Trauma – Imperfect Like A God

En ce qui concerne le death, la Pologne est un peu aux pays de l’est ce que la Suède est à la Scandinavie : un vrai vivier de talents désireux de s’exporter à travers tout le reste de l’Europe. Mais si c’est le cas aujourd’hui, ce pays n’a pas toujours été aussi productif en matière de musiques extrêmes et il faut toujours quelqu’un pour lancer le mouvement. Trauma. Ce nom résonne sûrement dans quelques têtes comme une incantation à la brutalité, une ode à un massacre rythmique sans égal. Et oui, cela fait déjà plus de 15 longues années que ces pionniers distillent un death toujours aussi efficace, mais toujours à leur rythme : 3 albums et un live en 15 ans de carrière, ça fait une moyenne d’un album tous les 5 ans, pas de quoi rassasier un bon fan. Mais s’ils prennent leur temps ce n’est que pour, à chaque fois, nous offrir un son d’aussi bonne qualité. Et si à chaque fois, leur style évolue en quelque chose de toujours plus inattendu, ce dernier album, ‘Imperfect Like A God‘, ne dérogera pas à cette règle.

Pour ce dernier opus, le groupe s’est fait coller une étiquette de ‘Death Brutal Technique’… Car oui, Trauma, ce sont tout d’abord des musiciens très expérimentés : autant le dire tout de suite, il n’y a pas une seule seconde sur cet album où l’on ne s’étonne pas de leur précision et de leur rapidité d’exécution. Avec un peu de chance, on pourrait faire un barbecue sur une de leurs guitares après un titre joué tant les pauvres cordes doivent chauffer quand elles se font martyriser à ce rythme inhumain. On plaint également les chevilles du batteur, qui, en passant d’un hachis grindissime à un mitraillage plus lourd et plus constant toutes les 2 secondes (‘Spiritual Disorder‘), est bien celui qui donne ce son de rouleau compresseur à l’ensemble. Le côté technique n’est donc plus à prouver, passons au côté brutal. Car non, l’un ne découle pas de l’autre, ce n’est pas parce qu’on joue vite que ça va paraître tout de suite plus méchant… sauf si on s’appelle Trauma, bien sûr ! Les compositions sont entre autres beaucoup plus variées que sur les précédents volets et c’est en grande partie ce changement constant, dans un esprit à la Meshuggah dans sa période psychédélique (‘Outrage To Fools‘), qui donne ce côté agressif. Mais ce n’est pas tout, puisque le groupe sait aussi nous présenter son côté le plus froid, avec des rythmiques plus mécaniques entre Fear Factory et le son brut d’un Misery Index (‘The Hidden Seed‘).

L’ambiance générale se révèle donc au bout du compte être tout de même très variée même si, à la première écoute, on a tendance à se dire que c’est ‘juste’ du très bon death. Des touches plus sombres avec des guitares très black viennent dire leur mot par-ci par-là sur ‘Perplexity Of Truths‘ alors que la voix se fait plus torturée en allant arracher quelques aigus. La structure et surtout l’intro de ‘Beyond The Perception‘ rappellent la complexité et l’inventivité d’un Cephalic Carnage sans pour autant tomber dans un chaos aussi total. Les paroles, compréhensibles comme rarement dans ce style et avec une voix aussi grave, tournent quand à elles autour du thème de Dieu et de toutes ses mauvaises facettes, du pêché, des dogmes, etc… Rien de très original, peut-être, mais juste assez pour qu’elles donnent envie de se pencher quelques secondes dessus pour essayer de les comprendre.

Le nouveau Trauma était donc attendu par beaucoup, et il leur sera difficile d’être déçu. En effet, ceux qui les suivent depuis quelques temps déjà savent qu’un nouvel album est forcément synonyme d’un nouveau style et c’est dans de nombreuses directions différentes que part ‘Imperfect Like A God‘ par rapport à ses prédécesseurs : plus de brutalité ici, plus de subtilité là, et au final un bon compromis. Le reproche le plus facile serait de dire que certains titres, comme le titre phare ‘Imperfect Like A God‘ notamment, plutôt vides, et moins originaux que les autres ne servent que de ‘vitrine’ technique au groupe. Peut-être bien, mais après tout, si on maîtrise son instrument aussi bien que ces 5 là le font, pourquoi ne pas le montrer ? Car c’est bien maintenant que les années aux services des forces obscures du death paient au travers d’un album dont la qualité des titres n’égale que celle de la production sans failles.