Grave Flowers – Incarcerated Sorrows

Ahlala, les jeunes…Je me rappelle moi aussi, il y a de cela quelques années, dans ma période rebel, quand j’aimais personne et que je maudissais ce monde pourri enfermé dans ma sombre chambre dont j’avais peint les murs sombres tout en noir pour mieux exprimer la sombre tristesse et la soif interrissable de souffrance qui écartelait mon coeur sombre d’artiste incompris…sombre. Non, c’est pas vrai, hein, moi j’ai adhéré au système capitaliste bien avant ma crise d’adolescence. Mais il faut bien avouer que c’est cette attitude à la limite de la dépression qui génère des groupes comme Grave Flowers, un duo suédois de doom gothique qui nous offre donc avec ce ‘Incarcerated Sorrows‘ leur second album.

Et c’est avec une sympathique mais néanmoins simplissime petite mélodie au piano que débute l’album. Et autant émettre tout de suite l’avertissement, ce premier titre, ‘At Night‘, n’est pas du tout à l’image du reste de l’album. Parce qu’en plus de posséder un refrain extrêmement accrocheur qui plairait autant aux fans d’Evanescence qu’à ceux de ‘The 69 Eyes‘, ce titre d’ouverture se paye le privilège d’avoir un tempo supérieur à 0.2bpm, ce qui au vu des autres titres est exceptionnel, en faisant au passage le parfait single radio formaté. Et il faut bien avouer qu’à part la voix tout de même un peu faible, tout est nickel : une lead pas trop envahissante dont les notes étirées à n’en plus finir semblent résonner tout droit du fin fond d’une forêt scandinave eneigée, une batterie basique mais qui groove tout juste assez pour supporter une basse percutante à souhaits qui offre quand à elle un fond propice à une mélodie tout bonnement glaciale mais qui donnera à n’importe quel chevelu l’envie de remuer sa crinière en rythme.

Du rythme, justement, on en parlait : si les mélodies, donnant le côté gothique, révèlent bien un certain talent de composition, c’est bien la lenteur et la lourdeur qui permettent d’appliquer à Grave Flowers sans aucun doute possible l’étiquette doom. Car si on n’écoutait que certains passages comme le refrain de ‘Lackrosy‘ avec ses magnifiques superpositions de voix, l’intro en riffs heavy de ‘Erase/Delete‘ ou encore les passages en guitare acoustiques comme le début de ‘Save Me Or Destroy Me‘, on pourrait presque penser qu’on est tombé sur un hybride de HIM et de Sentenced.

Malheureusement ce n’est pas le cas puisque sur la grande partie des titres, l’ennui s’installe, sous la forme d’un tempo outrageusement lent. Pourtant, oui, je sais apprécier du bon doom quand j’en entends et non, ici ce n’est pas encore très bon. Alors la faute à qui : un batteur sous sédatifs ? Un guitariste qui après avoir prouvé son talent sur des leads aériens et inventifs se contente de deux riffs pendant l’heure passée que dure l’album ? Le doom, c’est aussi de l’évolution, un certain côté progressif qui manque totalement ici. Alors à part sur quelques rares moments de génie, on se fait royalement ch…

Et c’est bien dommage, car par exemple Withering en avait surpris beaucoup et nous avait prouvé il n’y a pas si longtemps que ça qu’un jeune groupe jouant dans ce style et ayant les moyens de se payer un son plus que correct, comme l’est celui de ce ‘Incarcerated Sorrows‘, peut tout à fait sortir du lot à coup de mélodies à faire déprimer Carlos. Certains trouveront surement tout de même assez d’intérêt à cet album pour ses cavalcades dans le style d’In Flames qui tournerait au ralenti posées sur des lyrics de love song tragique ou d’histoire de suicide tout de même toujours touchante car racontée sans aucun appitoiement, la musique véhiculant pour cette fois plus d’émotions que les mots (le solo de toute beauté de ‘Your Memory Lives On‘). Allez, on attend le prochain en espérant que tous ces ‘petits’ défauts soient corrigés. Et puis en attendant on se remet un petit ‘Excuse Me While I Kill Myself‘ des obscurs crooners de chez Sentenced. Ça c’est fun.