Crystal Lake – Cubes EP

Il y a de ces albums qui te tombent dessus, comme ça, sans crier garde, et te mettent une putain de claque. Cubes de Crystal Lake fait partie de ces décrochages de mâchoire.

Le premier mot qui vient à l’esprit, c’est profondeur. La production est d’une qualité rare pour un groupe japonais, et fait ressortir avec intensité le son massif et brutal de Crystal Lake. Les guitares rugissent et la batterie martèle avec acharnement nos tympans. Le tout est joliment enrubanné par la maîtrise parfaite du chant par Ryo Kinoshita. Hurlé, chanté, grogné, le flow est incroyable de virtuosité.

Le gars prend aux tripes, crie sa souffrance et c’est un peu comme s’il s’arrachait le coeur devant toi en te disant « voilà, c’est tout ce que j’ai, à prendre ou à laisser ». Ce côté « emo » (allez, j’ose le mot) est particulièrement audible sur See This Through, une ballade acoustique aux accents hardcore, deux univers que rien ne semblent réunir et qui, pourtant, se marient parfaitement dans cette complainte. Le morceau rappelle étrangement On my Own de The Used pour son aspect viscéral, dégoulineries en moins.

Car qu’on ne s’y trompe pas, chez Crystal Lake, ce qui prédomine, c’est la noirceur et le côté brut de décoffrage du groupe hardcore. Ou du groupe métal. Enfin, de ce que tu voudras. On s’en fout en fait. C’est le genre d’album où t’as pas vraiment envie de savoir ce que tu écoutes, tu sens que c’est spécial, que c’est grand, et tu veux juste te laisser porter. On remercie pour cela la construction des morceaux, d’une rare justesse, explorant tous les pans du métal, du break groovy nu-metal aux airs post-métal, le tout saupoudré de petits solos heavy. L’escalade sonore, d’une violence sourde et pure, atteint son apogée sur Mahakala. L’auditeur en ressort juste abasourdi. Le revers.

Je ne te parlerai pas de leur reprise de Rollin’ de Limp Bizkit, somme toute réussie et d’une évidence certaine tant l’ombre de Fred Dust plane parfois au-dessus du chant, ni du featuring avec Kenta Koie de Crossfaith sur Beloved, qui n’apporte strictement rien à part une certaine visibilité auprès du public occidental.

Je préfère te dire à quel point cette vingtaine de minutes avec Crystal Lake est aussi usante qu’un album complet qui en ferait le double. L’expérience est complète, se suffit à elle-même, et je te souhaite grandement de vivre le même voyage apocalyptique que moi.