Pour son dixième album, Shannon Wright a décidé de faire comme d’habitude. Pas de revirement folk complet -comme auraient pourtant laissé penser certaines de ses dernières sorties-, pas de post-drone ennuyeux non plus et encore moins de featuring avec Dave Grohl. In Film Sound n’est autre qu’un dixième échantillon de l’ADN Wright c’est à dire des riffs secs à la gratte un rythme lent et lancinant un son lourd et surtout une déprime inhérente à son entière carrière. Comme si cette pauvre femme n’avait connu que des histoires d’amour qui finissent mal des désillusions. Une sorte de Nikola Sirkis quoi mais avec des couilles.
Parce qu’il ne faut pas oublier qu’autour de ce coeur de noirceur et de mélancolie il y a une couverture brute de décoffrage DIY jusqu’à l’os bourrée de violence. Noise Parade en intro pose d’ailleurs le tableau (et les couilles sur la table) : ça va claquer mon gros. Un riff bien sale affûté dont elle a le secret une batterie lente qui percute le tympan à chaque kick et la basse grinçante qui donne encore plus de crasse au tout.
A partir de Who’s Sorry Now? ballade aussi joyeuse qu’un dimanche matin à l’église – même si l’on entend probablement les mélodies les moins sombres de l’album – on part sur une rythme plus lent plus proche de ses escapades folk. Le piano fait son apparition sur Bleed qui chantée par Amy Lee aurait tout d’un hymne aux emos laissant pendre leurs poignets lacérés. Deux chansons pour souffler avant de repartir se mettre la corde au cou dans une cave humide et poussiéreuse en tapant du pied sur le tabouret. Le final apocalyptique de Mire annonce toute la fin d’album froide et tranchante comme un cutter. Avec en point d’orgue l’extrêmement juste Surely they’ll tear it down qui se place en quasi-single avec ses mélodies de qualité reprenant tous les ingrédients qu’on aime chez Shannon. Avant de finir sur une outro qui rappelle Yann Tiersen avec qui elle a partagé un album.
Continue de déprimer Shannou on s’abreuvera toujours avec plaisir de ton malheur.