The Electric Soft Parade – Idiots

C’est écrit sur le disque : Thomas et Alex White, le noyau dur d’Electric Soft Parade, sont des idiots. Et beaucoup semblent le croire depuis que les deux frangins ont préféré faire les disques qu’ils voulaient plutôt que de se laisser déborder par l’ouragan médiatique. Aux couvertures du NME se sont succédés les concerts intimistes et les nominations au Mercury prize ont laissé place aux ventes confidentielles. Pour autant la musique d’Electric Soft Parade ne fait qu’aller vers de nouveaux sommets. Le début ‘Holes in the wall‘ était le feel good record de l’été 2002, la suite ‘The American Adventure‘ (2003) était la confirmation qu’un grand groupe avec de grandes chansons était né (franchement, ‘The Wrongest thing in town‘, ‘Lose yr frown‘, ‘Bruxellisation‘, ‘Chaos‘…) et ‘No need to be downhearted‘ (2007) était leur disque le plus cohérent. 6 ans après sort ‘Idiots‘ qui montre un nouveau pallier dans le songwriting des frères White. A l’image du single ‘Lily‘ sorti à l’été 2011, ce nouvel opus montre une finesse d’écriture et d’arrangement jusque là inédite. Des harmonies de guitares très Fountains of Wayne de l’ouverture ‘The sun never sets around here‘ à la psychédéliquement sombre ‘Welcome to the wierdness‘, les frangins cisèlent 10 titres aussi variés que cohérents. Équilibré, Idiots jongle entre la pop catchy dès la première écoute (‘Summertime in my heart‘, ‘Lily‘, ‘The sun never sets around here‘) et les subtilités plus longues en bouche (le délicat ‘Brother you must walk your path alone‘, ‘One of those days‘, ‘Idiots‘) et au milieu de tout ça, Electric Soft Parade lance l’air de rien ‘Mr Mitchell‘, la cousine Kinks-esque de la McCartney-esque ‘Cold World‘, chanson pop parfaite de l’année. Parfois drôle, toujours touchant, émotionnellement ‘Idiots‘ fait vibrer (une partie de) la citation de Shakespeare : « la vie est une histoire pleine de bruit et de fureur racontée par un idiot » tant le disque parle à la fois de renaissance amoureuse, de perte, de troubles et de joies. Si un petit regret il doit y avoir, c’est qu’à aucun moment sur Idiots les frangins ne dégainent une outro fantastique dont ils ont le secret, à cet égard la conclusion de ‘The Corner Of Highdown And Montefiore‘ est plus répétitive qu’envoutante mais qu’importe. Après plus de dix ans d’existence Electric Soft Parade continue de publier, de manière certes éparse, des disques toujours supérieurs aux précédents, ‘Idiots‘ peut sembler à première vue à un autre disque pop parfait pour l’été avant que les écoutes ne révèlent ce qui ne sera bientôt plus un secret : même au creux de l’hiver, vous continuerez de l’écouter.