On Broken Wings – It’s All A Long Goodbye

On Broken Wings sont cinq, ils sont de Boston et ils font du hardcore (ou du moins c’est l’impression qu’ils donnent). Avec une telle description, tous les clichés, d’ailleurs pas nécessairement péjoratifs, qui vont avec la scène hardcore de la côté Est leur sont directement et indélébilement attribués. Mais ça serait bien trop précipité que de passer par un tel raccourci pour cataloguer ce jeune groupe. ‘It’s All A Long Goodbye‘ est en effet un second album très particulier par de nombreux aspects et il risque aussi bien de se voir taxé de plagiat qu’encensé pour ses nombreuses qualités, voyons donc pourquoi.

Le groupe se définit lui-même comme du ‘mosh-metal’, et à l’écoute de ‘Suffer‘, qui ouvre l’album, on comprend tout à fait. La première partie du titre est une copie conforme des plus grandes tueries d’Hatebreed avec son riff brouillon qui introduit un mid-tempo saccadé avant qu’arrive la cavalcade punk classique avec ses hurlements déchaînés. Même si tout ça n’apporte rien de bien nouveau, il faut bien avouer que ça fait son petit effet. Mais la suite du titre réserve quelques surprises, avec une lead très death, des growls d’une gravité qu’on ne rencontrait jusqu’à présent la plupart du temps que dans les vomissements les plus malsains des groupes de gore-metal les plus extrêmes ou encore une batterie, avec un son épuré très punk qui se permet des breaks grind de quelques secondes. C’est donc déconcerté qu’on finit l’écoute de ce titre, et on ne peut que l’être encore plus quand on se rend compte que tout ça est rentré dans moins de deux petites minutes.

Mais c’est justement dans ce contraste entre tradition du hardcore pur souche et nouveauté, diversité, que résident aussi bien les qualités que les défauts du groupe : autant les variations rythmiques incessantes rendent les compositions infiniment plus dynamiques que ce qu’on a l’habitude d’entendre, autant sur la plupart des passages mélodiques on a l’impression d’écouter une parodie d’émo un peu bourrine avec Jacob de chez Converge et Barney Greenway alternant au chant… Oui, dit comme ça, ça donne presque envie, mais quand on entend à quel point ils ne se gênent pas pour reprendre des plans de ces quelques groupes à peu de chose près, ça a plus tendance à énerver. Du coup, toutes les parties ou Jonathan, derrière le micro, use de sa voix claire, rappellent très fortement quelque chose et tous les groupes qui avaient mélangé mélodies et hardcore avant eux y passent : Poison The Well pour les amorces de refrain hachées et déstructurées, Hopesfall pour les hurlements écorchés sur de petites harmonies à la guitare, etc…

Attention, ça ne veut pas dire que On Broken Wings n’ont pas de talent de composition ! Loin de là ! Des moments de génie, on y aura droit aussi, comme avec le magnifique ‘Deadpool‘ qui pour le coup mélange un death beaucoup plus rugueux aux accents rythmiques doom et aux arrangements qui sortent un peu de l’ordinaire et un chant hardcore très spontané avec des sonorités qui rappellent tout de même pas mal Jamey Jasta. Le chant clair passera même plutôt bien sur ‘Hell Or High Water‘, quand Jonathan au lieu d’essayer de chanter juste, chante tout court, laissant déraper son organe de la plus belle manière et nous offrant un moment d’émotion entre Glassjaw et The Blood Brothers. On ne pourra pas non plus nier la beauté de la mélodie de fin de ‘Ashes And Snow‘, malgré la voix hésitante et sa ressemblance troublante avec ‘Awake‘ de Finch.

It’s All A Long Goodbye‘ a donc tout d’un album d’émo, l’ambiance, les mélodies et même le titre caractéristique de tout le désespoir inexplicable que ce genre de groupes à tendance à exprimer. Pourtant il plaira sûrement beaucoup plus aux méchants moshers hardcoreux vu la proportion de growls qu’il contient. Mais si ça commence tout en lourdeur, c’est bien dans la légèreté et l’émotion que ça finit, avec un chant clair qui finit par se laisser apprécier avec l’habitude. Donc attention à la première impression : on trouve de tout sur cet album et au bout du compte, même avec tous ces riffs déjà entendus des centaines de fois, c’est plutôt agréable.