The Pains Of Being Pure At Heart – s/t

Avant de lire cette chronique, il faut voir les choses en face. Je suis une jeune sans expérience, née à la fin du monde rock’n’roll du XX ème siècle; je n’ai jamais connu la grande épopée du grunge, ni l’explosion de la new wave; mais plutôt l’arrivée des Strokes (un peu), celle des White Stripes (un peu plus) et celle de The Kills (beaucoup). Alors le monde glacé du shoegaze, ça me dépasse littéralement. La plupart connait My Bloody Valentine, un style à coincer entre noisy pop, shoegaze et new wave (serrée de près à Robert Smith). C’est ça, une espèce de crème marron dégoulinante de guitares où s’entremêlent voix traînantes jamais énervées, ou presque. Et puis d’autres connaissent vaguement ou juste de nom Jesus & Mary Chain, un peu plus venèr’ sa mère sur les guitares saturées qui servent de murs du son infranchissables; les voix sont aussi calmes et traînantes, et ne collent pas toujours avec l’instrumentation cathédrale; c’est justement ça qui leur donne du charme. On peut considérer le groupe New Yorkais The Pains of Being Pure at Heart comme la version 00’s du revival du shoegaze des Jesus & Mary Chain, l’inspiration en moins. Cependant, ce groupe est assez spécial. C’est un quatuor aussi pourri qu’excellent, aussi rock’n’roll que populaire, aussi con qu’un poisson volant, une espèce de machine qui marche à reculons dans l’histoire et qui regroupe les plus grandes antithèses du cosmos.

Le modèle des morceaux est un bon modèle, il extériorise un son qui souffle l’insouciance infantile, l’insouciance du futur; cependant, durant tout l’album, c’est le MÊME son, les MÊMES murs de guitares légères, les MÊMES airs de ‘beautiful people’, les MÊMES histoires d’amours impossibles ou trop possibles (‘A Teenager In Love’, ‘This Love Is Fucking Right‘). OK, ils ont trouvé la formule de la potion magique, celle des petites chansons pop évaporées et candides à la douce odeur d’un dimanche après-midi ensoleillé, sous l’épaule de l’être aimé, une brindille d’herbe dans la bouche. Utiliser la même potion pour 10 morceaux, non. On s’en lasse, une impression d’inspiration éteinte se dégage entre les tempos similaires et ambiances de nostalgie commerciale. On s’ennuie, on s’emmerde carrément. C’est vraiment dommage, pour un groupe frais et bohème qui pourrait nous sortir de notre routine lassante. A noter que la dernière chanson de l’opus, ‘Gentle Sons‘, se démarque un peu (vraiment, un peu) du reste monotone.

Un bon CD pour les adultes qui regrettent leur adolescence frivole (ou qui ne l’ont jamais quittée).