Protomartyr Agent Intellect chronique

Protomartyr – The Agent Intellect

Découvert l’an dernier, Protomartyr et son nom à faire pâlir un festivalier du Hellfest avait fait les beaux jours de 2014 avec un très bon deuxième album et un set remarqué à la Route du Rock. Déjà de retour avec 14 chansons une année plus tard, ils sont là pour un coup de maître.

Rares sont les moments où ce brave Joe Casey sait se taire et ce n’est pas grave. Avec son chant à côté et très bavard comme les contemporains de Ought, c’est lui l’ossature de Protomartyr, du choix de la formation, aux propos tenus et c’est aussi le premier contact avec sa voix qui frappe. Sa nonchalance feinte est en totale opposition avec le travail appliqué sur ses paroles et son flow.

I Forgive You‘, son introduction jouissive et ses guitare à la Strokes nous rappelent au bon souvenir des porteurs de Converse et constitue un excellent morceau. Parmi tant d’autres. A tel point que chercher à les identifier reviendrait à énumérer quasiment la totalité de la tracklist.* Les intros sont percutantes, les morceaux s’étirent et bénéficient de structures aussi intriguantes qu’abouties. The Agent Intellect est une sorte d’énigme punk se révélant peu à peu, sans jamais se dévoiler totalement. Son emprise sur vous est réelle et passé les premières écoutes, on souhaite vraiment s’y plonger et se laisser happer. Encore et encore. Le grower est définitivement
là, bien qu’il ne faille pas une dizaine d’écoutes pour comprendre qu’on a ici une petite pépite.

Pour la forme, ‘Pontiac 87Dope Cloud‘ ou ‘Clandestine Time‘ sont autant de brûlots méritant l’attention de vos oreilles. Tout comme la géniale et sulfureuse ‘Uncle Mother’s‘ ou la tuerie qu’est ‘Why Does It Shake?. Elle est le premier extrait partagé et elle résume bien le disque : des guitares affutées une batterie pas là pour niaiser un second souffle à la moitié du morceau et un refrain ancré dans nos têtes. Seule la fin du disque decélére avec deux titres plus exigeants ce qui n’en fait des poids morts pour autant.

Un album envolé furieux multiple copieux et vindicatif. Si le disque précédent nous avait convaincu de la pertinence de Protomartyr leur dernière création moins abrupte et plus mélodieux les placent bien haut dans la liste des groupes qu’on surveille maintenant avec précaution et abnégation. Un son sérieux grave où l’intensité et la violence n’ont d’égales que la qualité des compositions : un incontournable de l’année et sûrement LE meilleur disque de 2015.

*Et merde on a fini par citer la moitié du disque en 3 lignes.