Legion Of The Damned – Malevolent Rapture

Occult est mort ! Vive Legion Of The Damned ! Et que tous ceux qui étaient en manque de bon thrash brutal comme il faut se réjouissent, car ce groupe, on risque d’en entendre parler encore longtemps vu la qualité de ce premier album, ‘Malevolent Rapture‘. Premier, pas vraiment, puisque le line-up est exactement le même que celui d’Occult sur ses derniers albums. Mais après des changements de label consécutifs et autres procès en tout genre, le quartet hollandais a décidé de faire peau neuve avec un nouveau nom, certes pas des plus originaux au premier abord mais tout à fait à l’image de sa musique : simple et terriblement efficace.

Du thrash vous dites ? Je dirais même plus, du Thrash avec un grand ‘T’. En effet, pas besoin d’entendre plus de quelques secondes de l’excellent ‘Legion Of The Damned‘ qui ouvre les festivités pour comprendre que les racines du groupe plongent bien profondément dans la discographie des maîtres du genre, Slayer. Et non, rien ne sert de crier au plagiat trop vite, car la force de cet album est justement de savoir mélanger habilement des riffs qu’on a l’impression (et l’impression seulement…) d’avoir déjà entendu à maintes reprises avec des rythmiques de manière générale plus brutales que la moyenne du genre et une voix extrêmement maléfique à la Possessed pour faire sonner le tout beaucoup plus moderne.

Ici on ne joue donc ni la carte de la technique (bien que la batterie atteigne parfois des vitesses impressionantes) ni celle des clichés satanistes d’il y a vingt ans. L’ambiance générale que dégage l’album est d’ailleurs pour beaucoup dans le fait qu’on a pas l’impression d’écouter une musique qui date : les lyrics sont un savant et étrange mélange de critique sociale actuelle, d’ésotérisme et de légendes macabres d’un passé imaginaire. Du côté des guitares on peut difficilement faire plus lourd : les riffs sont simplissimes, les structures ne s’embarassent pas de trop nombreux breaks inutiles, ici c’est les mid-tempos qui donnent toute la patate. Il suffit d’écouter ‘Death’s Head March‘, ou comment faire une véritable tuerie, avec trois riffs, une double à la précision chirurgicale et un pont hurlé en choeur qui sonne comme un hymne à la destruction et au chaos.

En parlant d’hurler, venons-en au chant. Là encore, les influences, plus orientées black cette fois, se font fortement sentir. Alors rien de nouveau, Maurice Swinkels s’époumonne sur un phrasé la plupart du temps très rapide et régurgite des cris gutturaux écorchés au possible. Non, l’originalité n’est pas là non plus mais c’est suffisement bien fait pour être plus que convainquant. Et surtout la voix de Swinkels possède ce petit grain maléfique qui rend ses histoires de loup-garous et de démons crédibles.

Mais au-delà des intros qui rapellent de bons souvenirs (‘Demonfist‘, ‘Bleed For Me‘) et des riffs destructeurs au groove devenu désormais classique (‘Into The Eye Of The Storm‘ qu’on ne peut s’empecher de chanter apres deux ou trois écoutes…), on est parfois surpris par la brutalité que le groupe a osé introduire entre deux rouleaux compresseurs de thrash pur. Et oui, si on aime que ça blaste du début à la fin, on a aussi de quoi faire avec ‘Werewolf Corpse‘ ou encore ‘Scourging The Crowned King‘, histoire de se prendre deux grosses claques qui vont lorgner du côté d’un death encore plus direct et aggressif.

Arriver à restituer aussi bien la noblesse et la grandeur des modèles du thrash que sont Slayer constitue déjà un exploi. Mais arriver à y insufler une puissance supplémentaire grâce à un son sans failles et des rythmiques percutantes comme on a rarement l’occasion d’en entendre, ça tient du miracle. C’est simple, si vous savez ne serait-ce qu’un minimum apprécier ce style, il ne faut sous aucun prétexte passer à côté de cet album qui renouvelle le genre tout en préservant tout ce qui fait sa force. Enorme.