From Autumn To Ashes – Too bad you’re beautiful

Nota : cet album est une réédition, l’original est sorti en août 2001.

On ne peut pas vraiment dire qu’il pleuve des albums ayant obtenu cinq étoiles au crash-test de la rédac’ de Visual en ce moment… Mais les miracles, ça existe (j’ai bien eu mon bac, moi), et ‘Too bad you’re beautiful‘ en est un très beau spécimen…

Encore une chronique d’un groupe que je ne connaissais pas avant d’écouter ce CD, c’est le mois de l’inconnu pour la Julie ! Mais une fois n’est pas coutume, c’est bien par leur premier album que je les découvre et le moins que l’on puisse dire, c’est que From Autumn To Ashes est un excellent combo aux multiples facettes, si bien que les caser dans un seul genre est un exercice assez difficile tant leurs compositions peuvent évoquer des choses différentes d’une personne à une autre.

J’appuie sur ‘play’… Premier conseil : Mesdames, évitez d’écouter ce CD en sortant de chez le coiffeur au risque d’avoir les boules grave. En effet, ça dépote un max : les deux guitares se donnent à fond dès le début (hum non j’exagère un peu : à partir de la deuxième seconde seulement), et visiblement elles ne sont pas contentes. Autant vous prévenir tout de suite : si, en accord avec les ‘standards’ de l’emocore, vous vous attendez à entendre une proportion égale de hurlements et de chant accrochez-vous bien car chez From Autumn To Ashes, on gueule plus qu’on ne chante, sans pour autant tomber à pieds-joints dans le hardcore car les 10 titres qui composent ‘Too bad you’re beautiful‘ comptent aussi leurs moments mélodiques.

On continue ; le morceau suivant (‘Cherry Kiss‘) se fait toujours aussi bourrin, la rapidité en plus, mais soudain on se fait surprendre au détour d’un hurlement par un passage au son clair du plus bel effet, de courte durée cependant car on repart de plus belle dans les riffs aux faux airs de Metallica. C’est pourtant là que réside toute la magie de ce quintet : leur aptitude à faire cohabiter les ballades à la guitare acoustique avec les riffs de metalleux de la fin des années 80 est tout bonnement surprenante.

Chloroform perfume‘ est une des ces chansons qui jusqu’au bout vous aura fait croire que vous n’entendrez que les gentilles guitares sèches et la batterie, avant de faire hurler les distos et de dépoussiérer le batteur pendant les trente dernières secondes. Arrive Mercury rising, l’interlude. Une minute très étrange pour ne pas dire glauque où l’on entend parler le chanteur pendant que ses potes chantent derrière lui en backoff voice, mais qui soudain hurle de plus en plus vite comme s’il paniquait, ne cessant de répéter un très mystique ‘Hello, my name is Distance and I really don’t care if I ever wake up again‘…

Je suis à peine remise de ce moment de confusion et encore en train de chercher la signification de telles paroles que les membres viennent me réveiller avec ‘Capeside rock‘ à l’aide d’un riff très rapide encore une fois typé métal fin des années 80, tournant lui aussi pendant quelques secondes à la guitare sèche vers le milieu pour revenir de plus belle à l’emo.

L’intro de ‘Take her to the music store‘, manifestement tirée d’un dialogue de film dont je ne saurais vous dire le titre, m’a bien amusée (‘You break my heart into a thousand pieces and you say it’s because I deserve better‘, ou ‘tu me brise le coeur en mille morceaux et tu dis que c’est parce que je mérite mieux’… romantique, n’est-ce pas ?). Eh bien le romantisme aura été de courte durée parce que cette chanson, outre le trompeur air à la guitare acoustique qui accompagne la fin de l’intro mixée avec la précédente citation, est aussi (voire plus) bourrine que les autres dans ses couplets, mais cède aussi à la probable tendresse réfrénée du quintet avec quelques passages en son clair par-ci, par-là. Suivra ‘Switch‘, chanson de la même veine que ses copines qui nous donne l’occasion d’entre la très belle voix du chanteur et toujours ces passages mélodiques tailladés par les riffs tranchants des guitaristes et par la plombante batterie.

J’en à arrive à mon moment favori de ‘Too bad you’re beautiful‘ : ‘Reflections‘. Piste exceptionnellement longue (7:30), ce serait celle que je garderais si je devais faire découvrir ce groupe à quelqu’un. Les deux premières minutes et vingt secondes sont une ballade à la guitare sèche, basse et batterie, à cette dernière s’ajoutera des percussions qui donnent immédiatement une autre dimension à la ballade, la rendant beaucoup plus intense. Les percussions s’éloignent petit à petit dans un écho, la guitare ralentit quand les chanteurs lancent un énorme ‘I felt you slip away‘, suivies par les guitares ayant perdu une ou deux octaves à leur accordage en cours de route puisque le son devient nettement plus typé néo-métal, l’une s’occupant de la rythmique et l’autre du lead. La présence des passages très rapides à la double pédale du batteur m’a sur le coup évoqué SlipKnot, et les hurlements ne faisaient rien pour me convaincre du contraire. Ce titre est la parfaite synthèse de l’album entier, mêlant tour à tour les guitares métal, punk, acoustiques, le chant, les hurlements. Le calme, puis le chaos.

Après le tout aussi bon ‘Eulogy for an angel‘, la dernière et plus longue piste du CD (9:24), ‘Short stories with tragic endings‘ démontre que le groupe pouvait faire encore mieux. Une entrée en matière nerveuse, puis violente sera finalement calmée par une angélique voix de femme (qui, après de multiples investigations de ma part, s’avère être Melanie Wills, chanteuse de One True Thing), à son tour rattrapée par le chanteur et ses potes sur les nerfs pour un nouveau passage syncopé, puis chanté. Et s’ajoute sans qu’on ne l’attende un violon, qui par sa présence oriente la musique vers le tragique puis fusionne littéralement avec la guitare pour conclure le morceau… non, attendez… voilà que revient la demoiselle à la voix douce et envoûtante, suivie par la guitare sèche, la basse et la batterie. Et voilà, ce sera finalement elle qui aura eu raison de la brutalité des cinq gars, mais aussi et surtout de moi…

Too bad you’re beautiful‘ est un de ces albums qu’on ne se lasse pas d’écouter : les guitares sont recherchées et techniques, la batterie omniprésente, le chant et les hurlements s’entrechoquent, le calme arrive toujours au moment où l’on s’y attend le moins, et disparaît aussi rapidement qu’il est venu. Une référence.