SuperHeavy – SuperHeavy

Selon Wikipédia, supergroupe, ou all-stars band, est un terme né à la fin des années 1960 pour désigner un groupe (de rock à la base) formé de musiciens ayant déjà acquis une certaine notoriété au sein d’un ou de plusieurs autres groupes. Il peut s’agir de formations éphémères, où des musiciens actifs dans des groupes à grande notoriété s’associent pour jouer ensemble le temps d’un album ou de quelques concerts.
Préférons le terme all-stars band. Supergroupe est un mot trompeur qui implique que le groupe en question est de fait supérieur à tous les autres. C’est vraiment pas le cas de SuperHeavy.

Qui sont ces gens ?

Comme dans une série typiquement américaine, le groupe se compose d’un soi-disant excentrique, d’une potiche, d’un black (rasta en plus) et d’un gars qui la ramène pas trop mais que tout le monde respecte. Une sorte d’Agence tous risques.
Dans l’ordre d’apparition, Mick Jagger a une carrière qui mérite qu’on l’appelle monsieur. On se demande ce qu’il fout dans un tel groupe. La réponse se chiffre en dollars, mais la question mérite d’être posée. Les Rolling Stones étant devenus un ventre mou après quelques années d’existence, ça fait déjà longtemps que Mick n’a plus rien d’intéressant à offrir.
Que dire d’intéressant sur Dave Stewart quand on sait que Eurythmics est déjà un bagage sans intérêt pour faire partie d’un all-stars band ?
Joss Stone est la potiche de service. Elle n’a aucun talent, mais a des seins et est lesbienne. Ca faisait l’affaire.
Damian Marley, lui, est quelqu’un d’haïssable. Ces propos de l’écrivain russe Dostoïevski à propos d’un de ses personnages dans Crime et châtiment lui siéraient à ravir : Il appartenait à cette légion innombrable et multiforme d’individus triviaux, de ratés sans énergie et de personnages entêtés et de sots dont la demi-instruction mal digérée les pousse à s’accrocher instantanément à la dernière idée à la mode pour la ravaler aussitôt, tourner en un clin d’oeil en caricature tout ce qu’ils servent parfois même le plus sincèrement du monde. Le fils de Bob Marley n’a pour lui que le nom de son défunt père, le seul être de l’histoire méritant qu’on s’intéresse à sa musique, le reggae. Les autres, Damian inclus, sont des caricatures qu’on ne cesse de porter aux nues pour… Mais oui, pourquoi ? En ce qui concerne la culture jamaïcaine, regarder Usain Bolt courir sera toujours plus fascinant qu’un rasta dans ses oeuvres philosophiques de comptoir de coffee-shop.
Vu que cette bande de touristes aiment la musique indienne, Allah Rakha Rahman, qui a signé la BO de Slumdog millionnaire, les a rejoint. Comme ça.

Une blague courue d’avance

Oui, SuperHeavy est un groupe qui a été créé comme ça. Leur musique n’évoque rien car elle a sûrement été composée comme ça, au bout de quelques jams désintéressés, à moins que ce soit l’impression qu’un musicien donne quand il n’a pas de talent. La blague était courue d’avance : SuperHeavy, c’est super lourd, et pas dans le bon sens familier du terme. Le groupe tend la perche en pensant qu’on s’en servira comme étendard pour les célébrer, alors qu’il vaudrait mieux les frapper sèchement avec.
La chose qu’il faut retenir, c’est que le groupe n’a pas d’identité. À l’écoute de l’album homonyme, on n’a plus l’impression d’un vague consortium de personnalités différentes que d’une solide entité qui a bien digéré ses jams. La composition a du se faire à base de copier/coller. Mick Jagger fait du Rolling Stones, accompagné par les moues r’n’b de Joss Stone sur une musique alliant le reggae vulgaire de Damian Marley, les quelques notes au tandoori de Rahman et les riffs impersonnels de Dave Stewart.
Marley ne manque pas de rappeler qui sont les membres de SuperHeavy dans l’introduction de SuperHeavy appelée… Superheavy. Comme un vrai chanteur de r’n’b. Marrant ça, il a pourtant le look d’un rasta. Et moi qui pensait être trop sévère en le traitant d’imposteur. Les riffs typiques du reggae (accords barrés joués à contretemps, avec un son clean la plupart du temps) qui ont littéralement envahi l’album, notamment avec le… single, Miracle Worker, sont de lui. On se demande si le port de poulpe sur la tête est nécessaire pour écrire ce genre de choses. Les fans ne se posent jamais ce genre de questions, ils sont trop occupés à déifier leurs idoles. Dave Stewart y va de ses mélodies héritées de la new-wave et de ses solos imbouffables (Rock Me Gently) pour ponctuer le disque. Rahman vient faire coucou sur Satyameva Jayathe et Mahiya, et c’est tout. Il avait piscine, dans celle qu’il s’est offerte avec sa commission.
On ne peut pas dire de SuperHeavy qu’il est mauvais, pour la bonne raison que le groupe donne peu de choses concrètes à critiquer dans sa musique. Que les membres soient renommés ou pas n’a aucun sens dans cette cacophonie. À l’image de Chickenfoot, SuperHeavy tricote pour se donner contenance, et ça donne un brouhaha de personnalités musicales opposées contents de leur crotte comme un enfant de 6 ans. C’est normal de crâner à l’école de musique, mais pour l’instant personne n’a la voix assez portante pour leur dire de se taire et d’organiser leur souk. Qu’une musique soit multiculturelle n’implique pas sa qualité.