Weezer – Raditude

Raditude, c’est un peu l’album lycéen de Weezer pour faire la fête. Une fête de fin d’été avec de chaleureuses retrouvailles entre potes, les compte rendus des amours de vacances, de la glande estivale mais aussi le pote bourré trop tôt, la fille qui a beaucoup changé depuis juin, le pétard qui fait mal et le retour du grand amour.

Raditude, c’est un peu l’American Pie de Weezer. A savoir un disque qui se laisse regarder écouter, qui contient des moments jamais subtils mais fortement marquants au niveau de l’inconscient aussi bien qu’un nombre incalculable de blagues lourdes, certaines très drôles, une trame aussi solide que des chips avec ce qu’il faut de gras. L’ineptie dans Raditude est monnaie courante : le featuring de Lil’Wayne sur ‘Can’t stop partying‘ (le pote bourré), une balade sous influence Ravi Shankar (le spliff qui tape), les chansons nazes (‘In the mall‘ ou j’ai rien glandé cet été) et surtout le retour en fin de disques de grosses harmonies de guitares à la Scorpions (merde j’ai perdu au caps) comme celles qui ont fait toute l’horreur du groupe depuis le Green album. Mais Raditude possède aussi les meilleurs moments de Weezer depuis Pinkerton : ce nouveau single « (If you’re wondering if I want you to) I want you to » qui semble s’imposer de plus en plus comme le meilleur single du groupe depuis « Hash pipe » (ceux qui citeront « Porks and beans » prouveront à la fois qu’ils n’ont pas d’oreilles et que, suite logique, ils n’ont jamais entendu un bon single de Weezer). Et le début de Raditude est plutôt très convaincant : pas de grosses guitares, des harmonies très 50’s dans l’âme, des mélodies instantanées. Weezer nous offre un début de disque simplissime, pour faire la fête (très bons ‘The girl got hot‘ et ‘I‘m your daddy‘ dont les évidences mélodiques font oublier l’aspect « j’ai quarante piges mais on va faire comme si j’en avais 17 et demi’). On n’atteint jamais de très hautes sphères, exception faite du définitif « (If you’re wondering if I want you to) I want you to », mais il y a au moins 4 bonnes chansons sur Raditude, ce qui n’est pas loin d’être plus que sur toute la disco du groupe depuis 10 ans et fait de Raditude leur album le plus écoutable de la décennie.

Cela dit en filant la métaphore American Pie, malgré les quelques réussites, c’est la vacuité du projet qui l’emporte. Raditude est l’album roue qui tourne de Weezer : depuis le Green Album, les américains font n’importe quoi et sont soutenus corps et âmes par leurs fans, on en connaît même qui aiment Make believe… Aujourd’hui, sur quelques titres uniquement, Weezer retrouve son vrai intérêt mais pas de bol, tout le monde s’est passé le mot, Weezer n’est plus dans le coup (ce qui finalement en dit long sur la qualité des dernières sorties du groupe) il faut détester et mépriser. Dommage pour un disque contenant leur meilleur single de la décennie. Raditude se déguste donc comme American Pie, on zappe dessus on laisse un quart d’heure, se vit comme un souvenir de fête de lycée, on garde les bons souvenirs, on oublie le pote bourré, exit l’inévitable drame adolescent du soir et on se rappelle de la fille, de ce qu’on a ressenti lorsqu’elle est apparue dans la pièce.

Raditude, un album pour se souvenir pourquoi on a aimé Weezer.

PS : un gros bisous à Marku