ont un travail à coté. Moi, je travaille dans le milieu psychiatrique avec des gamins déscolarisés, des cas sociaux.
Fikce (batteur) : Je travaillais chez Myspace, j’y faisais du marketing
Fabien : Il s’est fait licencier, parce qu’il était… trop con.
Fikce : C’était un licenciement économique. Les bureaux de Myspace France ont fermé Et personne n’en parle !
Olivier : Je suis dans un bureau d’études en électricité.

Vous faites souvent des festivals ?
Fabien : Non, rarement. On a plus une culture café concert.
Olivier : Je préfère le café concert, où il fait 40 degrés dedans, où il y a une vraie proximité.
Alex : Après, ici ça a l’air cool.
Fabien : On a une approche des concerts qui fait qu’on ne se sent pas très à l’aise sur une grande scène.
Alex : C’est la forme musicale « punk » qui veut ça. Le festival, ce n’est pas forcément adapté à cela, avec un gros système son où t’es loin du public, de la batterie, de la basse… Tu produis un spectacle, ça s’arrête là.

Effectivement, je vous avais vu au festival de Marne il y a 2 ans, vous n’aviez pas l’air dedans…
Fabien : C’était l’un des premiers concerts où on se retrouvait à 4 au lieu de 5.
Olivier : Les sets comme ça où on est à 3 kilomètres les uns des autres, il n’y a pas d’interaction avec le public et quasiment pas entre nous parce qu’on est trop loin.
Fabien : Après ça se fait, mais ce n’est pas notre credo non plus. Et puis surtout, ça permet de remplir les caisses. Ici, c’est un plan cool : On n’est pas très loin, on se fait des thunes, ça change de cet été où limite on payait pour jouer. En même temps, dès que tu mets l’alcool dans le budget, tu fais tout péter !
Fikce : Et les clopes ! Et la drogue !
Olivier : La drogue, vite fait.
Alex : Y avait pas de drogue sur la tournée ?
Fabien : Bah non, t’étais pas là !

Justement, vous pouvez parler de cette tournée d’été ?
Fabien : On est très potes avec Dolores Riposte, et on s’est dit qu’on allait tourner ensemble cet été pour faire la shlounga (sic). Mais Alex a préféré partir en vacances à ce moment là…
Alex : Ma copine a posé ses congés à ce moment là, donc je n’ai pas fait partie de la tournée.
Fabien : Batbat de Diego Palavas est venu en remplacement, et comme Dolores Riposte avaient viré leur batteur, c’est moi qui ai fait la batterie. C’était un gros mélange des familles, bien dégoutant et bien sympa. En plus, il y a un pote de Black Sheep qui est venu de Belgique avec nous. 7 personnes, 4 groupes différents, ça a fait un bon gros délire. On a fait des dates en acoustique, ça s’est très bien passé, alors qu’on en avait jamais fait avant.
Olivier : Ça donne envie d’en faire un peu plus. On a fait aussi des concerts dans des campings, des trucs complètement improbables… L’esplanade à Royan, c’était très familial.
Fabien : On a bu énormément. On s’est mis des grosses races comme des porcs.

A part quelques dossiers médicaux alarmants, va-t-il rester des traces de ces concerts ?
Fabien et Fikce soulèvent leur T-shirt pour montrer fièrement l’épée tatoué sur leur cote.

Fabien : Sinon, Fred (ndr : chant/guitare de Dolores Riposte) monte une télé pour le Goéland. Il a filmé nos frasques pendant la semaine, et il va en faire quelques épisodes. Ya du dossier…
Olivier : Du gros dossier même !
Fabien : Il faudra qu’il trie des trucs sinon on va aller en prison !
Fikce : Pour pédophilie…
Fabien : Tout ça c’est de l’amour !
Alex : Tu sais, à 13-14 ans, y a des nanas qui sont formées, qui ont leurs règles… après, la nature prend le dessus !

Comme disait Didier Super : « Ce n’est pas parce qu’on est pédophile, qu’on n’est pas amoureux« … Parlons de votre dernier album, « Accident n°7« . Mis à part le fait d’avoir un membre en moins, avez-vous changé quelque chose à votre façon de composer ?
Fabien : Déjà, niveau son, on a mis quelqu’un qui était à fond dedans.
Olivier : Quand on a sorti le premier album, on en était content. Mais un an après, on ne pouvait plus l’écouter parce qu’il y avait trop de trucs qui nous gênaient dessus. On ne voulait pas commettre ces erreurs, et on voulait aussi un truc plus musclé.
Fabien : De toutes façons avec une guitare en moins, on était obligé de faire un peu moins de mélodie et plus de puissance. On n’a pas l’impression d’avoir fait deux fois le même album.
Olivier : C’est un album qu’on a composé dans l’urgence. On s’est enfermé une bonne semaine dans la maison de vacances des parents de Jérémie, notre ancien batteur. Entre la création et l’enregistrement, on a passé 2 mois à ne faire que du Justin(e).
Alex : C’était bien, on était tous disponibles, on ne faisait pas autre chose en dilettante, on était à fond dans l’album. On était tous chômeurs à ce moment là. C’est bien tombé !
Fabien : On va bientôt faire un split avec Diego Palavas, il va falloir redéfinir des trucs.
Alex : Fikce n’a pas le même jeu que Jérémie, il tape plus.
Fabien : Ça va faire des compos avec des couleurs différentes, c’est cool.

Après le 1er album vous perdez un bassiste, après le second vous perdez un batteur… Un membre perdu par album, c’est le tarif chez Guerilla Asso ? Parce que Guerilla Poubelle fait pareil !
Fabien : Pour Guerilla Poubelle, c’est plus extrême. Il ne reste plus que Till !
Olivier : Et puis les départs ne se font pas pour les mêmes raisons.
Fabien : On s’entend encore très bien avec Jack (ndr : l’ancien bassiste) et Jérémie. Jérémie, je le revois toutes les semaines. C’est juste que ça les fatiguait de se mettre à dispo toute les semaines.
Olivier : Pour Jerem, c’est aussi parce que musicalement ce n’était pas trop son trip. Il a remonté un groupe qui lui correspond plus, qui sonne pop rock anglais.
Fabien : Les départs de personnes que j’aimais, ça m’a toujours plus ou moins suivi. Mais bon, ça se tient, ils ont de bonnes raisons. Ça n’empêche pas de bien s’entendre avec eux.
Alex : J’imagine que le changement de batteur c’est assez fréquent, surtout pour ce genre musical qui est assez (il hésite) chiant à la batterie. En tous cas je comprends qu’on puisse de lasser du poum tchac poum tchac au bout d’un moment.
Fabien : Fikce fait partie du cercle d’amis depuis longtemps, c’est lui qui a fait la pochette de l’album.
Alex : A la base, le punk n’est pas son genre de prédilection non plus.
Fikce : Je viens du métal, mais je commence à écouter pas mal de punk rock !
Olivier : Ça fonctionne bien avec lui.
Fabien : On essaiera de rester ensemble. Mais bon, s’il y en a un qui veut partir, il part ! N’est-ce pas Alex ?
Alex : Non, non, il suffit d’en parler, on trouvera des arrangements…

Je vais bientôt interviewer Uncommomenfrommars, Flying Donuts et Dead Pop Club. Vous avez une question à leur poser ?
Fabien : On était avec Flying Donuts il y a 2 semaines à Épinal.
Alex : Demande à Mimin (ndr: batteur de Flying Donuts)où était son problème de croûte.
Fabien : J’espère que son mariage se passe bien.
Alex : L’amour ne dure que 7 ans…
Fabien : Et surtout transmet lui mes félicitations pour le dernier album des Flying Donuts qui est énorme. J’ai entendu un des nouveaux titres d’Unco, ça a l’air pas mal du tout.
Alex : Fabien et Olivier sont ultra fans d’Uncommonmenfrommars.
Fabien : A l’époque de vote for me, j’avais les cheveux verts, je les voyais tout le temps. S’ils étaient à moins de 200 bornes de Nantes, j’y allais.
Olivier : La première fois qu’on les a vus, c’était complètement par hasard. Ça m’avait troué le cul, c’était la première fois que je voyais un groupe français jouer comme les américains.

Y a-t-il des sorties que vous attendez en particulier ?
Alex : On attend le prochain Stupeflip avec impatience ! L’album est en préparation…
Olivier : Il a eu des merdes. Je crois qu’il a eu beaucoup de mal à récupérer les droits de ses 2 premiers albums. Mais bon, maintenant, il a gagné.
Alex : Le prochain Nevrotic Explosion. Ok, ils ont splitté, mais on attendra quand même !

Dernière question : Coke ou pute ?
Alex : Moi je dirai la coke. Je n’en prends pas depuis très très longtemps, mais c’est assez intéressant comme drogue. C’est un peu comme un très gros café !
Fabien : Moi je dirais putes, parce que j’adore les filles. En plus c’est légal. Et puis la drogue, ça me fait peur.
Alex : Fikce il ne boit pas d’alcool, il ne fume pas, il ne prend pas de drogue, pour lui c’est pute d’office !
Fabien : Et Olivier, il ne prend pas de drogue et il est marié.
Alex : Je suis la seule personne à être un minimum rock’n roll dans ce groupe !

Merci à Fab et à Anne-Cécile d’avoir rendu cette interview possible