Freedom For King Kong – La Der’ – Live au Manège

J’ai découvert Freedom For King Kong en faisant une recherche sur la Mano Negra. En effet, les bretons avaient repris le ‘King Kong Five‘ pour la compilation ‘Illegal‘ d’une façon plus que décapante. Ils m’ont intrigué, j’ai emprunté leur dernier album de l’époque, ‘Marche ou Rêve‘, et puis est venue la claque : un son énorme, une fusion improbable entre -dans le désordre- rock, electro, hip-hop, jungle, metal, ragga, reggae, dub et chanson… Sans pour autant paraître incohérent et confus. Freedom For King Kong offrait une mixture de grande qualité à son public. Mi-2007, la machine gorillesque décide d’arrêter ses activités après une dizaine d’années de créativité musicale et de folie live, et ‘La Der’ – Live au Manège‘, enregistré chez eux, à Lorient, est l’ultime témoin des prestations inoubliables du groupe.

Un peu plus d’une heure au compteur, durée honorable, mais décevante pour tous les fans du groupe, quand on sait que l’étendue des shows du grand gorille avoisinait souvent les deux heures. Et quand on goûte à l’énergie que dégage ce skeud, on regrette que le spectacle n’ait pas été filmé !

Ici, pas de grosses retouches en studio à la manières des lives d’AqME ou Pleymo. Le son est authentique, avec pas mal d’imperfections plus ou moins prononcées, notamment sur certaines apparitions des claviers de l’ingénieux Ton’s, beaucoup trop fortes par rapport aux autres instruments. Mais ces (petits) défauts sont largement oubliés grâce à la puissance des titres et à la bonne humeur du groupe, traduite par la communication de Bring’s, frontman à la plume si subtile (‘La guerre est civile, et la mort si banale‘ sur ‘Révolution‘), avec le public. Freedom For King Kong passe en revue toute sa discographie, et même si des morceaux comme ‘Boîte de Nuit Story‘, ‘L’impasse‘, ‘Jamais politiquement correct‘, ‘Amour Propre‘, ou la monumentale ‘Modern Faust‘ ne sont pas présentes sur le disque (mais les compositions de qualité sont tellement nombreuses chez les lorientais…), on se délecte d’autres perles qu’ont pu nous servir le groupe, ‘Marche ou Rêve‘ et ‘A Fleur de Peau‘, aux lignes electro de claviers si caractéristiques -et riffs tranchants pour l’un, rythmique lourde pour l’autre-, ‘Le Syndrôme de Peter Pan‘ et ses accents ragga, véritable hymne à la distraction, la furieuse, jumpante et métallique ‘100%‘, la technoïde ‘Phénomène‘, tout en crescendo, la sautillante ‘Les Etiquettes‘ et son étonnante nouvelle ligne de claviers qui reprend le thème du ‘Flic de Beverly Hills’, ou ‘Si Nike et sans complexe‘ et ses attaques sur fond de chanson rock / hip-hop envers les ‘artistes blings-blings’ trop présents dans les médias. On sent que les musiciens donnent tout ce qu’ils ont, et c’est le sourire aux lèvres que l’on parcourt la galette.

Certes il manque le DVD. Certes, ils auraient pu faire un double CD avec toutes les géniales tueries qu’ils ont écrit. Mais putain, ma plus grosse claque, en live, c’était eux (2H30 de concert, en mai 2006, dans une petite bourgade vauclusienne, dans une salle ultra-bondée et ultra-bouillante), qu’est-ce que ce groupe était inventif et ouvert, ‘Marche ou Rêve‘ reste l’un des meilleurs albums français des années 2000, et Freedom For King Kong est définitivement un grand groupe de rock français. Et même si on attend les side-projects des différents membres du gang (notamment [url=http://www.myspace.com/monkeybisart]Monkey-B[url] pour Bring’s et [url=http://www.myspace.com/scratchexperience]Scratch[url] pour Ton’s et Ben, pas de nouvelles de Djey et Bubu), au final, ce CD ne nous fait regretter qu’une chose : que Freedom For King Kong ne soit plus.