She & Him – Classics

Vu leur classicisme chevillé au corps et leur pédigrée « top bon goût », il semblait inévitable que She & Him ne passe pas par la case « album de covers » un beau jour. Beau jour qui est arrivé. Nos trois lecteurs ayant écoutés leurs albums le savent, Zooey Deschanel et surtout M. Ward (y compris sur ses albums solo) mettent toujours un soin maniaque d’horloger suisse sur leurs reprises. Toujours le top du top du chic dans la sélection, arrangements toujours revus avec une classe infinie… Oui les reprises chez She & Him, c’est du travail de bon élève amoureux des grands classiques. Et c’est peut être cet académisme brillant qui fait qu’on ne s’emballe que moyennement pour cet album (ceci dit parfait pour les fêtes). Les albums du duo ont toujours conté la petite histoire des amours de Zooey et les covers étaient là pour illustrer le propos. Ici pas d’histoire, donc propos un peu vain. ‘Classics‘ est avant tout un petit caprice (comme l’était leur [url=https://www.visual-music.org/chronique-1474.htm]album de Noël[url]) de gens qui peuvent se le permettre. Et ils auraient bien tort de s’en priver. Tout est beau, tout sent l’arrangement millimétré, l’orchestre de 20 personnes bien utilisé, l’hommage respectueux (M. Ward meilleur producteur du monde ?), la crainte de désacraliser le sacré. Et c’est par moments très réussi : « It’s not for me to say », la superbe et discrète relecture de cette scie qu’est « This guy’s in love with you » ou ‘It’s always you’ donnent envie de demander Zooey en mariage sur le chant/champ, le chant superbe et souple (non pas soupe) de M. Ward sur « She ». L’orchestre toujours joliment dégoulinant mais qui n’en fait jamais trop. Nous sommes obligés de nous incliner devant un tel talent. A une exception de taille : leur version de « Unchained Melody » (pourtant pas intouchable, Roy Orbison ou Elvis entre autres l’ont déjà transcendée) est une horreur sans nom. La voix de Zooey sonne comme de la guimauve avariée, irritante, comme un chant mortuaire et on supplie rapidement d’être fusillé afin d’arrêter les frais.

Notre lecteur l’aura compris, ‘Classics‘ porte bien son nom, des classiques bien propres sur eux fait par les premiers de la classe avec classe et bon goût. Ne manque que cet argument de taille : l’émotion.