Paul Weller – Wake up the nation

On n’attendait pas spécialement ‘22 dreams‘ et la première écoute nous a mis à genoux. On attendait à fond ‘Wake up the nation‘ et la première écoute nous a laissé un drôle de goût. Inachevé, inconstant, un enchainement de chansons très courtes, rapides, nerveuses, pleines de collages sonores un peu zarbi mais pas trop, ‘Wake up the nation‘ n’est guère convaincant à première écoute. Pourtant, très rapidement, l’ambition de Paul Weller se révèle. Loin de lui l’idée de capitaliser sur le succès de ‘22 dreams‘ et son ambiance pré-raphaélite, le modfather vient de sortir un album urbain, plus audacieux même si moins varié, quoique… Avec 16 chansons courtes (on dépasse rarement les 3 minutes), rapides, nerveuses, pleines de collages sonores un peu zarbi mais pas trop. Ni la récente perte de son père manager ni la séparation d’avec la mère de ses enfants n’ont changé une composante essentielle de Paul Weller : il reste un type en colère. A cet égard, les deux premiers titres teigneux rassurent, papy peut toujours nous foutre une bonne branlée. Annoncé comme un album « politique avec un petit p », comprendre pas comme Greenday, on est ravi de l’entendre faire son Ray Davies quarante ans après ne comprenant plus trop le monde dans lequel il vit (« get your face off of facebook and turn off your phone, the death of the postbox, nowhere feels home ») et visiblement peu soucieux de devenir sir un jour (« the fuckers in the castle they’re all bastards too »). Musicalement, l’album est plus concis que le grand frère mais Weller ose toujours plus d’audaces de construction (le mille feuille « Trees »), soniques (l’excellent « 7&3s is the strikers name » avec Kevin Shields, le piano très Mike Garson de « Fast car/slow traffic », le planant « In Amsterdam » ) et peut toujours sortir l’air de rien une merveille de balade 60s (« No tears to cry » et son pont à se damner), un titre soul 70s black exploitation (« Aim high »), des couplets britpop (« Grasp and still connect ») ou l’hymne que Noel Gallagher tente en vain depuis 15 ans (« Find the torch, burn the plans »). Toutefois tout n’est pas toujours éblouissant et on notera une ou deux facilités comme les refrains interchangeables de ‘Fast car/slow traffic‘ et ‘Grasp and still connect‘ et, c’est là ou ‘Wake up the nation‘ passe ou casse, l’aspect zapping de chansons courtes peut se révéler frustrant tant elles stoppent souvent avant leurs espérés grands moments. Cependant, quand ça passe, ce ‘Wake up the nation‘ montre que Paul Weller reste un type capable de sortir un album audacieux, allant volontairement briser l’harmonie qui faisait le succès de ‘22 Dreams‘ histoire de voir comment ça se passe ailleurs. En cela, le modfather est un type incroyablement moderne. This is the modern world et la bande-son vient d’arriver.