Rob Crow – Living Well

Derrière son attitude « jemenfoustiste » et son côté bon vivant (il n’y a qu’à regarder la pochette), Rob Crow est sans doute l’un des musiciens les plus prolifiques de ces quinze années, en témoigne la liste des projets dans lesquels il est ou a été impliqué : Pinback, The Ladies, Optyganaly Yours, Thingy, Aspects Of Physics, Heavy Vegetable, Orca, Fantasy Mission Force (…) Pas moins de seize en tout, sans compter les apparitions sur le Yank Crime de Drive Like Jehu, les deux albums de Holy Smokes ou encore l’éponyme de Team Sleep où son apport et son influence sont indéniables. Bref, Rob Crow est loin d’être un branleur et lorsque l’on sait qu’il trouve encore le temps de sortir des albums solo alors là, il impose le respect de toute la scène indé et pas seulement.

C’est donc après un split avec Lesser, deux albums et un ep, que le bonhomme nous revient avec ce Living Well qui, ne mâchons pas nos mots, est simplement sublime, prenant et terriblement accrocheur. Lui qui a toujours eu tendance à s’éparpiller alternant métal rugueux façon Goblin Cock et pop sophistisquée à la Pinback, enregistrant à peu près tout ce qu’il lui passait par la tête – le titre de son précédent album My Room Is A Mess résumait d’ailleurs très bien la situation – voilà qu’il pose le pied et prend le temps de nous pondre son meilleur effort solo. Cohérent d’un bout à l’autre. Fini (pour l’instant) les allez et venues entre différents styles musicaux, Crow se concentre et sort un opus aux affinités pop, cette pop qui vous chatouille l’oreille et finit par ne plus la quitter (Taste, Leveling, Up). Le tout subtilement arrangé et interprété. Fini (ou presque) les titres « simplistes » guitare et chant, Crow armé de sa boite à rythmes, sa basse, sa gratte et autres claviers nous offre une orchestration à la mesure de ces idées. On pense ici à I Hate You Rob Crow, Bam, Bam ou Over Your Heart.

Certains diront que ce n’est en fin de compte que du Pinback déguisé mais ceux-là n’ont décidément rien compris. Certes, on sent la présence de Zach Smith – on pourrait inversement dire la même chose de Systems Officer, le projet de son alter ego, mais ce dernier a surtout permis à un Crow profondément électique et bordélique de canaliser son énergie et de développer au mieux ses idées. Bref, ne les écoutez pas et lancez-vous à oreilles perdues dans ce Living Well parce qu’il en vaut vraiment la peine.