Napalm Death – The Code Is Red…Long Live The Code

On ne remerciera jamais assez Napalm Death d’avoir donné naissance, il y a de cela déjà 18 ans, quelque part dans Birmingham en Angleterre, au style qui aura évolué en ce que de nos jours on apelle le grind. Et on peut également parler d’évolution en ce qui concerne le groupe lui-même : plus aucun des membres d’origine n’est présent dans le line-up et si on écoute toutes leurs productions parues après 2000, surtout ‘Order Of The Leech‘, on s’aperçoit bien que les mélodies sont plus présentes, tout comme les tempos un peu plus…’modérés’. Avant de me lancer dans ce nouveau ‘The Code Is Red…Long Live The Code‘, il m’a donc pris une forte envie de me réécouter quelques passages de ‘Scum‘, l’album duquel tout était parti. Si le son de l’époque n’était pas ce qu’il est aujourd’hui, il faut bien avouer que c’était quand même de la pure hargne que débitaient ces jeunes anglais. Et quel ne fut pas mon bonheur de retrouver toutes ces mêmes qualités sur ce nouvel album plus enragé que jamais.

Car oui, Napalm Death semble en avoir fini avec sa période doom et ses rythmiques assomantes de lourdeur. Dès les premières secondes de l’excellent ‘Silence Is Deafening‘, on retrouve l’esprit destructeur et contestataire du groupe. Qu’est-ce qui a bien pu provoquer ce retour aux sources ? Les guerres ? Les cataclysmes ? On ne le saura jamais, si ce n’est que Barney semble plus remonté que jamais contre toutes les formes d’abus de pouvoir possibles et inimaginables. Et les titres sont plus explicites que jamais : ‘Diplomatic Immunity‘, avec sa batterie syncopée caractéristique balaye tout sur son passage en prenant le temps de demander l’égalité face aux lois pour tous le temps de couplets dans un style plus punk. ‘Instruments Of Persuasion‘ remet en cause la démocratie sur fond de guitares death et de rythmiques syncopées à toutes vitesses alors que ‘Pledge Yourself To You‘ ferait un parfait hymne pour tout brûleur de drapeau américain qui se respecte. Non, cet album ne ferait vraiment pas plaisir à l’ami Bush.

Côté technique, on aura le plaisir de retrouver le jeu de Shane Embury, la figure emblématique de la formation, à la basse, toujours égal à lui-même. Côté fûts, beaucoup n’apprécient pas le jeu très brut et répétitif de Danny Herrera, ce qui est un point de vue. C’est sur que niveau précision, on a déjà vu mieux, mais ces quelques dérapages donnent aussi son côté spontané et bordélique aux compositions. La plus grande satisfaction viendra sans aucun doute du ‘vocular armageddon’, comme il aime l’apeller, débité par Barney : les couches de voix sont empilées, décalées, étirées et écorchées dans tous les sens pour obtenir un résultats final apocalyptique et plus que satisfaisant. Le point culminant restera son union avec la voix mélodique et heavy de Jello Biafra, ex-Dead Kennedys sur le surprenant ‘The Great And The Good‘.

Mais d’autres guests feront de petites apparitions, comme Jeff Walker (ex-Carcass) et surtout Jamey Jasta de chez Hatebreed. Si ce ‘The Code Is Red…Long Live The Code‘ est vraiment un retour au style brutal du groupe d’il y a quelques années, ceux qui avaient aimé les ‘Leaders Not Followers‘ ne resteront pas sur leur faim puisque de grosses mélodies lourdes et torturées les attendront sur le très death et néanmoins très psychédélique ‘Pledge Yourself To You‘, ‘Striding Purposely Backwards‘ et son refrain noisy chaotique ou encore les quasi-instrumentaux doom ‘Morale‘ et ‘Our Pain Is Their Power‘ qui clôturent l’album à coups de claviers, guitares acoustiques et samples en tout genres.

On ne trouve donc pas grand-chose à redire sur ce 13ème album des grands Napalm Death. On se dirait presque qu’un cycle de leur carrière se termine avec ce retour aux sources ou qu’un nouveau commence, c’est au choix. Entre le son général toujours aussi crade et les intros qui n’ont pas perdu une once de brutalité (le solo de batterie de ‘Vegetative State‘ est exactement le même que celui de ‘The Kill‘ du mythique ‘Scum‘ : coïncidence ou petit clin d’oeil ?), les fans retrouveront leurs repères. Par contre ceux qui n’aimaient déjà pas le groupe avant ne l’apprécieront surement pas plus d’orénavant, et c’est tant pis pour eux.