Napalm Death – Smear Campaign

Il aura fallu à peine un an aux compères de Napalm Death pour nous pondre le succésseur de l’énorme ‘The Code Is Red…Long Live The Code‘. Ce petit nouveau se nomme donc ‘Smear Campaign‘ et rien qu’à ce titre on devine déjà que le groupe est plus que jamais remonté contre cette société de consomation capitaliste belliqueuse et sa tête de proue, notre amie la super-puissance guerrière d’outre-atlantique et son gouvernement conservateur tout puissant. Car après tout, s’il y a bien une chose qui n’a pas changé depuis ces quelques vingtaines d’années d’existence dans cette formation, c’est son engagement et son intégrité politique qui semble plus que jamais sans failles.

Oui parce que niveau musique, même si les pères du grind que sont Napalm Death ont toujours su suivre les rails du genre qu’ils ont eux-même contribué à créer, les quelques derniers albums ont su également surprendre et réinventer ce style en y injectant divers éléments innatendus, que ce soit sous la forme de titres doomesques écrasants, de retours aux sources punk plus simplistes, de rythmiques death plus modernes ou de guest vocaux issus de formations radicalement différentes, histoire de briser toujours un peu plus les barrières entre courants musicaux.

Ceux qui comme moi avaient énormément apprécié les incursions de Jamey Jasta ou encore Jello Biafra sur le précédent opus et qui s’attendaient à d’autres petites friandises du genre sur ce petit dernier risquent d’être légèrement déçus. Le seul guest ici est la chanteuse de The Gathering, Anneke Van Giersbergen, et bien que cela aurait pu être une excellente combinaison, on ne retrouve sa voix cristalline que sur deux titres pendant quelques trop courtes secondes en fond sonore. Dommage, d’autant plus que vu la renommée du groupe, les chanteurs désireux de figurer sur un album de Napalm Death, ça ne doit pas manquer.

D’ailleurs il y a eu quelques autres changements notables au niveau du chant. Lorsqu’on écoute pour la première fois ‘Sink Fast Let Go‘ qui succède à ‘Weltschmerz‘, l’intro instrumentale, aérienne et mélodique qui sert d’ouverture à cet album, on s’attend impatiemment à se prendre des grognements de Barney plein les oreilles. Et bien non, c’est Mitch Harris qui ouvre le bal et bizarrement, Barney passe presque au second plan. Rien de grave néanmoins, puisque la distribution vocale de ce titre n’est pas tout à fait représentative du reste de l’album. Mais le guitariste et sa voix écorchée et haut perchée restent plus présents que jamais tout au long de ces 16 titres, ce qui n’est au final pas plus mal, histoire de biens s’assurer qu’aucune monotonie ne s’installe.

Voilà donc pour ce qui est des changements majeurs. Pour ce qui est des compositions elles-même, pour faire simple, c’est du bon gros Napalm Death qui tâche et qui fait mal. On a droit à des titres en mid-tempo toujours plus entraînants dans une veine punk des plus pêchues, comme l’excellent ‘When All Is Said And Done‘ ou dans un style hypnotique, encore plus lourd, presque dérangeant et malsain comme le très progressif ‘Smear Campaign‘ avec ses choeurs aux accents religieux. Mais la plupart du temps, c’est bien du bon grind supersonique et surpuissant qu’on nous sert sans ménagement. ‘Puritanical Punishment Beating‘ assène blast sur blast sur des riffs toujours plus accrocheurs avant de terminer sur un mid-tempo presque hardcore dont on imagine facilement les effets dévastateurs sur une foule en liesse. ‘Eyes Right Out‘ démarre sur une ligne de basse ronronante dont seul Shane Embury a le secret pour enchaîner sur une structures très Nasumienne alternant syncopes et blasts sur des riffs plus clairs et simplistes qu’à leur habitude.

Smear Campaign‘ se révèle être au final un très bon cru d’un des groupes sûrement les plus productifs dans le genre. Peut-être un peu moins diversifié que son prédécesseur, il n’en est pas pour autant ennuyeux une seule seconde et vaut sans conteste le détour pour peu qu’on apprécie un grind percutant, engagé, sans détours et qui a tout simplement une patate incroyable.