The Coral – Butterfly House

Lu souvent et à propos de tellement de choses : il existerait deux catégories de personnes, ceux qui aiment The Coral et les autres. Sous entendu les élus et les merdeux. Un peu comme on distingue la catégorie des gens qui aiment Mireille Matthieu et les merdeux. Résultat, nous sommes tous un peu élus et merdeux, la tête dans les étoiles, les pieds dans le caniveau disait O. Wilde. Du point de vue des fans de The Coral, l’auteur de ces lignes serait un élu. Le dernier ‘Roots & Echoes‘, l’album qui vous fait aimer le prénom Jacqueline, montrait le groupe muter vers un songwriting pop classique parfaitement capté à l’époque par le chanteur James Skelly en ces termes : « Hello Burt Bacharach, goodbye Lee Mavers ». The Coral signait en 2007 un album automnal composé de chansons majoritairement parfaites à la douce mélancolie héritée de chansons comme ‘Here comes the sun‘ ou ‘Everybody’s talking‘. Souvenir personnel : l’album passait chez le seul disquaire valable amiénois et pendant ‘Put the sun back‘ le vindicatif patron nous disait l’air désolé que c’était un drame qu’un aussi bon groupe ait aussi peu de succès. A cette époque, The Coral ouvrait pour les agaçants Arctic Monkeys, le monde à l’envers quand on sait que totalement et terriblement traumatisé par ‘Roots & Echoes‘, le petit Alex Turner a depuis décidé de n’écrire que des balades…

Toujours aussi peu glamour, toujours autant chéri par le canard pour vieux Mojo, The Coral lance ces jours-ci son 6ème album Butterfly House. Qui déçoit. Le principal reproche est le suivant : The Coral continue dans la voix du précédent. Fort bien dira le subtil lecteur puisqu’il est soi-disant super. Sauf que ‘Butterfly house‘ prend une tangente middle of the road déjà tangible sur ‘Roots & Echoes‘ mais qui passait grâce à la grâce de ses compositions. Ce dernier était l’album de la maturité dans le bon sens du terme (=maitrise d’un talent sublimé), ce nouveau disque est l’album de la maturité au sens péjoratif du terme (=on a la formule, on ne se casse pas le fion). ‘Butterfly house‘ sonne terriblement convenu, la folie de The Coral semble presque totalement évanouie, et sa personnalité propre avec. Exit les fous dans le désert, le mec qui rêvasse dans sa piaule d’ado ou le passe-partout, les anglais livrent un disque à la maitrise remarquable mais dénué de délire, au sérieux lénifiant, et pire sans vraies grandes chansons. Tout le disque paraît un pale décalque mélodique des guitares du formidable ‘Jacqueline‘ et des lignes de chant de ‘In the rain‘ et bien que les arrangements soient toujours aussi parfaits malgré le départ de Bill Ryder-Jones, The Coral se répète mais en moins bien. Bien sûr le talent pop 60s du groupe reste pratiquement sans équivalent actuel et en fouillant, on trouvera quelques bouées de sauvetages. ‘Butterfly House‘ est à l’image de toute la discographie du groupe un grower, plus on écoute plus on aime, et les derniers titres font reprendre des couleurs mais reste ce sentiment de vieillot, de pantoufle, d’unité pénible (le disque est de loin le plus cohérent du groupe, merci /à cause de John Leckie ?), d’anglais à peine trentenaires jouant comme des quinqua.