Lower Dens – Escape From Evil

Il existe des mystères inexpliqués en musique et s’il y en a un qui perdure, c’est le succès. Pourquoi Lower Dens, groupe pourtant proche dans le son des encensés Beach House provoque rarement les mêmes réactions, voire l’indifférence ? C’est peut-être cette question sans réponse qui a motivé en partie le groupe à modifier leur formule avec leur troisième, ‘Escape From Evil‘.

Nouveau look pour une nouvelle vie ? Jana Hunter et son chant endormi revient avec la tête rasée et l’intention de mettre un peu de soleil dans des mélodies toujours alambiquées et fortement portées sur la cold-wave. Débarqués de Baltimore à Los Angeles, les voici plus chaloupé sur ‘Quo Vadis‘, plus léger avec une ritournelle à la Ah-Ha sur ‘To Die in L.A‘, le son qui a fait Lower Dens n’a pas tant changé dans le fond. La différence notable, c’est le chant nettement plus présent. Les longues nappes instrumentales d’antan existent encore mais elles ne sont plus accompagnées de silence. Aux compos structurées, cette voix fantomatique omniprésente gâche parfois le trip très solitaire des morceaux. ‘Your Heart Still Beating‘ en est un exemple parmi tant d’autres. Pire, lorsque le contre-temps s’invite à la danse sur ‘I Am the Earth‘ pour perturber, hélas sans séduire.

Difficile de distinguer les morceaux, c’est avec peine qu’on ressort des climax ou à se passionner par une production claire mais lisse. Plus pop mais tout aussi similaire au son des précédents : brumeux, longues notes tenues, rythmes lancinants sans issue… Le mélange prend avec ‘Sucker’s Shangri-La‘ et ‘Ondine‘, balades pop aériennes où le meilleur des 2 mondes co-existent.

On se perd dans Escape From Evil mais pas forcément pour de bonnes raisons. L’impression d’avoir un album le cul entre deux chaises persiste après quelques écoutes. Sans parler de virage pop, cette envie d’ouverture commence par ce disque et le choix du producteur ayant déjà oeuvré avec Future Island, Beach House et les Yeah Yeah Yeah’s est justifié. On n’a plus qu’à espérer pour eux qu’elle continue plus pour éviter de se limiter à cette escapade un peu désincarnée. Là où Nootropics savait récompenser l’auditeur des moments de latence par des fulgurances et enchaînements malins, celui-ci empile les morceaux similaires, globalement plaisants, mais pas assez pour marquer et ne pas… ennuyer.