Arcade Fire avait entamé sa dernière tournée mondiale avec un scandale d’agressions sexuelles pour son chanteur Wim Butler. Départs des premières parties, fosses moins remplies et communications compliquées avaient ponctué ce parcours tumultueux. La suite du groupe nous arrive sans prévenir avec ce Pink Elephant aux envies de projet intimiste.
Derrière l’affaire, il y avait aussi un album en 2022 et WE avait partiellement rassuré sur les capacités restantes d’Arcade Fire à savoir nous enthousiasmer. Autant sur la durée avec des morceaux qui tournaient courts et dont l’ampleur et le coffre étaient trop souvent absents. Les refrains très gimmicks d’Everything Now avaient masqué la faiblesse, voire la paresse des mélodies mais ce serait injuste de ne pas pointer du doigt l’écriture du chanteur. L’après Reflektor semble long comme un jour sans bière pour le duo d’interprètes et participe fortement à cette sensation de redondance qui nous occupe les oreilles depuis 2017. Ce nouvel album est le digne héritier des sorties précédentes et portent les mêmes défauts, à savoir des titres qui se révèlent trop rapidement et dont l’intérêt est limité.
La pertinence de ce projet se trouve uniquement sur l’ampleur réduite des titres. Sans partir trop loin dans l’analyse de comptoir, on pourrait presque voir en amont de la création Wim Butler et Régine Chassagne recentrer leur groupe à l’échelle de leur duo afin de pouvoir perdurer. Dommage que cette optique n’ait pas eu un impact plus important sur la qualité de la composition des 10 titres de Pink Elephant. Toute la promesse, l’envie et la détermination du single Year of the Snake est vite évacuée à la découverte du reste de la tracklist. Morceaux s’étirant sans raisons, trois interludes sans relief et on peine à apercevoir autre chose que des démos ayant passé trop rapidement la porte du studio. Avoir embauché Daniel Lanoix à la production, habitué aux tubes avec Coldplay, U2 ou Depeche Mode n’aura pas aidé à transformer des squelettes trop décharnés. Bien au contraire puisqu’à part quelques sorties de route sur Alien Nation, ce disque coule comme un filet d’eau tiède. Patience et tolérance ne donneront pas plus de souffle à une série de titres ayant très vite tout dit et trop peu. Quasiment concentré à son duo de chanteurs, Arcade Fire peine à retrouver l’émotion ou le caractère épique qui les a amené à cette popularité. Au moins Age of Anxiety I arrivait à mêler balade, choeurs et synthés disco.
La conclusion Stuck In Your Head et ses 7 minutes essaient péniblement de devenir l’hymne qui n’arrivera jamais dans ce disque. Ca tombe bien, on ne l’attendait pas puisqu’on sait que ce groupe est parti depuis bien longtemps. A peine rendu à sortir deux titres valables par disque, à savoir tous les 3/4 ans, l’orchestre pourra toujours jouer ses tubes comme si de rien n’était puisque la foule est toujours là pour les écouter. Sans vouloir donner trop d’excuses à cet échec, on peut raisonnablement penser que le départ de Will Butler explique en grande partie le manque d’accroche sur les mélodies. Remplacés par The National en tant qu’ancien groupe indépendant désormais à la tête de tous les festivals, AF semble errer sous perfusion dans une bulle où seuls eux ont l’impression de ne pas avoir trop perdu en légitimité. Même si l’on s’en tient uniquement à la musique, cela fait plus de dix ans qu’il n’y a plus grand chose à en dire.