Jigsore Terror – World End Carnage

Ouaaaaiiiii ! Du grind ! On va pouvoir baver de rage en sautillant partout comme un épileptique et se cogner la tête contre les murs ! Comment ça le grind c’est pas fait que pour les tarés…? Bon d’accord c’est vrai, on est pas obligé de baver, mais quand on en vient aux musiques qui donnent envie de bouger son cul, en live du moins, le grind est pas le plus mal placé. Alors en plus quand on nous annonce que ce ‘World End Carnage‘ des suédois de Jigsore Terror est produit par Mieszko Talarczyk de chez Nasum, il y a de quoi être content. C’est donc plutôt avec impatience que s’est faite l’attente de ce qui était annoncé comme le renouveau du grind européen…

Autant le dire tout de suite, c’est pas encore pour cette fois. Au premier coup d’oeil, il est difficile de dire de quoi il s’agit : artwork plutôt death, titres dans le bon goût goremétal des plus classiques et dont le nombre ne dépasse même pas la trentaine !? Hmmm, c’est bien suspicieux, où est l’esprit grind dans tout ça ? Mais si l’extérieur déroute, le contenu en lui-même risque d’en décevoir plus d’un. ‘Gorging On Exposed Arteries‘ lance les hostilités et là on est bien obligé d’avouer que ces gars savent ce qu’ils font : la batterie mitraille comme il se doit, une guitare s’excite sur quelques riffs sans répit et la basse englobe le tout dans un ronflement mécanique…mais là où d’autres comme Relevant Few ou Birdflesh (dont le batteur est issu) savent rendre ce son hypnotique par sa vitesse, oppressant par sa lourdeur ou intriguant par ses compositions sans queue ni tête, Jigsore Terror arrive tout juste à nous tirer un long bâillement. Explications.

Tout d’abord, si techniquement, il n’y a rien à redire, leur son est parmi les plus désagréables qui aient vu le jour depuis bien longtemps. Mais le problème, c’est que, même si c’est un premier album, ni les musiciens, ni le producteur (surtout pas lui !) n’en sont à leur coup d’essai. Alors on est obligé d’en conclure que c’est voulu : et vouloir ça, c’est vraiment un crime. Par exemple, on a souvent l’impression que le guitariste joue avec un morceau de métal rouillé trempé dans l’huile tant certains riffs sonnent mal. Et on le remarque particulièrement bien sur les parties ou on l’entend seule comme sur l’intro de ‘Senseless Slaughter‘. Du coup on passe son temps à se dire ‘Mais c’est quoi ce son pourri…?’ et on oublie d’écouter la musique en elle-même.

Pour les autres instruments, même chose. Les cymbales recouvrent tout le reste d’une sorte de grincement extrêmement énervant. Le son de l’intro de ‘Bestial Frenzy‘ est tout à fait audible jusqu’au moment ou le batteur se met à fracasser sa crash : je défie quiconque de distinguer un autre instrument sur tout le reste du titre ! Quand à la basse, il faut l’entendre pour le croire. Si Nostromo avait fait fort dans le domaine, ici, l’incompréhensibilité du son dépasse l’entendement (‘Brutally Murdered‘). Enfin, en ce qui concerne le chant, il n’y a qu’une chose à dire : Mieszko ! C’est pas bien de leur avoir donné un micro cassé ! Car oui, on doit obtenir à peu près les mêmes effets après l’avoir fracassé avec un gros caillou avant de l’utiliser.

En fin de compte, c’est bien dommage tout ça, parce que l’alliance de l’ambiance gore et de l’esprit grind, ça donnait plutôt bien de l’extérieur. Et puis, il faut bien dire quand même que tout n’est pas à jeter : ‘World End Carnage‘ reste très entraînant avec son refrain death et le cynisme de ‘Reeking Death‘ avec son intro punk est tout aussi bien trouvé. Malheureusement, Mieszko a voulu se la jouer un peu trop et donner un son vieux et underground à un groupe qui n’est ni l’un ni l’autre.