Shame ✖︎ Cutthroat

Lopocomar
4 min. de lecture
7.5
Tranchant et percutant

Les membres de Shame ont encore quelques années à patienter pour voir leurs 30 ans débarquer et pourtant, leur quatrième disque est devant nous. Cutthroat arrive alors que le groupe a passé l’année aux 4 coins du monde en compagnie des Fontaines D.C. afin d’assurer leurs premières parties. C’est maintenant à eux de reprendre la route avec un disque surprenant. Encore une fois.

Songs for Praise était marqué au fer rouge par le rock anglais : un premier essai d’une efficacité redoutable à la pochette reconnaissable d’entre mille avec en prime quelques classiques pour s’assurer que le public grossisse vite. La suite s’avérera plus tortueuse avec l’envie de déconstruire les morceaux, de les rendre plus longs, complexes et alambiqués. Si Drunk Tank Pink était maîtrisé, Food For Worms semblait être plus sur le déséquilibre dans ses compositions et des choix de production qui rendaient son entreprise encore plus brouillonne. Pour chaque disque, Shame s’accompagne d’un nouveau producteur et c’est ici John Congleton derrière les manettes. Homme au CV interminable ayant jonglé avec Lana Del Rey, Sharon Van Etten, Cloud Nothings et une centaine d’autre noms, il avait ici la lourde mission de retranscrire l’énergie live du groupe. Intention déjà présente lors du disque précédent pour un résultat mitigé. Canaliser des énergumènes comme ceux-là ne doit être pas une mince affaire puisqu’ils ont toujours envie d’en mettre plus et partout. Une tendance encore constatée avec des incursions nouvelles vers la country, le chant en espagnol ou une Axis of Evil et ses refrains à la Franz Ferdinand ! Plaster et ses touches mélodiques à la Weezer, les refrains à la Blur sur l’emballée et conquérante Cutthroat, on sent de nouvelles références intégrées à l’univers de Shame et leur manière de les intégrer est inspirée.
C’est encore une fois le guitariste Sean Coyle-Smith qui est derrière l’arrivée des touches électroniques bien senties de ce disque. Avec ces 12 titres en 36 minutes, ce quatrième album a le clignotant toujours allumé en fonçant à toute berzingue sur la voie de droite. A la fois très rock et avec de belles incursions pop et mélodieuses, c’est l’illustration d’un groupe qui décide encore une fois de ne pas choisir. Moins brouillon que son prédécesseur, il pourra cependant encore perdre ceux qui souhaiteraient que Shame se complique moins la vie et réitère l’immédiateté de son premier album.
Porté par l’envie de raconter des histoires souvent basé sur des personnages de se faire plaisir, Cutthroat ne réussit pas toujours ce qu’il entreprend mais déborde de la générosité de ces auteurs et c’est pour ça qu’on les aime.
Direct parallèle à son clip, l’album est une attraction cédant à toutes les tentations de ses auteurs. Usine à concerts, le groupe démarre sa tournée européenne bientôt et sera à La Cigale à Paris le 28 septembre.

Tranchant et percutant
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