Horrorscope – The Crushing Design

Au pays de Decapitated et Vader, un groupe qui fait du metal très très heavy peut être considéré comme très courageux. Pour ceux qui n’auraient pas compris, on parle de la Pologne et le groupe en question c’est Horrorscope, dont ‘The Crushing Design‘ est le second album. Alors non, ce nom ne rapellera surement pas grand-chose à qui que ce soit dans l’hexagone, et pour cause, même dans leur pays d’origine, ces cinq jeunes hommes comptent presque encore leurs prestations sceniques sur les doigts de d’une main. Pourtant nous allons voir que ce jeune groupe a quelques arguments intéressants à nous proposer.

Tout commence par ce qui s’apparenterait presque a un vrai hommage au regretté Dimebag, puisque les premières secondes de ‘24/7‘, avec sa lead qui rappelle ces cavalcades far-west pure souche, sonne avec cette même ardeur pariculière qui caractérisait le jeu du feu gratteux. Et il faut dire que le reste du titre n’est pas si mal non plus : une double roulante et au son rond et propre à souhaits ponctue les couplets et une voix tout droit sortie de la fin des eighties, une version plus rauque et peut-être un poil moins précise et puissante de James Hetfield, couvre le tout d’un drapé de phrasés bien groove.

Reste qu’après un tel titre, on s’attend à autre chose. Parce qu’en effet, vu comment il balance la sauce sans passer par quatre chemins, ‘24/7‘ fait peut-être un bon opening de setlist en live, mais il est loin de faire un album tout entier. Malheureusement, c’est l’idée qu’ont eu ces polonais légèrement inexpérimentés : que des riffs qui donnent peut-être envie de bouger mais qui au bout de dizaines de minutes se ressemblent tous et finissent par lasser. Imaginez Metallica (oui, on va garder la comparaison, parce qu’à certains moment, Horrorscope se permet de vrais copiés/collés…) faire un album avec que des titres comme ‘Battery‘. Non, ce ne serait surement pas insupportable, loin de là, et l’album aurait surement la pêche, mais où va la mélodie ? Comment s’expriment les sentiments plus discrets et intimistes ? Pas de place pour ce genre de choses ici, si ce n’est sur la très moyen ‘One Minute Queen‘ qui se retrouve sur cet album plus comme un cheveux sur la soupe que comme une accalmie au milieu d’un ouragan.

Néanmoins, les qualités de ce ‘The Crushing Design‘ ne manquent pas, même si ce sont peut-être des détails, alors prenons les choses dans l’ordre. Par exemple, la batterie, extrêmement puissante, toute en lourdeur sur 90% des compos, sait parfois se faire beaucoup plus complexe comme le montre le solo certes basique mais réalisé de manière académique sur ‘Hunger‘. Quel plaisir ça fait de se rendre compte qu’on a pas là une de ces grosses productions où les coups de grosse caisse sont replacés minutieusement et surtout manuellement au mixage… Quel plaisir aussi que de découvrir une intro extrêmement travaillée et originale sur ‘Firebolid‘, avec sa structure complexe et son mélange de basse percutante à la Mudvayne et son solo/lead toujours très heavy entre Slayer et (indéniablement) la touche des Cowboys From Hell.

Par contre, quand le ‘monster of metal’ se met d’un seul coup à sortir une mélodie qu’on aurait plus vu chez les jeunes emotifs de chez Finch ou Glassjaw sur ‘Burden Of Faith‘, ça sonne tout de suite faux. Heureusement, cette petite fausse note ne prend la forme que d’un interlude instrumental d’une petite minute et demi. En gros pour aimer Horrorscope, il faut s’imaginer pourvoir apprécier l’union de la voix de Hetfield et de la mécanique rythmique implacable de Pantera avec des touches un peu plus metal par-ci par-là. C’est peut-être pas très moderne, mais au moins on est pas dépaysé.