God Dethroned – The Toxic Touch

Avant même d’écouter ce ‘The Toxic Touch‘, huitième album des infatiguables et très productifs hollandais de God Dethroned, j’avais pu lire cette déclaration sur leur site, approximativement traduite : ‘La quantité de blasts sur ce nouvel album a été réduite au minimum. Pourquoi ? Simplement parce qu’en concert, ce sont toujours les passages les plus ennuyeux…’. Autant j’avais plutôt bien aimé leur précédent opus, autant là je ne pouvais pas être d’accord avec cette conception du death d’un groupe qui s’acharne pourtant depuis si longtemps à conserver son intégrité musicale. Alors oui, God Dethroned ça a certes toujours été un minimum mélodique, mais juqu’où ont-il donc poussé cette facette de leur musique sur ce petit dernier ?

La réponse est : très loin. On peut toujours spéculer sur le fait que le nouveau line-up soit à l’origine de ce changement de cap, ‘The Lair Of The White Worm‘ ayant été composé alors que le groupe ne comptait que deux membres, dont le fondateur Henri Sattler, fameux ‘Serpent King‘ qui se fait référence à lui même dès l’intro de ce nouvel album, et qui a depuis été rejoint par un nouveau guitariste et un bassiste. Bref, difficile de deviner les raison pour lesquelles un groupe peut virer de bord de la sorte mais le résultat est là et on peut à peu près le résumer de la façon suivante : le death qu’on connaissait, fait de riffs et rythmiques supersoniques et entraînantes mêlé à quelques rares mélodies bien malsaines s’est transformé en une sorte de soupe assez indigeste où on essaie de faire passer beaucoup de mélodies pompées à droite à gauche et d’un classicisme extrêmement décevant entre deux pseudo-blasts bien timides.

Dès l’intro, ‘Faithless‘, on sent déjà une sorte d’atmosphère industrielle et aseptisée, une lourdeur pas si désagréable si elle avait été utilisée dans le bon sens. Mais non, cette lourdeur se transforme très vite en une molesse qui dénote d’un vrai manque d’inspiration. La plupart des riffs sentent fort le réchauffé, les quelques passages de claviers qui sont sûrement sensé ajouter une ambiance un peu plus macabre au tout sont tout sauf convainquants, les structures sont ennuyeuses et prévisibles comme on l’a rarement vu… Bref, les moments où l’excitation monte, où un petit arrangement intelligement amené fait tendre l’oreille, où même un détail purement technique éveille un certain intérêt, se font longuement attendre.

Alors bon, ça serait injuste de dire que ces gars là ne savent pas ce qu’ils font. S’il y a bien une chose qu’on doit leur accorder, c’est un certain respect pour leur persévérance après toutes ses années. Et avec les heures de studio qu’ils ont au compteur, bien sûr qu’ils savent composer. Certains riffs sonnent vraiment bien, je pense nottement à l’intro très mélodique de ‘Macabre World‘ ou à la lead du refrain de ‘On Wings Of Pestilence‘, qui même si elle rappelle très fortement celle de ‘Arch Enemy Spain‘ du précédent opus, met le doigt exactement sur ce qui manque sur le reste de l’album, c’est-à-dire une originalité rythmique et mélodique. Au lieu de ça, on a droit à des titres qu’on a l’impression d’avoir déjà entendu des centaines de fois, comme ‘2014‘ et les accents très heavy de sa lead et son riff qui tourne désespérément en rond.

The Toxic Touch‘ est donc plutôt à conseiller pour ceux qui aiment juste se mettre un peu de death pas trop brutal et facile d’accès en fond sonore. Ceux qui, entre autres, comme moi appréciaient grandement les performances de Van Weesenbeek, docteur ès blastologie, derrière ses fûts, risquent de rester sur leur faim puisqu’il se limite la plupart du temps au stricte minimum. La production reflette elle aussi le côté lisse des compositions en essayant vraiment de limiter le côté aggressif au maximum. God Dethroned aurait peut-être dû continuer à faire ce qu’ils faisaient jusqu’ici parce que là pour le coup, à essayer de ne pas ennuyer en mettant de côté toute la brutalité que dégageait la formation auparavant, le résultat est vraiment mitigé. Mais bon, on ne peut douter qu’avec ses douces ballades et ses structures surtout pas trop complexes, cet album trouvera son public.