Guerilla Poubelle – Punk=existentialisme

Au vu du succès de leur 1er album (plus de 15000 CD écoulés, passages réguliers sur le Mouv’, couvertures de Punk Rawk, split avec les excellents Coquettish), les Guerilla Poubelle se devaient de soigner leur retour discographique. Et autant le dire tout de suite, ils ne se sont pas foutus de notre gueule.

Au programme, un album de 16 titres et un DVD retraçant leur tournée marathon, le tout agrémenté d’un épais livret. Attardons un instant sur ce livret, où le groupe explique clairement leur démarche artistique en faisant un parallèle intéressant entre l’existentialisme (courant philosophique et littéraire du XXe siècle notamment représenté par Jean-Paul Sartre) et la culture punk. On appréciera (ou pas) le souci de transparence du groupe envers son public.
Bon, et l’album alors ? Minute, on y arrive. Ça commence tambour battant avec Punk rock is not a job. Pas de soucis pour les habitués, Guerilla Poubelle donne toujours dans le punk rock abrasif et sans concession, à l’image de Propaghandi. La voix de Till est un peu plus rugueuse qu’à l’accoutumée, et le nouveau batteur tient bien la baraque (Tradition GxP : nouveau CD = nouveau batteur). Non, ce qui surprend, c’est l’urgence qui émane cet album. Les chansons font rarement plus de 2 minutes, les longues intros stylisés du 1er album (Culture Poubelle, Mort à l’hôpital et bien sûr Demain il pleut) ont été laissées sur le bord de la route, et ce n’est pas pour me déplaire.
Mélodiquement, Guerilla Poubelle est toujours aussi efficace avec des refrains imparables (Punk rock is not a job, L’école de la rue, Quand le ciel sera tombé, L’équipe Z), et des brûlots salvateurs (Le travail rend libre) ; Ils savent aussi distiller ici ou la d’autres ambiances, histoires de donner un peu d’air à cet album très dense. Par exemple, le titre clôturant l’album Un éléphant dans une porcherie est un titre emo punk (si, si) à la Get Up Kids, où on retrouve le chanteur les Dead Pop Club, méconnaissable quand il chante en français. J’ai aussi particulièrement apprécié les (rares) passages reggae, notamment sur Quand le ciel sera tombé, qui me rappelle l’ambiance des excellents albums punky reggae Opposite 1 & 2 des Burning Heads.
Un petit mot sur les textes : ça fait plaisir d’entendre un groupe de punk rock qui chante en français avec des textes aussi élaborés. Les références se font plus subtiles que sur le 1er album, le groupe balance de fausses pistes de façon jubilatoire (Cogne sur un flic, pas sur ta femme… qui ne parle ni des flics ni des femmes en particulier.) et garde une certaine autodérision (Dans la diagonale, écrit et interprété par le chanteur de Justin(e)). D’ailleurs, les deux anciennes chansons figurant sur cet album (Génération et Etre une femme) ont des textes bien plus rentre-dedans que les titres spécialement écrits pour cet album, et par cette caractéristique dénotent un peu du reste de l’album.
Donc voila, très bon retour de Guerilla Poubelle, rempli de hargne et de bonnes idées au sens large du terme. Quelques chansons en dessous du niveau du reste, mais on les excusera au vu du package : album + DVD d’1h30 pour 10 euros, merci les gars.