Interview ☭ Vismets

« Ca sonne un peu comme Ghinzu », voilà ce que beaucoup ont pensé de Vismets à ses début. Il faut dire que le parallèle est assez facile : comme Ghinzu ils viennent de Bruxelles, comme Ghinzu ils font un rock plutôt énergique et deux membres du groupe font partie de la famille de John Stargasm, leader de… Ghinzu.
Mais depuis plusieurs mois Vismets a sorti un premier album étonnamment éclectique et a écumé les clubs et festivals de France et de Belgique prouvant au passage une réelle puissance scénique. Rencontre avec Dan Klein quelques heures avant leur set à l’International.

Votre premier album « Guru Voodoo » est sorti en mai en Belgique et sortira le 18 avril prochain en France, peux-tu nous le présenter ?
C’est un album riche de plusieurs influences mais qu’on a voulu résolument rock. On y trouve des morceaux très punchy et d’autres très planants. On est des vrais fans de musique et on voulait restituer tout ce qu’on aime dans la musique. On voulait aussi y mettre un peu de poésie avec des textes plus sombres que ce à quoi on pourrait s’attendre.

Un EP était sorti il y a deux ans, on lit une certaine retenue quand tu en parles. Est-ce que tu le renies ?
Pour moi, il s’agit plus d’une démo que d’un EP. On a été obligés de le faire pour pouvoir démarcher les tourneurs et les clubs mais nous n’étions pas prêts. On jouait depuis très peu de temps ensemble, on ne savait pas suffisamment où on allait. C’est un peu embarrassant de l’avoir dans notre discographie car je ne le considère pas comme un produit fini mais dessus il y a une très belle chanson « Complex Silly » et rien que pour cela je suis content qu’il existe.

A l’écoute de cet EP, j’avais l’impression que vous aviez du mal à trouver l’identité propre à Vismets mais en écoutant l’album, j’ai trouvé qu’elle était très affirmée. Est-ce que le cheminement a été difficile pour trouver votre son ?
Je ne dirai pas que cela a été difficile mais nous avons eu besoin d’un certain temps de maturation. Aujourd’hui, notre identité est composée de 3 éléments : un rythmique dancefloor, une énergie méchante et en même temps une certaine sensibilité qui transparait à travers les textes. Tout cela est venu en jouant et en écoutant beaucoup de musique. On aime le rock, le psyché des années 60 à nos jours mais en tant que musiciens, on doit aussi utiliser les sons actuels à savoir l’électro qui est partout depuis 2-3 ans.

Je crois que Klaxons a été un déclencheur important dans cette démarche.
Klaxons m’a mis deux grosses claques avec les morceaux « Magic » et « Atlantis to Interzone ». Il est vrai qu’à la sortie de leur premier album, j’ai commencé à entrevoir la route qu’il fallait prendre avec un côté punk mais une batterie qui fait danser. Cependant, je pense que Klaxons n’a pas eu une influence directe sur le groupe, pas plus que d’autres en tout cas. Même s’il est certain qu’écouter Klaxons m’a donné envie d’écrire un morceau comme « Guru Voodoo ».

Et qu’as-tu pensé de leur second album ?
J’ai été assez déçu. Il y a de très bons morceaux mais dans la globalité, la sauce ne prend pas comme sur le premier. Je pense qu’ils ont trop tardé pour sortir cet album, ils se sont fait manger. Ils surfaient sur une certaine hype puis MGMT est arrivé et a pris le dessus d’autant plus que contrairement à Klaxons, ils ont rapidement enchainé sur leur deuxième album. Il est devenu difficile pour eux de revenir avec des morceaux aussi forts que sur le premier album.

Comme tu le disais, il y a beaucoup de clashs musicaux sur cet album, ça va du psyché à l’électro, en passant par un rock très direct. On passe également par différents rythmes, avec les interludes notamment. Comment as-tu défini la couleur et construction de l’album ?
Je ne voulais pas aller dans une seule direction car après tu es catalogué et on attend de toi que tu fasses toujours la même chose. Je voulais me laisser suffisamment de liberté pour pouvoir choisir la direction du prochain album. C’est pour cela que l’album est un patchwork de diverses influences retravaillées à notre sauce. Il y a effectivement des interludes car je voulais laisser des temps de respiration sur l’album et montrer un autre aspect. Au final, les morceaux calmes et ceux plus rock ne sont pas si différents, ils reposent sur une même base mélodique très acoustique, seul le traitement diffère ensuite. L’album me ressemble un peu en quelque sorte, j’aime autant boire des bières dans un club électro, qu’un thé en écoutant du classique chez moi.

Pourquoi avez-vous décliné une proposition de signature en France il y a 2 ans ?
On a effectivement eu une proposition de Roy Music il y a 2 ans qui est arrivée trop tôt. Je pense qu’on était tout simplement pas prêts et pas assez encadrés pour prendre cette décision. On avait un point de désaccord sur le contrat, on y a vu un signe nous indiquant qu’il ne fallait pas le faire. Entretemps, nous avons pris un manager en la personne de Christophe Waetens qui a une très grande expérience au sein du label Bang! et Roy Music est revenu vers nous pour la distribution de l’album.

Quelles sont ton approche et tes attentes du live ?
La scène reste le plus important. J’aime le travail en studio mais ce n’est quand même rien à côté du live. On l’a encore expérimenté hier, ça faisait plus d’un mois que nous n’avions pas donné de concert et vraiment c’était bon. Le live doit être très rock et aller vite. Je n’aime pas les groupes qui n’y vont pas à fond, qui sont sur la retenue, il faut y aller à fond ou pas du tout. Pour ma part, j’ai du mal lorsque le public n’est pas réactif et ne participe pas à l’ambiance du concert. Je suis quelqu’un d’entier et sur scène je donne tout donc j’attends la même chose en retour.

Quel souvenir gardes-tu de la date à Forest National en ouverture pour Ghinzu ?
Ghinzu nous a proposé de les accompagner pour ce rendez-vous très important car c’était la première fois qu’un groupe de rock francophone jouait dans cette salle. Pour nous, ce n’était que du bonus car notre album n’était même pas encore sorti. On était ultra flippés, le stress n’a fait que monter toute la journée et puis finalement on s’est dit que ce serait certainement la seule fois qu’on monterait sur cette scène donc autant s’éclater. C’est une salle tellement mythique pour nous, on a vu pleins de grands groupes là-bas comme les Red Hot par exemple. J’ai bloqué sur les toilettes des loges en me pensant à tous ceux qui s’étaient déjà assis là. Au final c’était génial, on a pris un énorme pied et le public a été très réactif, ça restera un très grand souvenir.

Ce soir vous jouez à l’International, vous êtes déjà passé ici en mars et j’ai entendu dire que c’était assez sauvage …
C’est une date qu’on cite systématiquement quand on nous parle de notre meilleure date en club. C’était incroyable, on n’a jamais vu un public aussi furieux que ça. On sentait qu’ils lâchaient beaucoup de frustration, certains se sont littéralement battu. C’est un souvenir incroyable, je ne pense pas que ce sera la même chose ce soir mais on va essayer de les faire bouger au maximum.

Vous êtes un groupe très ambitieux et assumez une imagerie très rock. Est-ce que tu comprends que certains puissent résumer Vismets à un groupe « à Ray-Ban », une bande de petits branleurs ?
Je me fiche de ce type de remarques et j’assume complétement notre image. On est ambitieux, on n’a pas envie d’être un groupe qui monte sur scène en regardant ses baskets et peu importe si cela dérange. Il y aura toujours des gens pour nous critiquer, mais quand je vois par exemple qu’on a rencontré les Dandy Warhols sur un festival cet été et qu’ils parlent maintenant de nous dans leurs interviews, c’est plutôt ça que j’ai envie de retenir. Je me dis qu’à la fin de la journée, il est plus important de se souvenir de la fête avec les Dandy Warhols que de ruminer ce qu’un mec peut écrire sur nous sur un blog que personne ne lit.

Tu as aussi un projet électro «Achtung and Garfunkel », quels sont tes plans de ce côté-là ?
Je mène ce projet avec l’ingé son de Vismets. On a beaucoup d’idées et d’envie sur ce projet mais pour l’instant on manque te de temps pour travailler dessus à fond. Il faut d’abord qu’on avance avec Vismets mais il y aura certainement une période où on se consacrera pleinement à ce projet.

Merci à Dan et Yvan