Anthony Green – Beautiful Things

vm5
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J’avoue, je ne l’avais pas vu venir cet album. Anthony Green avait peu communiqué sur l’enregistrement de son nouvel album solo et puis boum ! Second skeud annoncé, Beautiful Things que ça s’appelle, exercice périlleux que l’album solo pour un chanteur d’un groupe en train de se faire une place au soleil (si,si, ça monte, ça monte Circa Survive), même du point de vue d’un fan amoureux.

J’avoue que ma plus grosse crainte avec cet album depuis le dernier Circa Survive, c’était l’effet papa. Mais si l’effet papa ! Celui qui a poussé Tim Burton à faire des films de papa comme Big Fish ou encore poussé Kevin Smith à faire l’immonde Jersey Girl ! L’effet papa quoi, je suis sûr que vous en avez plein des exemples de ce type. Il faut dire que Green avait été pas mal éprouvé lors de l’enregistrement du dernier Circa Survive puisque sa femme avait fait deux fausses couches. La troisième fut la bonne et si j’en parle c’est qu’effet papa oblige, on a bien évidemment droit aux chansons de papa Green comme Love You No Matter What oú le jeune père déclame son amour à sa chère tête blonde même si celle-ci vient à vomir comme pas permis dans le lit, et même qu’il y a une seconde chanson qui s’appelle carrément Jame’s Song aux accents acoustiques mais qui prend moins des allures de comptine que ce que l’on pourrait craindre. Bah non pour ça, y’a carrément le titre Lullaby qui est donc… une comptine. Mouais.
Hormis ces titres plus ou moins passables, le bel apollon claque quelques titres sympas tels que If I Don’t sing, Get Yours While You Can, Big Mistake ou encore Can’t Have It All At Once qui figurent parmi les titres les plus rock de ce disque.
Les accents folk du premier album Avalon semblent bien loin puisque le registre se fait plus discret avec de rares accents de ci de là (seule Moon Song l’assume complètement) et si Anthony livre finalement un album composé de différents styles entre acoustique et électrique (voire planant comme sur When I’m On Pills), celui-ci souffre de fait d’un manque de cohérence voire de rythme. J’avoue que je cherche encore pourquoi le titre a cappela Do It Right a été placé en seconde position. Cette rupture ultra osée en début d’album marque très clairement l’assurance d’un artiste enfin bien dans ses godasses mais qui, pour le coup, prend un risque pas forcément payant. Alors cet album en l’état, je le trouve sympa même si aucun titre ne ressort totalement comme un tube ultime. Mais le plus étrange est que le meilleur de Beautiful Things est constitué par les titres bonus ! Oui, la version deluxe vendue sur iTunes où les featurings tutoient le très bon voire l’excellent. Je zappe les démos qui, si elles sont sympas pour le fan absolu que je suis, n’apportent rien en tant que telles, par contre je peux vous assurer que le reste valait plus que le coup d’être acheté. Ainsi le frontman d’amour se paie le luxe d’un duo avec Chino Moreno sur le titre Right Outside qui marie à merveille les voix de ces artistes que, jusque-là, rien n’avait amené à bosser ensemble. Ce titre, de prime abord gentillet, est basé sur une rythmique plutôt cool et finit par se révéler véritablement plaisant appuyé qu’il est par une prod’ réussie. Mais LE titre de l’album est finalement Only Love chanté en duo avec Nate Ruess dont la voix si particulière fait merveille de par son contraste avec celle de Green. Rythmique mesurée mais rondement menée, difficile de ne pas succomber, l’apollon nous achève d’ailleurs avec une acoustique enlevée Can’t Be Satisfied dans laquelle s’incruste très justement la chanteuse Ida Maria. Même son ami et guitariste de Circa, Colin Frangicetto se place le temps d’un second titre (après How It Goes) sur le somptueux Soul 4 My Soul. Preuve que dans le domaine des collaborations, Anthony semble vraiment très à l’aise (petite pensée pour la formation The Sounds Of Animals Fighting).

Au final, cet album ressemble un peu à Avalon dans sa structure, un disque un peu fourre-tout lorgnant cependant bien moins sur la folk, ce qui n’est peut-être pas plus mal vu certains des titres rock livrés ici, reste que l’album pêche par son manque de cohérence et loupe franchement le coche en laissant les meilleurs titres au rang de titres bonus. Ceci dit, on ne peut reprocher à Anthony Green un manque de sincérité. Ici, les paroles reflètent un artiste à fleur de peau, vivant son art de bout en bout et s’appuyant largement sur un entourage de proches précieux à ses yeux. Sincère et généreux, il est de fait impossible de lui en vouloir sur certains points tant l’album est honnête et ne comprend au final pas de gros défauts, juste le manque d’un fil conducteur (répondant peut-être au nom de Circa Survive). Comptez un demi-point supplémentaire sur la note finale si vous venez à acquérir les titres bonus.
À part ça, il est toujours aussi beau.

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