Zavorash – Zavorash

Même s’ils n’ont pas encore sorti de véritable album, le nom de Zavorash commence à tourner de plus en plus dans le milieu black métalleux. Car c’est bien de black pur souche qu’il s’agit ici, du vrai oldschool, le trio n’ayant jusqu’ici sorti qu’une démo restée dans les profondeurs obscures de l’underground, ‘In Odium Veritas‘. Alors qu’est-ce donc que cette galette éponyme ? Non, pas une autre démo, ni même un premier album, mais un mélange des deux. Plus précisément la réédition de ‘In Odium Veritas‘ avec, attention, quelle générosité, deux titres inédits ! Alors moi je dis ‘waouh ! non, deux titres, pas possible, c’est bien trop !’, avec une légère pointe de cynisme dans la voix. Mais si, deux titres, pas plus et surtout pas moins même si ça serait difficile à faire.

Alors, autant le préciser tout de suite, pour les rares collectionneurs qui posséderaient une copie de la version originale de ‘In Odium Veritas‘, cet éponyme n’a aucun intérêt, veuillez donc passer votre chemin en n’oubliant pas d’y jetter un petit regard dédaigneux au passage. Car c’est quand même bien se foutre de la gueule du consommateur que d’oser prétendre que pendant les sept longues années qui ont séparées la première sortie de celle-ci, le groupe n’a réussi à enregistrer qu’un titre et demi de potable ! Alors quand ils parlent d’une sortie prochaine d’un vrai album, on peut légitimement se poser quelques questions… Néanmoins, prenons cette production dégagée de tout son contexte et uniquement pour son contenu musical.

Car sur ce point, on doit bien avouer que c’est tout simplement plutôt pas mal. Globalement c’est Burzum qui rencontre Darkthrone avec un son d’une propreté rare pour ce style et des rythmiques vraiment brutales. Pour une fois on distingue parfaitement ce que fait la guitare, qui balance toujours des riffs aux mélodies black lancinantes et même, sur le nouveau titre, ‘The Discipline Of David‘, des cassures rythmiques plus métal qu’on a pas l’habitude de retrouver dans ce style. Les percus, assurées par I.Hate, qu’on retrouve par ailleurs derrière les fûts dans quelques autres formations black, sont d’un classicisme rare, même si leur son est plus que supportable. Mais, bon, on remarquera quand même une cadence de double assez approximative dès qu’on atteint des vitesses plus élevées et la performance frise l’amateurisme le plus total à certains moments (la fin de ‘Thorn‘, par ailleurs excellent titre, insuportera les amateurs de ce genre de mitraille). Le voix, enfin, pourrait être décrite comme celle de Gargamel encore un peu plus maléfique ayant subi une ablation du larynx. C’est étouffé mais bien articulé, et elle reste plutôt convainquante même si elle contraste fortement avec l’esprit très brutal de la musique. Seul gros défaut elle risque de lasser assez vite.

Globalement, cet éponyme, outre le fait qu’il n’est en réalité qu’une réédition un peu embellie, se laisse tout de même bien apprécier. C’est du black très classique, des mélodies obscures et pesantes, déjà vues à mille reprises mais associées à une cadence plus rapide que la moyenne du genre. Alors, si on prend séparément les nouveaux et anciens titres, on voit une réelle évolution de quelque chose de vraiment basique vers quelque chose de plus original, nottament avec le dernier titre ‘Bluescreen/The Enemy‘, plus une outro qu’autre chose, tout en instrumental ou presque avec juste un petit filet de voix féminine et un discours parlé d’une voix haineuse et d’un phrasé aggressif en fond, supportés par une mélodie moins convenue et facile. Ce pseudo album est donc en même temps aussi bon musicalement qu’il est navrant côté concept, mais manque toujours de profondeur et de personnalité. On attendra donc une confirmation avec le vrai premier album du groupe, surement pour bientôt, pour poser un jugement définitif sur lui.