Paul Banks – Banks

Paul Banks n’était pas dans une bonne dynamique. Ses deux dernières sorties sont loin d’avoir séduit public et critique. En solo, son Julian Plenti n’a marqué que par sa fadeur. En 2010, Interpol a frôlé le split avec son éponyme en perdant son bassiste, son remplaçant en pleine tournée et en laissant un quatrième rejeton peu inspiré. Après ce constat réjouissant, cet album ferait presque figure de miraculé.

Avec la catchy The Base péchue aux changements de tempo bienvenus et Young Again, le new-yorkais s’est armé de singles pour attirer le chaland. La bonne surprise, ce sont les changements d’ambiances inattendus, des twists musicaux qui deviennent des habitudes comme celui qu’on peut entendre dans la deuxième moitié d’Arise, Awake, passage aux arrangements soignés. Ca n’empêche pas les sorties de route comme la limitée I’ll Sue You qui pêche par des refrains pauvres malgré une structure intéressante ou encore Over my Shoulder et Paid for That, plus proche de Skycraper, qui ne resteront pas longtemps dans nos oreilles. Parfois c’est comme si l’autre alter ego de Paul Banks, le DJ Fancy Pants, venait taper à la porte pour un morceau à part (Another Chance) uniquement constitué d’un sample de voix et d’une petite ritournelle, un titre collant bien à une bande-son d’un film mais qui ici agace un peu. Au contraire, la solide instrumentale Lisbon en a sous le pied même si elle s’affranchit de la voix de son maître.

Summertime is Coming finit l’album en calmant le tempo sur sa dernière minute. Pas une mauvaise idée vu que les pistes précédentes ont tendance à brouiller l’auditeur avec une avalanche de sons à l’image des voix doublées de No Mistakes. Si Banks pense à la suite en solo, il serait bon de creuser dans cette voie plus posée et appropriée à son timbre.

Avec cette seconde parenthèse solo, Paul Banks en profite pour prendre l’air et nous en donner aussi. Bien sûr, il garde les caractéristiques propres au bonhomme avec un timbre de voix toujours aussi grave et des sonorités mélancoliques.Les sons sont parfois différents, il y va à tâtons et ne sort pas trop de son propre giron mais c’est suffisant pour nous étonner et plus important : nous convaincre. On sent malgré tout qu’il continue à chercher sa zone de confort entre des morceaux à la Interpol et des expérimentations pas toujours bien senties comme ces insertions gonflantes de dialogues de films sur Arise, Awake et Another Chance . L’ensemble manque peut-être aussi d’équilibre dans la tracklist, avec une première moitié nettement plus digeste que la deuxième. Cependant en remettant les choses à plat, l’ami Paulo signe un disque à son effigie : discret mais élégant.