Gliss – Devotion Implosion

Gliss le long des plages désertes, en chantonnant un récit savoureux entrecoupé d’expériences intimes, Gliss jusqu’à l’engouffrement dans un néant délectable; aussi délicatement qu’un coup de poignard. On peut parler d’un mélange des genres, ou plutôt d’un unique genre, transcendant. Un type d’émotion, sincère et sensuelle, qui taillade les murs d’une griffure innocente un rictus moqueur en guise de façade. La saturation croustillante pleut sur la voix excitante de Martin Klingman, enrobe son timbre exquis d’une brume anxiogène. La nervosité, la tension et l’érotisme de ce trio épouse tendrement le paysage calme & romantique d’une douce fin d’hiver tiraillée entre les perturbations climatiques.

Ici, rien n’est laissé au dépourvu; d’excellentes mélodies dégoulinent sur un fond bien fixé par une basse-batterie parfaitement accordées semblant être taillées dans le blues; tandis qu’une guitare énergique déboule et enfonce les ondes, rappelant de près ou de loin le shoegaze évaporé. La cohésion est parfaite, d’autant plus que les 3 musiciens, tous multi-instrumentistes, échangent leurs places au cours de l’album; cherchant continuellement à effleurer la perfection. Nettement plus énervé que les précédents, cet album ouvre la voie à de nouvelles expérimentations, où le volume et la reverb cathédrale sont souvent poussés au maximum. Très pro. Très finement retouché. Très entraînant. Carrément euphorisant.
Morning Light ‘ ouvre l’album, évoquant une vive chansonnette de Jesus & Mary Chain par son air insouciant et persuasif. Un excellent début, un son pluvieux et éraillé, fendu d’une mélodie qui s’installe rapidement dans la tête. ‘ 29 Acts Of Love ‘, résolument pop à guitares; crache sur les valeurs pourries du rock formaté, en résulte un morceau lubrique et désinvolte avant que l’album plonge dans un énorme trip sous psychotropes sechement relevé par un refrain militaire et traînant (‘ Sleep ‘). L’excellent ‘ The Patrol ‘ emporte le groupe à son paroxysme; écrasant aisément leurs homologues.

On en arrive à un point où survient le fameux : ‘ Que peuvent-ils faire de mieux que ça ?