Sweethead – Sweethead

Sweethead. Pas le titre de Bowie dont s’inspire le nom du groupe, mais l’association de Troy Van Leeuwen et de la plantureuse Serrina Sims. Ajoutez ensuite le bassiste et le batteur qui officient déjà avec le Mark Lanegan solo (Eddie Nappi et Norm Block), Sweethead est en place. Quand les Queens Of The Stone Age ne bossent pas, chacun y va donc de son projet à lui : on a eu le jeu écrasant des Them Crooked Vultures, que propose alors le duo Van Leeuwen / Sims ?

Loin de la surpuissance du supergroupe de son collègue Josh Homme, Troy Van Leeuwen présente avec Sweethead une atmosphère plus humaine. Un truc de côte ouest, sans grosse étiquette à coller dessus, un rock crade, frais et décomplexé très simple à approcher. Les compositions, bien que correctes et soignées, ne proposent rien qui révolutionnera les prochaines décennies. En partant comme ça, on se dit alors que Sweethead n’est que le caprice d’un Troy désireux de créer son side project, mais que le tout n’apporte rien de bien nourrissant. Ce serait sans compter sur la particularité du groupe : la chanteuse.

Serrina Sims est bien l’atout majeur du projet : un charme et une présence qui plongent le groupe dans un bain de décontraction et de romantisme californien façon Hank Moody. Elle parcourt sur les titres de l’album différents registres, de la douceur extrême, grave et ronde, capable de faire vaciller un Lemmy Kilmister, jusqu’à un son cassé bien plus proche de Kurt Cobain que de Jennifer Ayache. La guitare crade et bruitée, couplée à des lignes de basse tout en finesse sont les bornes entre lesquelles voyage ce chant toujours sexy. Les instruments ne font ainsi que le mettre en valeur, un bel écrin pour une jolie poupée. L’atmosphère qui se crée alors rend le groupe très proche, presque palpable. Comme un fantasme avec une demoiselle inconnue croisée et observée quelques instants, l’imagination fait le reste et la belle Serrina apparait, gémissant ses ‘I like You, I like You, I like You so much’. L’émotion est présente. C’est réellement le charme de Serrina Sims qui fera apprécier Sweethead. Ses murmures et son timbre sensuel donnent tout leur relief aux compositions, qui prennent toute leur ampleur pour habiller la dame.

Sweethead permet à chacun de s’imaginer pendant quelques instants aux bras de cette fille rock’n’roll dont on a toujours rêvé : douce, sauvage, rugueuse et imprévisible, indomptable mais fragile. Sans prétention et en toute simplicité, le groupe aligne les chansons et les ambiances, en gardant un ton constant sur tout l’album, humain, sensible et rafraichissant.