Bad Religion – True North

Si l’on en croit les différents écrits sur le sujets, le punk n’en finit pas de mourir. On ne compte plus les fois où quelqu’un a bombé le torse en y allant de sa sentence définitive, dernière occurrence dans cet article qui répertorie les symboliques punk détournées par le star system ou par la mode du vintage. Comme d’habitude, le punk y est assimilé à ses avatars les plus anecdotiques, à savoir les crêtes iroquoises, les vestes en cuir clouté et autres percings démonstratifs, et on oublie largement que le mouvement punk détournait l’imagerie pop dans la fin des 70’s, et qu’il est logique qu’une fois absorbée et tournée en dérision cette imagerie récupérée de la sorte par la société de consommation.

Ecouter Bad Religion, c’est gouter à l’histoire du punk rock dans son intégralité. On parle d’un groupe qui a commencé à jouer en 1979 et qui ne s’est jamais arrêté depuis. Une vraie putain de légende, ouaip. De façon compréhensible, ils ont connu à la fin des années 90 un moment de faiblesse et de vide artistique, avant de de reprendre légèrement du poil de la bête par la suite. Depuis, ils alignent les albums sympatoches qu’on écoute avec la gentille bienveillance due un groupe historique. Mais à l’heure d’aborder ce ‘True North‘, nul besoin ni de bienveillance ou d’indulgence : Il déboite grave.

Si le style du groupe est reconnaissable dès les premières notes grâce à une identité forte, c’est la qualité mélodique de Bad Religion qui surprend ici. ‘True North‘ regorge d’airs convaincants (‘Land of endless greed‘, ‘Popular Consensus‘), et reste solide même quand le rythme s’emballe franchement (‘My head is full of ghost‘, ‘Robin Hood in Reverse‘, ‘Vanity‘). Le tempo est soutenu tout au long de l’album, si l’on excepte la balade ‘Hello Cruel World‘ – qui se tient fort bien d’ailleurs.

La gestion des choeurs est un modèle à suivre (‘True North‘, ‘Nothing to Dismay‘), les soli sont discrets, courts et totalement à propos vu qu’ils ne cachent jamais une absence de mélodie. Bad Religion a même respecté sa ligne de route en apportant un soin particulier au dernier titre de l’album (‘Changing Tide‘) comme les Foo Fighters jusqu’à ‘One by One‘. Les textes sont vindicatifs, très actuels (coucou Mitt Romney) et ne servent pas du prêt à penser. Le punk n’est pas un culte, qu’on se le dise !

Le punk est mort, à ce qu’il parait. Il semble pourtant évident que tant que l’on ne s’intéressera qu’à l’apparat et non aux motivations des personnes se prévalant de l’appellation « punk », il n’y a pas de soucis à se faire quand à la vivacité de cet éternel ado pourtant quarantenaire. Il n’y a qu’à écouter ‘True North‘ de Bad Religion pour s’en convaincre. Il y a bien un ou deux titre en deçà des autres mais comme nous le disions il y a trois paragraphe, ‘True North‘ déboite grave.