Life after Death From Above 1979 ✖︎ Documentaire

5 ans de réflexion.

En marge de leur reformation, les DFA 1979 ont eu envie de se faire suivre pour filmer ces retrouvailles après 5 ans de break. C’est la femme de l’un deux qui s’occupera de les filmer et de compiler le tout. Avec une structure respectant à la seconde près le cahier des charges du rockumentaire, le docu enchaîne donc rapidement les étapes obligées dans l’ordre : les débuts, l’arrivée du succès, les affres de la vie en tournée, l’éventuel split, la remise en question et le futur. En plus d’être trop conventionnel, on regrettera le format du film avec son heure et quart vraiment trop courte qui force tous les sujets à être hélas survolés. Comme le doc est dispo uniquement en vidéo à la demande, autant revenir dans le détail sur l’histoire de Death From Above 1979.

Sauvés par un bac à disques.

Sans surprise si vous aimez DFA 1979, il est très conseillé de se pencher sur ce film dans un premier temps grâce aux sempiternelles images rares et inédites. Des interviews du groupe mais aussi de membres des Strokes, de Justice, des Yeah Yeah Yeah’s et d’autres acteurs de la scène rock/électro de l’époque ayant pu les croiser. Dans les trouvailles, on aura envie d’aller écouter le projet solo de Jesse nommé Femme Fatale trouvable sur YouTube. Premier groupe où Sebastien l’a rejoint à la batterie. Lorsque les autres membres ont décidé de rejoindre la « vraie vie » et d’arrêter la musique, ils se retrouvent comme deux cons, les presques DFA glandent et jouent de la musique en fin de journée. Très vite, des morceaux prennent forme et un concert est prévu. Fruit du hasard, leur premier show est prévu le 12 Septembre à Detroit. En 2001. Comme l’actualité n’est pas au top aux Etats-Unis, des mesures de sécurité annulent ce concert. Par frustration, Jesse branche sa basse à la maison avec les moyens du bord, en joue comme une guitare tandis que Sebastien le suit à la batterie et au chant. Cette nouvelle façon de jouer donnera le groupe qu’on connaît. Énième conséquence inattendue de ce qu’on peut appeler le monde post 11 Septembre.
Premier vrai concert à Halifax sur les terres et c’est parti pour la reconnaissance du milieu avec le support du label Last Gang qui retrouve leur mini-album dans un bac, sorti du lot grâce à sa couleur orange, sa pochette et son nom de groupe improbable. Avec ce disque dès 2002, les premières parties avec les YYY’s sont fructueuses et les tournées démarrent… Pour ne jamais finir. Avec un premier album sorti en 2004, le duo ne s’arrête jamais pour pouvoir gagner en audience et gagner plus d’argent. Le succès est assez unanime et mondial : 100 000 copies vendues pour le premier disque, des fans transis au Japon et un feat avec le groupe brésilien CSS sur  » Let’s Make Love and Listen to Death From Above « .

La tournée des grands ducs.

En 2006, quelques mois après une tournée aux States en première partie de QOTSA et de NIN, le groupe annonce officiellement sa fin. Le duo ne se parlait plus : trop de tournées, pas assez de repos. Jesse est vite devenu alcoolique pour soutenir le rythme effréné et détestait cette vie. Quand on est deux, difficile de trouver une autre personne à qui parler quand on ne peut plus se blairer. Le split est donc inévitable et sera officialisé après quelques mois de pause. Au grand dam de leur label et de leur manager, persuadés que le deuxième album aurait été un carton. Une discussion de 4 heures à « pleurer dans leurs bières » et des mois de réflexions n’ont pas changé un constat : le duo ne peut pas continuer en l’état.

Là où le doc se marginalise, c’est dans sa présentation des deux nouveaux projets en complète opposition suite au split. Les travaux de Sebastian Grainger & The Mountains où sa plume émo s’étend et prend surtout plus de place avec un chant moins « strident ». Revirement étonnant, c’est l’EDM avec MSTRKRFT que choisit Jesse Keeler associé avec le producteur de DFA, Al P. On prend vite de l’empathie pour Sebastien, en rodage face au succès rapidement acquis par Jesse. Le résultat de tout ça nous revient en pleine gueule après les premières sessions de répét’ où le bassiste fait essayer sa nouvelle bagnole bardée de fonctions à son pote, qui lui a du manger quelques pâtes au lieu de se payer une grosse cylindrée. Ci-dessous un extrait des 2 avec au passage la différence criante de popularité par le prisme du compteur de la vidéo vue : 6 millions VS 65 000 !

Chacun son prix.

Après l’offre d’un festival reçue par leur ancien manager, Sébastien maile Jesse pour repartir en tournée. Il commence à répéter les parties de batterie dans son coin. Son ancien comparse accepte dans la seconde et reprend le manche dans son coin. Avec en ligne de mire, un gros cachet sûrement mais aussi un show à assurer en 2011 à Coachella sur la grande scène. Pour descendre la pression, ils veulent la jouer tranquillou au SXSW sous un chapiteau. Mais la foule amassée derrière les barrières le découvrent et les pètent pour voir le live. Ce qui pousse rapido les flics à arrêter le groupe au bout de 2 titres. Pour Coachella, le spot est massif, le duo semble bien s’entendre à 2 et est décidé à mettre en place leur envie : jouer parfaitement. En parallèle, leur réflexion sur leur statut est intéressante. Les DFA n’ont pas changé : même son, même chansons, même configuration en live et même mecs. Pourtant, sans ne rien sortir, ils ont réussi à décrocher un slot important dans le festival le plus prisé. 10 ans de pause où le culte n’a jamais désempli, à la grande surprise des premiers intéressés.

Le peu d’images montrées pendant le set et leurs ressentis après en disent long sur leur appréciation du concert : ils ont un peu foiré. Après la longue tournée de reformation, un petit break nous introduit vers The Physical World. Une scène de cours de chants, des scènes d’enregistrement et BIM, générique de fin. C’est sûrement ce qui a de plus frustrant et de symptomatique dans ce doc. Certes, ils affirment que jouer de de la musique ensemble n’a jamais été compliqué mais tout résumer en 2 séquences n’est pas satisfaisant pour ceux qui sont de l’autre côté de l’écran. Pour les avoir vus par 2 fois sur la tournée du dernier album, leur son a du mal à rendre les coups en live. En grande partie à cause du chant, difficile à tenir en même temps que la batterie. La vidéo ci-dessous en est un « bel » exemple.
Life After Death From Above 1979 vaut le coût. Surtout parce qu’il est faible, 3€ en le louant sur Vimeo. C’est sympa, on apprend quelques trucs et… c’est tout. Pour avoir parlé 3 minutes du doc avec le groupe lors d’une interview réalisée en 2014 à la sortie de leur album, j’avais l’impression d’avoir déjà vu le film rien qu’à l’évocation des scènes dont ils m’ont parlé. Peu de valeur ajoutée donc mais une chose est sûre : on croise les putains de doigts pour un troisième disque du groupe.