Ok, la pochette est moche. Heureusement, son ambiance vaguement mystico-kitsch ne sévit guère longtemps. Tout juste le temps d’une intro. Quelle joie de constater en plage 2 qu’il ne s’agissait pas d’une entrée en matière, mais plutôt d’une prise d’élan… et que ce psaume monotone vole en éclat sous l’éboulement sonore de « small stone ». Une lapidation en bonne et due forme, à coup de batterie assassine et de cris hérétiques. Tout ce qui nous avait plus sur le premier LP du quatuor de LA en somme.
Après un Ep remarqué et un premier album éponyme des plus réussi, The Bronx était le groupe sorti de nulle part le plus susceptible d’y retourner aussi vite à la première baisse de régime. Pas de temps mort pour le groupe qui mettra deux ans à accoucher d’un… deuxième éponyme (pratique quoi). Si ce n’est que The Bronx jouent de leurs instruments comme l’on jouerait d’un colt et parviennent à reconstituer une ambiance riche en scotch et en santiags ; toute ressemblance avec une traversée du désert ne saurait être justifiée.
Moins uniforme que son prédécesseur, ce The Bronx II est d’une richesse rare. Les californiens ont décidé de frapper fort, sur les fûts puis sur nos oreilles. Un vent de rébellion souffle sur les plaines désertiques de l’ouest et apporte avec lui le rock’n’roll cher à Queens of the stone age. Groovy et lancinant sur « Safe passage », le son de The Bronx s’est aujourd’hui enrichi et assume pleinement la ballade « dirty leaves » et une fraternité musicale indéniable avec la bande à Josh Homme sur ‘Mouth Money’. Ah… si Lucky Luke avait eu un i-pod ! Le groupe, qui avait déjà sa place dans la grande famille du rock’n’roll, dévoile des trésors mélodiques rappelant inévitablement Hot Water Music, Foo fighters(‘Ocean of class, Around the horn’) et autres Drive like Jehu.
Hummm…L’alliance fondante d’une rythmique lourde et de guitares successivement acérées et langoureuses!!
Le tout bien sûr mis en relief par une voix du genre colérique et accrocheuse. Recette explosive. Le single « history stanglers » est un véritable bombardement. Ils sont effectivement de ces groupes qui ont le « motherfucker !! » crédible. Le moins que l’on puisse dire, c’est que The Bronx excèle dans la pratique de la basse envoûtante et du refrain martelé. Un cauchemar d’ORL. Les morceaux ne font pas de détours inutiles et se complètent les uns les autres pour former un album hétérogène mais cohérent qui expérimente les différentes façons de faire du rock. Entre souvenirs de métal et punk rock appliqué, le groupe produit ici un tribute album à ce qu’il se fait de meilleur. Ce constat pose néanmoins le problème de la créativité : et oui, que dire d’une succession de morceaux hommage aux grands noms du rock’n’roll américain contemporain ? Que dire de ce split album imaginaire avec Hot water music et The Distillers ?
Qu’il demeure malgré tout un album riche en surprises et en ambiances, qui va des débuts screamos surprenants de « small stone » à la cloture pop lofi-esque « White guilt ».
Une traversée musicale des USA des 15 dernières années, du bronx
(ahaha) à Venice Beach avec escale à Gainesville ; où j’ai garé mon cheval ?
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