Carnal Forge – Aren’t You Dead Yet ?

Un an tout pile après ‘The More You Suffer‘, les Suédois de Carnal Forge nous servent avec ce ‘Aren’t You Dead Yet ?‘, leur cinquième album. Mais avec tout ça plus un DVD déjà à leur actif, le groupe n’a jamais eu un succès retentissant. Pourquoi ? Tout simplement parce que des groupes plus ‘grand public’ tels que leurs compatriotes In Flames monopolisent en grande partie l’attention des foules. Mais vu tous les bons groupes qui en sortent, la Suède possède depuis quelques années déjà une réelle identité musicale et si In Flames reste un excellent groupe, il n’est pas forcément représentatif de cette identité. En effet, la Suède est avant tout la patrie du death, et pas n’importe lequel, un death mélodique et brutal à la fois, un death rapide et entraînant, bref un death suédois, au son moderne, loin des clichés qui collent malheureusement encore trop souvent à ce style dans le reste de l’Europe. Et c’est bien de ce death là dont Carnal Forge sont les dignes ambassadeurs.

Bon, c’est vrai aussi que si beaucoup de grosses productions scandinaves ont un son comparable, c’est sûrement dû au fait que, pour résumer, ils sont soit produits pas Anders Friden qui officie aussi chez In Flames, soit par Peter In De Betou. Du coup, la marge de manoeuvre est plutôt faible et c’est donc (heureusement ?) le second qui s’est occupé de Carnal Forge. Le résultat est donc, tout le monde l’aura compris, excellent : un son d’une pureté cristalline qui permet d’apprécier à sa juste valeur la précision chirurgicale de l’exécution de ces 10 titres ravageurs.

Après la surprise de l’artwork plutôt spécial, assuré par Killustrations (Dew-Scented, Guerrilla ou même Six Feet Under…), plus inspirés que jamais (allez jeter un coup d’oeil dans le portfolio de leur site officiel pour comprendre que le death n’est pas forcément en manque d’imagination, ça vaut vraiment le coup), on se lance dans l’écoute avec ‘Decades Of Despair‘. Rien que l’intro rassure : c’est toujours aussi percutant et brutal, la voix, même si elle n’est pas des plus originales (du moins sur ce titre), assure avec un phrasé tout en saccades et syncopés, puis la double se lance sur un refrain gueulé en coeur. Les guitares des frères Kuusisto (ex-In Thy Dreams) se complètent toujours aussi bien avec leurs riffs longs et aux mélodies complexes à souhait.

Mais si la première partie de ce ‘Aren’t You Dead Yet‘ rappelle l’esprit de groupes tels que Dimension Zero, il dérive vite dans autre chose, quelque chose de plus lourd, plus sombre et surtout beaucoup plus old school. Alors avec des titres comme ‘Burn Them Alive‘ ou ‘Totally Worthless‘, et après quelques écoutes pour être sûr de ce qu’on a entendu, on se met fortement à penser que oui, on est bien tombé sur les homologues de Slayer venus du grand nord. La lead devient tout à coup plus présente, les riffs sont plus lourds, les composition aussi se ‘simplifient’, mais ce n’est que pour nous offrir quelque chose de plus accrocheur. ‘Inhuman‘ est le parfait exemple de ce changement de style avec une intro, une lead (qui rappelle étrangement l’intro de ‘South Of Heaven‘) et des couplets dans la pure tradition de Slayer. Tout cela mélangé avec un refrain dans la veine hardcore new wave où le talent de grogneur de Jonas Kjellgren peut enfin s’exprimer fait de ce titre le parfait exemple du nouveau son du groupe.

Voilà donc un album de vrai death, néanmoins extrêmement varié, Carnal Forge ayant su faire la parfaite synthèse de leurs influences heavy et du courant suédois actuel. Dans ces cas là, que dire d’autre que bravo, d’autant plus que la difficulté de se renouveler dans le même style se faisait déjà fortement ressentir sur le précédent album. Donc tant mieux pour eux et puis surtout pour nos oreilles chéries.