Lower Dens ✖︎ De Kreun ✖︎ Courtrai

Issu de la très féconde Baltimore, Lower Dens a signé avec Nootropics un album remarqué par la critique et c’est grâce à ça qu’ils jouent sans relâche depuis février dernier. Leur tournée prend tranquillement fin et croise la route de la chouette salle de De Kreun à Courtrai un soir brumeux de décembre. En première partie, ils font plaisir à Novo Line qui n’est rien que moins que leur ingé’ son et lumière. Un set électro d’une demie-heure pour lui avec une bonne vieille Duvel jamais bien loin de la main. Accompagné de la même bière, j’apprécie les sonorités intrigantes et oppressantes qui s’invitent et rappellent la B.O de Social Network par Trent Reznor, toujours lui, et Atticus Ross. Les projections vidéo sont très répétitives et nous font demander par contre si on n’est pas tombés dans la spirale des rushs de Message à Caractère Informatif. Parti comme il est arrivé, d’un simple signe de la main, le bonhomme s’en va reprendre le chemin des tables et discute réglages avec Jana Hunter, la chanteuse de Lower Dens connue pour ses participations aux albums de Devandra Banhart.

Elle ne tarde pas à virer son bonnet et à prendre les rênes de la scène, non sans remarquer une fosse clairsemée. La neige annoncée a du en décourager plus d’un mais la foule compacte est charmée et tient à se mettre au premier rang. Le groupe parait timide ou fort déçu que la foule ne s’est pas déplacée. A l’image du guitariste plongé dans ses pieds, du batteur en face du public au regard vissé sur son côté droit et d’un bassiste très concentré, la troupe placée en cercle n’est pas là pour tailler le bout de gras. Jana s’amuse du silence extrême de l’assemblée avant qu’ils ne commencent à jouer. Elle est consciente que nous sommes là pour écouter de la musique et ils semblent bien prêts à attaquer sans traîner. Leurs photos promos ne respirent pas la gaudriole et on est forcés de dire qu’en vrai, la même impression persiste.

Avec son style très aérien, proche de Beach House par la voix mais parent de la cold wave par le son, Lower Dens nous captive par ses mélodies et ses nappes de guitares où on aime se perdre. « Alphabet Song » ouvre les hostilités et fait vite oublier le nombre de personnes présentes et la météo. Morceau après morceau, la chanteuse se débarrasse de petits papiers qu’elle a posé bien sagement sur son clavier et esquisse quelques rares sourires devant les réactions du public. Au contraire, on se dit que c’est un temps assez approprié pour cette cold wave lancinante et planante. Les regards se baladent entre les projections brouillées typées eighties, la moustache très movember du bassiste et cette drôle de chanteuse à la fois discrète et charismatique. Sous ces airs d’ado au pantalon trop large, elle donne derrière son Korg de la vie à un show fidèle et volontairement statique. On sort rarement des clous de la version studio mais on s’en fout puisque c’est bien ça qu’on est venus écouter. Chaque piste suspend un public toujours aussi silencieux qui se manifeste à la fin de chaque titre pour applaudir généreusement. Les visages s’ouvrent, la frousse semble s’estomper mais on a du mal à croire que le live est leur exercice préféré. Très bon pour maintenir la tension sans nous faire bâiller, subtil dans ses percussions, ils gardent toutes leurs qualités studio et ne se forcent pas à être ce qu’ils ne sont pas.

« Brains », « Candy » et « Propagation » rapporte comme sur album tous les suffrages et le premier album Twin-Hand Movement montre le bout de son nez par intermittences avec »I Get Nervous » et « Two Cocks ». Comme sur album encore, Lower Dens nous fait rentrer dans son petit monde, à la fois fort référencé et inspiré. Après une petite heure de concert, ils quittent la scène en nous remerciant d’avoir fait du bruit et de les avoir encouragés. Au vu de la taille de l’audience, le rappel ne s’est pas fait prier et après une dernière chanson, ils partent pour de bon. De nature pas très partageur, ils ne sont pas un groupe de festival, ni de grandes salles. On ne s’en plaindra pas, ce n’est pas une surprise et leur musique est là pour excuser leur manque de communication. Les absents ont toujours torts comme dit le dicton à la con parce qu’on ne regrette pas d’avoir du affronter les éléments pour assister à un show intimiste mais réussi. A la sortie la neige recouvre les voitures, juste ce qu’il faut pour terminer une belle soirée et nous empêcher de devoir gratter pour rentrer…