Clap Your Hands Say Yeah – Clap Your Hands Say Yeah

Wichita Records a bon goût. Non pas parce qu’ils ne promeuvent que des bons groupes -bien qu’on ait déjà eu droit à The Bronx, The Yeahs Yeah Yeahs, Saul Williams-, mais parce qu’ils ont le nez pour flairer les bons coups : ceux qui vont générer un hype hallucinant à partir d’une poignée de titres seulement. Bloc Party, découvert du grand public il y a presqu’un an pile poil, en est le parfait exemple. Cette année, Clap Your Hands Say Yeah prend la relève. Tout le monde a déjà pu lire ce (long) nom sur de nombreux blogs, webzines, magazines. Beaucoup avaient une connaissance proche qui avait déjà eu l’immense privilège d’écouter quelques titres. Tout le monde avait reçu des échos positifs sur ce groupe qui selon leur propre bio ‘à été conçu dans le ventre d’une baleine‘. Entendre donc : sorti de nulle part. Mais rétablissons la vérité : Clap Your Hands Say Yeah ne vient pas de nulle part (mais de New York). Clap Your Hands Say Yeah est victime d’un mouvement de hype injustifié (comme pour tant de groupes). Clap Your Hands Yeah est un nom définitivement trop long (mais tellement bien choisi)…

Car bien qu’entouré d’une sorte d’aura protectrice et ce avant même la parution de l’album, le groupe avait déjà réussi à se tailler une sacré réputation de chauffeur de salle. Et sur ce premier album éponyme, il s’agit avant tout d’un fait vérifié : des mélodies dansantes, chaleureuses, une bonne humeur contagieuse. En plus de taper des mains, on tape du pied, le coeur suit le mouvement, la pupille brille soudainement. On est emporté dans ce tournis provoqué à l’écoute de ‘Let The Cool Goddess Rust Away‘, on vacille légèrement lors de la minimaliste transition ‘Sunshine And Clouds (And Everything Proud)‘ (c’est sûr, jouer de la fibre nostalgique, c’était facile), on tourne en rond jusqu’à en avoir le tournis le temps d »Heavy Metal‘… On perd le contrôle de son corps qui commence à vivre indépendamment et qui s’en va sautiller follement pendant que les neurones tentent de rassembler les pièces du puzzle et de comprendre ce qu’il se passe : Clap Your Hands Say Yeah n’a pourtant pas grand chose d’original (on y croise très régulièrement les fantômes des Talking Heads), Clap Your Hands Say Yeah possède un chanteur qui en rebuterait plus d’un (Alec Ounsworth ayant piqué ses cordes vocales sur les restes d’un croisement improbable de Thom Yorke bourré et d’un adolescent en train de muer), Clap Your Hands ne bénéficient pas non plus de musiciens hors-pair… Et après moults écoutes, on finit par se dire que Clap Your Hands est simplement un groupe inexpliquablement sympathique, voire fichtrement sympathique pour ceux qui ont déjà arrêté de se prendre la tête.