The Dresden Dolls – No, Virginia

Chacun a au moins dans sa discographie un petit groupe qu’il aime pour son originalité, sa capacité à jouer dans des contrées musicales loin de nos habitudes, pour ma part, ce sont The Dresden Dolls, duo de « punk cabaret » composé d’Amanda Palmer, chanteuse-pianiste et gymnaste live épaulée par Brian Viglione, véritable marathonien de la batterie en live et accessoirement chanteur. Force est de reconnaître que le mot cabaret peut faire peur mais pour ceux qui ne les connaitraient pas, ce puissant duo scénique a déjà conquis de nombreux fans et artistes en seulement deux albums et nous revient avec ‘No, Virginia‘, suite de… ‘Yes Virginia‘ ! Cet album étant en fait une compil’ réunissant une face-B du dernier album, quatre nouveaux titres, une démo, une reprise des années 80 et cinq anciens titres qui n’avaient jusqu’alors pas eu les honneurs du studio. Une sélection effectuée par un groupe trop épris de ses compositions pour les laisser pourrir dans un coin de studio et si bien leur en a pris, avouons que pour le jeu du « ni oui, ni non », c’est en tout cas raté pour Virginie.

Aucune surprise n’est donc possible pour un album dit de faces-B, surtout quand on a face à soi un duo aussi intègre artistiquement parlant que nos deux compères de The Dresden Dolls, faut dire qu’une chanteuse qui ne se rase ni les aisselles ni les jambes, ça ne peut qu’être une personne avec des idéaux et des idées bien établies, bien loin du genre à céder aux sirènes du dollar facile. Impossible donc de considérer cet album comme un coup marketing puisque le duo est spécialement rentré en studio pour enregistrer 5 titres inédits. Les DD se sont donc faits plaisir en mettant sur bande des morceaux qu’ils considèrent être -parfois- leurs meilleurs (‘The Kill‘) ! Et si je ne suis pas d’accord avec eux sur celui-ci, je dois dire que cela ne tient qu’au fait que la subjectivité d’une chronique est difficilement évitable.
Néanmoins, ‘The Kill‘ sublime les émotions avec une sérieuse intensité tout en contenant tous les ingrédients qui ont fait le succès des DD, à savoir ; un piano mené avec élégance et soutenu par des percussions efficaces et sans fioriture. Rien de plus. Le groupe va ainsi démontrer toute sa puissance et son habileté musicale sur 11 titres de haute volée dont le premier ‘Dear Jenny‘, mené sur un tempo dynamique, s’appuie sans surprise sur le piano et la voix d’Amanda qui se marient toujours aussi bien à la batterie et aux choeurs de Brian (et que ‘Night Reconnaissance‘ qui suit, ne fait que confirmer). ‘The Model And The Mouse‘ se payant le luxe d’introduire un troisième instrument ! Waow, les dingues, me direz-vous, oui… je sais ! Toujours est-il qu’en ressort un titre d’une rare sensibilité et dont l’apparente délicatesse ne constitue qu’un trompe-l’oeil pour une discrète montée en puissance servie par une inhabituelle guitare (mais ô combien bien sentie pour l’occasion).
Ultima Esperanza‘ revient à un son bien moins pop que ne le laissait apparaître l’album ‘Yes Virginia‘, reste ici cette constante mélancolie rétro émanant de la voix d’Amanda Palmer, interprète sans faille de ses magnifiques contes musicaux dont ‘The Gardener‘ fait aussi partie et qui s’appuie, lui, sur une basse très lente mais aussi et surtout sur la voix féminine, hyper sensuelle et par moment chuchotée de la pianiste.
Contrastant sérieusement, le titre ‘Lonesome Organist Rapes Page Turner‘ est lui, plein de fougue et d’énergie qui en font un tube live potentiel (si ce n’est déjà fait). ‘Sorry Bunch‘ et ‘Pretty In Pink‘ (agrémenté d’un très surprenant passage au piano tout droit venu des 60’s !) sont beaucoup plus inscrits dans un registre pop. L’album se refermant sur ‘Sheep Song‘, titre torturé et tortueux fait de ruptures rythmiques (merci Brian) et pétri par la mélancolie exacerbée d’une Amanda toute en délicatesse qui conclura de la même manière ce skeud avec le titre final, ‘Boston‘.

Alors oui, autant le dire, ceux qui aiment The Dresden Dolls seront satisfaits par cette sortie, ceux qui n’aiment pas, n’aimeront certainement pas plus. Reste qu’en faisant partie de la première catégorie, le duo musical nous offre là un bien sympathique CD en attendant la sortie de l’album solo de Mlle Palmer prévu pour cet automne. Un seul regret à mon sens, ne pas avoir eu le plaisir de voir enfin sur CD les reprises studios de ‘War Pigs‘ ou encore ‘Amsterdam‘ que le groupe étrenne pourtant en live depuis quelques années maintenant et qui ne manquent jamais de régaler leur public.