Eurockéennes de Belfort ✖︎ Autre ✖︎ Ailleurs

vm5
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Dans nos oreilles adolescentes, les Eurockéennes de Belfort étaient une sorte d’idéal, le festival dont on guettait la programmation tous les ans en pestant de n’avoir que 15 ans et pas de grands cousins pour nous emmener en 1997 voir Supergrass, Silverchair, Radiohead et les Smashing Pumpkins. 13 années plus tard l’aura du festival reste assez forte pour qu’on ait le sentiment en arrivant sur la presqu’ile de Malsaucy de passer par un passage obligatoire, presque un pèlerinage sur les Saintes Terres françaises du rock et dieu sait qu’il n’y en a pas beaucoup.

VENDREDI

Chaud dans la voiture, chiant à trouver a fortiori lorsqu’on ne prend pas le bon chemin, nous arrivons sur le site plus tard que prévu, pressés d’y être. Tellement qu’on en oublie nos privilèges du bracelet presse en se garant sur le parking réservé au commun des festivaliers. Un petit tour en bus digne de Kaboul plus tard et nous y sommes enfin. Le mec de la sécurité semble bien zélé et les bombes thermo-nucléaires cachées dans nos entrejambes sont métaphoriques alors pas la peine de nous peloter avec insistance… Direction la scène de la Plage pour voir Two Door Cinema Club. Et pour la première fois mais pas la dernière de ces trois jours, malgré l’écrasante chaleur et la fatigue du trajet, c’est l’énergie qui nous emporte. Réécouté depuis, le disque n’est toujours pas plus convaincant que ça mais ce 2 juillet, « Costume party » nous a emballé et le public est très réactif. Très bon concert, très bon départ. En se rendant à l’espace presse/vip, on aperçoit BB Brunes qui ont vraisemblablement fait d’énormes progrès depuis la dernière fois, de l’énergie voire de la brutalité, on en regretterait presque pour eux un public pas très prompt à les prendre aux sérieux. Bières ingurgitées, renseignements photographiques obtenus, on patiente donc en grignotant à côté de la Grande Scène (qui comme son nom l’indique souvent dans les festivals est la plus grande scène) en attendant The Dead Weather quand les mecs de Kasabian, qui eux aussi ont faim, passent et repassent devant nous à la poursuite de sandwichs… The Dead Weather arrive sur scène. La chaleur est écrasante. Jack White porte bien le chapeau alors que l’excellent Jack Lawrence tente la moustache de biker qui ne lui donne pas pour autant l’air plus méchant. Sous nos yeux toute l’injustice du monde : il y a des gens à qui tout va (Jack W) et d’autres à qui tout donne l’air plouc (Jack L, TGC). « 60 Feet tall » pour attaquer doucement avant la longue montée en puissance que sera ce concert, comme une bonne grosse baffe dans la tronche, cette énergie nous sortant de la léthargie causée par la chaleur. « The Difference between us« , « Treat me like your mother« , « Hang you from the heavens« , le groupe triture et violente ses titres les plus aboutis (une version speed de « Die by the drop« ), voilà l’exemple type du groupe à apprécier en live. Chapeau, grande performance, voire très grande comme la concurrence le montrera à ses dépends.

On se dirige vers le Chapiteau où jouent les Black Keys qu’on aperçoit plus qu’autre chose, le public est conquis et probablement nous aussi mais les braves reporters tiennent à peine sur leurs pieds et décident de se reposer à l’ombre. Toujours cette chaleur et comme principal rafraichissement, la vision du point d’eau potable où bon nombre de festivalières déjà courtement vêtues s’aspergent langoureusement. Au tour de Kasabian. Parfois, sans l’expliquer, des groupes ne vous intéressent jamais plus que ça. C’était le cas de Kasabian jusqu’à ce soir-là. La paire Meighan/Pizzorno fait revivre comme rarement l’association chanteur solaire et guitariste with mystics. Pizzorno impressionne, s’il use de tous les clichés possibles (ce relevé de manche de guitare vers le visage exprimant une indicible souffrance et une concentration extrême…) il n’en reste pas moins très charismatique, autant sur scène qu’à la cantine et ce soir, on se dit que ces mecs sont faits pour jouer dans ce genre de configuration christique. De la musique pour émeutes. Deuxième bonne fessée du jour. Foals et Charlotte Gainsbourg en même temps (mais pas sur la même scène hein…). « Pour la santé hype de ton flickr va photographier Foals » glisse-t-on à notre ami photographe intrépide. On file vers Foals sur la Plage. Une foule énorme et le groupe met le feu, les extraits de « Total Life Forever » sont déjà parfaitement intégrés, voilà encore une fois un groupe dont on n’est pas spécialement fan mais qui assure ce soir, décidément…

Pendant la fiesta chez Foals la fébrile Charlotte Gainsbourg fait pale figure. Elle susurre plus qu’elle ne chante, se plante dans les paroles mais maintient le tout grâce à son aura dû à l’héritage qu’elle porte. On ne appesantit pas pour autant… Sur la grande scène, un compte à rebours se déclenche. Dans dix minutes, quelque chose va se produire. Le public attend impatiemment et les mecs de la sono le chauffe à blanc à coups de « Smells like teen spirit » un brin populiste. 5, 4, 3, 2, 1 et c’est Jay-Z qui arrive sur scène. Découverte totale, voilà un type qu’on connaît de nom mais dont on ne connaît aucune chanson. Par contre on reconnaît les samples utilisés… Très mégalo mais surtout très efficace, Shawn Carter dont la fortune est estimée à 1,5 millard de dollars (c’est pratiquement la première info que l’on trouve sur Wikipédia, voilà qui en dit long) livre un show plus qu’un concert, une version Las Vegas de l’image qu’on peut avoir du hip-hop. Le public a l’air heureux, voilà bien le principal alors que malgré la nuit la chaleur reste torride. Alors pourquoi notre maigrichonne voisine porte-t-elle un pantalon en cuir ? Ah, peut être parce que c’est Charlotte Gainsbourg !

On entend Hot Chip mais les huit heures de route commencent à peser très lourd d’autant plus que Missy Elliott a déjà presque vingt minutes de retard. Rien sur scène si ce n’est un malheureux DJ tellement déphasé qu’il ne réalise pas qu’à chaque « make some noise for Missy ! », le public lui renvoie sa frustration en huant copieusement. Lui remet ça « make some more noise for Missy !». Même question, même réponse. La musique de The Nightmare before Christmas débute et des danseurs arrivent sur scène puis Missy Elliott. Pour info, trente-trois secondes plus tard, les vigiles de l’américaine virent sans ménagement les photographes, merci pour eux. Le live de Missy Elliott est une catastrophe industrielle. Retard et surtout pas d’excuses, play-back permanent, le tube « Get you freak on » massacré, pub à répétition pour sa marque de chaussure, le public réplique en lui balançant ce qu’il peut, notamment des bouteilles mais nous sommes déjà loin, les bras de Morphée nous paraissent plus prometteurs que Missy, caricature d’un rap bling-bling, elle ne savait probablement même pas où elle était. Grand fan des Smashing Pumpkins devant l’éternel, notre vaillant photographe est formel : « Missy elle ferait passer Jay-Z pour Billy Corgan ! ».

SAMEDI

Le samedi, il fait toujours chaud. Cependant, cette journée promet d’être tiède quant à son affiche moins fournie donc moins excitante. Les réflexes presses sont désormais bien acquis et le trajet apocalyptique en bus de la veille du parking jusqu’au site du festival s’est transformé en petite balade en navette entouré de demoiselles aussi charmantes que petitement vêtues. Nous sommes sur le (très propre) site avant l’arrivée des festivaliers, ambiance de calme avant la tempête. On entend The Bewitched hands on the top of our heads faire sa balance sur une de leur chanson, « Work« , ou plutôt sur un refrain d’une de leur chanson. Une fois, deux fois, trois fois et cela suffit pour qu’on ait ce refrain en tête toute la journée. A suivre donc. Une fois les formalités de photos et conférences de presse remplies, on se dirige vers la grande scène pour Broken Social Scene. Visiblement d’abord intimidés, les canadiens imposent leur rock-pop indé doucement, presque aussi discrètement que leurs accoutrements de plagistes sont ridicules. Délicieux moment d’un délicieux moment : le chanteur demande au public si Jay-Z a assuré la veille. Ovation. La même question concernant Missy Elliott provoque une foule de huées et cette réaction du chanteur : « Oh shit, that bad ? » On pose la question à deux festivalières, alors, elle était comment Missy ? « C’était trop bien » répond la première, « oui enfin on est parties au bout de trois minutes » corrige sa copine…

C’est un peu la guerre à la photo du côté du Chapiteau, lieu idéalement nommé pour admirer Emilie Simon. On caricature mais 43 photographes pour 3 places, c’est dur et lorsqu’on aperçoit notre guerrier de l’objectif faire son boulot, on pense à cette chanson de Radiohead, « packt like sardins in a crushd tin box« . Etant nous aussi de nature raisonnable, on recule pour apprécier Emilie Simon, drôlement vêtue d’une robe et d’un chapeau d’hôtesse de l’air. Le live est quasi intégralement fait de chansons de « The Big Machine« , les autres sont retravaillées, réinterprétées, réarrangées ce qu’on ne manque pas d’apprécier même si le public réagit assez froidement à une version acoustique de « Fleur de saison« . On l’aime bien Emilie et on se laisse prendre au jeu quand soudain on sent un bras autour de nous. Un homme au torse nu musclé épilé de près, une version gay de Mieur Propre (en supposant qu’il ne s’agisse pas là d’un pléonasme) nous incite à danser. « Bas les pattes » s’entend-on répondre dans un réflexe d’auto défense. Coup d’œil rapide autour de nous. Il semblerait que par un instinct très Visual-Music, votre serviteur se soit retrouvé dans la zone gay-friendly/Mylène Farmer du public, et vas-y que je te la montre… La fin du concert se fera dans de meilleures conditions et Emilie a visiblement rendu tout le monde heureux. Ou gais, c’est selon.

Cynique sourire lorsqu’on approche de la Grande Scène et qu’on entend des cris de caniche aux couilles coincées dans la braguette. Airbourne est sur scène et on y va en secouant la tête, affligé parce qu’on s’apprête à s’infliger. Quatre gugusses plus clichés hardos tu meurs, l’homo sapiens rock, vingt amplis Marshall derrière eux (on a compté), un seul réellement branché (on a vérifié) et une seule idée en tête : en tapant le live report, ne pas évoquer AC/DC.
Ah merde, perdu…
On regarde et soudain, l’impensable se produit. Tel le héros de In & Out qui tente en vain de résister à la musique des Village People, on se surprend à marquer le tempo, à secouer la tête, à trouver l’enfilade de clichés tellement délirante qu’elle ne peut être que second degré sans quoi on peut parier sans crainte sur les troubles mentaux profonds des quatre australiens. Du rock ouais poupée ! Voilà ce qu’on a, une putain d’énergie à défaut d’avoir des chansons, des mecs qui vont au charbon, qui secouent la tignasse, qui descendent cul-sec une (soi-disant) bouteille de whisky. Le chanteur grimpe sur les échafaudages de la droite de la scène et se lance dans un solo vingt bon mètres au dessus du sol. « Il n’a pas peur de tomber ? » remarque avec pertinence notre voisine. Pendant ce temps là, le bassiste et le second gratteux sont l’un derrière l’autre et martèlent un riff tout en secouant leurs tignasses en rythme, la deuxième vision gay-friendly du jour. Le concert continue avec une fureur rock n’roll prenante et on apprécie. Jamais on n’écoutera Airbourne chez nous, mais purée ce que c’est bon en live !

On zappe Serena-Maneesh pour cette fois-là tout comme The Specials car les deux envoyés spéciaux, tels deux midinettes devant Robert Pattinson, préfèrent aller à la conférence de presse d’Emilie Simon. On lui poserait bien beaucoup de questions mais on ne le sent pas, après tout nous ne sommes pas pro et qui nous dit qu’on ne va pas se ridiculiser. Cependant, dès les deux premières questions on change d’avis. Après le toujours très yéyé dans l’âme « pourquoi vous ne chantez plus en Français ? » et le girlie « d’où vient cette robe boule à facettes ? » qu’elle ne portait pas, on se dit qu’on en a plus que ça dans le ventre. Alors on lui demande tout ému s’il est important pour elle que ses vieilles chansons restent des terrains de jeu qu’elle peut modifier à sa guise plutôt que des vaches sacrées intouchables (ok, on l’admet, la formulation était moins poétique, le débit moins assuré, la voix plus tremblante mais l’idée est là et puis c’est bon d’être le héros aussi). Elle répond en nous regardant droit dans les yeux, que oui, elle aime retoucher ses chansons et qu’elle choisit les versions selon ses humeurs et on la remercie. Encore quelques questions sur le pourquoi du comment elle ne chante plus en français et c’est fini. Retour à des considérations plus terre-à-terre car on a faim et le concert de The XX approche. La foule est en délire quand résonnent les notes de « Intro« . Le jeu de lumières est travaillé, l’ambiance est romantico-obscure mais les chansons (« VCR » entre autres) ne parviennent toujours pas à nous convaincre, de plus ce live est une copie conforme du disque, à se demander si… Les gens dansent langoureusement, des couples s’étreignent avec la langue heureusement et soudain on réalise que ce groupe en face de nous est à la musique ce que Twilight est au cinéma : de la mormonnerie cucul.

Tout l’inverse de The Hives, groupe taillé pour des festivals et des grandes scènes que la pluie n’arrête en rien. L’un des guitaristes n’est pas du voyage et a été remplacé ce qui donne à l’impayable Howlin’ Pelle Almqvist l’occasion de se lancer dans un de ses habituels monologues survoltés. Tous très mignons dans leurs costumes de matelot, le groupe balance quelques nouveaux titres et les old school « Tick Tick Boom« , l’insubmersible « Hate to say I told you so« , « Main offender » font le boulot. Après ce jukebox rock, on ne sent pas trop d’aller voir Ghinzu ou Vitalic et on déplore en pleurs d’avoir raté Janelle Monae, oubliée. Deuxième journée comme on l’imaginait, un peu en deçà.

DIMANCHE

Ce dimanche, un seul nom à la bouche de tous : Mika. Mika ceci, Mika cela, il est ici, il n’est pas là, il mange avec sa maman, il a oublié de faire pipi. Dans l’espace presse en début d’après-midi, ça blablatte discrètement sur les chiffres en baisse de la fréquentation cette année, la rivalité avec le Main Square, le cachet faramineux de Jay-Z mais chuuuuuut, il y a deux mecs de VisualMusic qui nous écoutent. Ironie de la vie : la veille, même heure même endroit, une insupportable djeune racontait sa vie, son besoin de dominer dans son couple et son festival (« Dead Weather c’était de la bombe de balle », oui, il existe vraiment des personnes s’exprimant ainsi) avec moult détails, on s’en foutait mais on a tout entendu. Aujourd’hui la conversation nous intéresse, on n’entend presque rien car les gens sont discrets. Preuve en est qu’on parle souvent fort pour ne rien dire.

Trêve de considérations philosophiques, c’est vers la Loggia qu’on se dirige pour Martina Topley Bird. Le set a pris un peu de retard, on en profite pour regarder autour de nous. Les ravages du festival se sont personnifiés sous nos yeux en la personne d’un gugusse avachi à l’hygiène aussi douteuse que les neurones semblent atteints, arborant un T-shirt Strokes sale et une moustache de biker gay-friendly dans laquelle doit végéter des restes de khebab. Ressaisis-toi mon pote, tout n’est pas perdu ! Craignant l’odeur, on s’écarte au moment où la plutôt jolie madame arrive sur scène accompagné d’un ninja tout de noir vêtu bravant la chaleur. Assez bien mais pas trop, Martina Topley Bird enchaine ses chansons electro-lounge idéales pour emballer en fac de lettres mais instantanément oubliables. Démarrage en douceur avant de migrer vers la Grande Scène pour The Drums, qu’on croise dans l’espace presse. Ambassadeur du ministry of silly walks, le chanteur monté sur ressorts et coincé du dos arbore cette coiffure sortant tout droit de Breakfast Club mais qui fait ravage actuellement (la tenue cool du festivalier 2010 : la moustache, la coiffure précité, le t-shirt fluo et le short en jean délavé de George Michael période Wham !). Sur scène on comprend mieux les raisons de cette démarche puisque le chanteur n’a pas de pied de micro… The Drums sur scène, c’est bien surtout lorsqu’ils font l’impasse sur les synthés. Sauf qu’on ne peut s’empêcher de remarquer que parfois les synthés apparaissent mystérieusement alors qu’il n’y en a pas sur scène. Presque tout le premier album y passe, fin prévisible avec « Let’s go surfing » et ses sifflements accrocheurs (même si encore une fois, on n’a vu personne sur scène siffler dans un micro…) et c’est fini. Retour à l’espace presse et c’est cette fois Julian Casablancas qu’on croise. Cheveux gras, assez bouffi voire boudiné, il ne sent pas très bon non plus. Son live sera la catastrophe du jour. Grippé, le Strokes en chef joue à un volume assourdissant, pose une saturation ignoble sur sa voix et livre finalement un concert à l’image de son disque : inaudible. Et les deux chansons des Strokes n’y feront rien. Parfaitement à l’aise en français, monsieur pose avec je-m’en-foutisme et quelques phrases en anglais/français ridicules à la « I love the French language, there is quelque chose de très artistique in your language » et se rend plus pathétique qu’autre chose. 45 minutes au lieu d’une heure et basta. Concert à vite oublier.

On entend au loin LCD Soundsystem, bourreau de festivals, et James Murphy et son t-shirt Yves Saint Laurent (oui, lui aussi on l’a croisé). La ruche est en effervescence, Mika est là. Jamais on n’aurait imaginé écrire cela, mais voir le petit lutin pop après la torture auditive qu’était Julian Casablancas est incroyablement rafraichissant. Il n’y a rien de rock chez ce monsieur, mais il fait le boulot, rend le public incroyablement heureux, livre un show énorme, millimétré mais humain et on se rend compte que même sans écouter la radio, on connaît toutes ses chansons ! Content d’avoir assisté à ça d’autant plus que lui ne se la raconte pas en déblatérant sur l’aspect artistique du français, il communique même sur du trivial lorsqu’il annonce s’être fait « mal au cul » en chutant sur scène (pour des raisons de décence, nous ne retranscrirons pas le commentaire aussi vulgaire qu’hilarant de notre voisin mais on imagine sans peine que vous voyez à peu près de quoi il retournait).

On rate le faux rappel de Mika pour aller voir Empire of the Sun. Honnêtement, on a très peu écouté l’album depuis un an mais une drôle d’excitation nous gagne, la nostalgie des Sleepy Jackson ou l’étrange disposition de la scène ? Une drôle d’ambiance nous gagne lorsque le groupe entre sur scène. Un batteur et un monsieur à tout faire au fond de la scène, Luke Steele armé d’une guitare au centre mais caché derrière des Mac et des synthés et surtout quatre danseuses qui donnent à ce concert un côté show, à la fois martial et décadent. Régulièrement Steele passe sur le devant de la scène et balance un furieux solo rendant le public fou. Vrai spectacle (avec une mise en scène, costumes affreux etc) intelligent et ludique et vrai bon concert à la fois pop et violent, on est aux anges lorsque Empire of the sun termine sur son prévisible mini tube « Walking on a dream« . Le grand final revient à un Massive Attack toujours aussi mystico-prétentieux. De belles lumières, un featuring dès le début avec Martina Topley-Bird, sur scène l’imposture des anglais reste flagrante : il n’y a pas de chansons. Massive Attack est un nom véhiculant un concept tellement martelé qu’il est parfaitement assimilé, c’est bien mais cette fantastique musique tellement complexe n’est pas à la portée de tout le monde. En tout cas pas à la notre puisqu’on quitte rapidement les lieux.

La programmation 2010 tentait clairement une sorte d’opération élargissement vers le grand public au détriment du rock dans Eurockéennes, faute à une concurrence encore plus populiste (Main Square qui enchaine David Guetta, Pink et Rammstein). On y a vu des gros poseurs imposteurs (Casablancas), du show hollywoodien sans âme (Jay-Z), du foutage de gueule (Missy Elliott) mais aussi de l’énergie communicative, du rock qui tâche, du presque grand grand groupe, une organisation parfaite, un site propre et agréable et des gens heureux au final. Dont nous.

Remerciements à l’excellente organisation des Eurockéennes de Belfort pour ce partenariat, à Stéphane Lazreg pour les photos et les bières.

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