Natron – Livid Corruption

Ça faisait bien trop longtemps qu’on n’en avait pas entendu parler, des Italiens de Natron. Si on exclut ‘Necrospective‘, le collector box réunissant tout ce qu’avait fait le groupe depuis ses débuts en 1994, le dernier album, ‘Bedtime For Mercy‘ paru en 2000 commençait déjà à dater. Alors pour son dixième anniversaire, Natron a décidé de se remettre au boulot une fois pour toutes et nous pond un quatrième album des plus surprenants.

Que ceux qui attendaient ce nouvel opus comme moi avec beaucoup d’impatience se rassurent, ‘Livid Corruption‘ reste tout de même dans la droite lignée de ses prédécesseurs. Mais il apporte quelques éléments nouveaux qui ne passeront pas inaperçus aux oreilles des connaisseurs. Premièrement, ne serait-ce qu’au niveau de l’artwork et de l’ambiance générale, là où les précédents albums étaient vraiment malsains et super sérieux, ‘Livid Corruption‘ joue plutôt la carte du second degré : la pochette passerait presque pour une affiche de film de chez Trauma avec ses montages bordéliques et ridiculement mal réalisés et toutes les illustrations possèdent cette petite touche exagérée qui fait qu’elles font plus rire qu’autre chose. Bien sûr tout ça est voulu et cette autodérision teintée de gore prouve bien que le groupe a mûri durant ces quatre années passées à ne rien faire.

Et ce changement se ressent aussi dans la musique : tous les passages un peu atmosphériques, ces effets de style longs et inutiles ont disparu (ou presque), laissant place à une brutalité extrême. Bah oui, quand on veut faire du gore, il faut bien la musique qui va avec. Alors il suffit d’écouter les quelques premières secondes du titre d’ouverture, ‘House Of Festering‘, pour comprendre de quoi on parle ici : c’est du death à 100%, bourrin et rapide au possible, pas très fin, certes, mais exécuté à la perfection. On se rend surtout compte que depuis son arrivée au sein du groupe pour leur dernier album, Mike Tarantino, chanteur, a bien eu le temps de trouver sa place. Ses hurlements sont plus enragés que jamais, peut-être là encore pas très originaux mais terriblement efficaces, dans la lignée des Dying Fetus et compagnie.

Les points communs entre les deux formations ne s’arrêtent pas là puisque le son global de ‘Livid Corruption‘ est quand même très semblable à l’excellent ‘Stop At Nothing‘. Même si le premier reste un peu plus crade que le second, avec une batterie malheureusement très étouffée, et une basse beaucoup plus mise en avant, les points communs ne manquent pas : des solos chaotiques, des plans de batterie d’une vitesse hallucinante et surtout des changements de rythmiques constants. Là ou Natron sait amener quelques petites innovations qui font plaisir, c’est surtout au niveau des mélodies, si on peut appeler ça comme ça, comme sur le magnifique pont en mid-tempo de ‘Red Creeps‘ ou la lead de ‘Flatline‘ qui rappelle un peu certaines leads torturées de Nostromo. On aura même droit à un titre avec une simple guitare acoustique et rien d’autre, ‘White Worms‘, qui ponctuera toute cette brutalité d’une touche de grâce.

Natron, un des piliers de la scène death italienne, aura donc mis du temps avant de le sortir, ce quatrième album. Mais il faut dire que ça a valu le coup d’attendre, car ‘Livid Corruption‘ est de loin leur meilleur, avec son ambiance de film de Romero, ses intros qui donnent des frissons (‘One Step In Murder‘) et son mélange de mélodies subtiles et de force brute. Le seul bémol sera à mettre au son, qui reste un peu fouillis pour une production de cette envergure mais qui n’est pas non plus abominable et donne même ce petit charme du ‘fait maison’, même si ça ne plait pas forcément à tout le monde.